Bon sang, si je m'attendais à ça : Jess, amie à cette peste d'Elodie ! Je la voyais déjà venir avec ses questions soupçonneuses et rien ne manquait pour qu'elle retourne Jess contre moi.
J'éludai rapidement sa question d'un ton sec et la vis fixer Jess d'un œil curieux.
— Tu ne m'as pas parlé de ça, Mat.
— Je n'avais aucune raison de le faire. On se connaît, c'est tout, répondis-je en réprimant mon agacement.
— Alors tu dois en savoir un paquet sur lui, parce que pour moi, ce mec reste un mystère.
— Pas vraiment, souffla-t-elle à peine.
Elodie marchait vers la cuisine, nous laissant seul dans le salon. Je voyais que Jess était mal à l'aise à ses joues rougies, ses yeux fuyants et sa petite voix. J'avais compris à travers nos échanges qu'elle était une femme avec du caractère. Les nombreuses fois où elle s'était plaint et paraissait triste n'avaient guère duré plus d'un battement de cils. Sa bonne humeur et sa répartie reprenaient vite le dessus sur la conversation. Qui était donc cette femme aux traits défaits qui se disait être elle ?
Ou était-ce ma présence qui la dérangeait...
Sans que je ne le veuille vraiment, je fis demi-tour et pris la direction de la cuisine. J'y trouvai Elodie qui tournait en rond : elle ouvrait des placards, ne touchait à rien et les refermait ; elle déplaçait des objets, comme pour les ranger et les remettait à leur place initiale. Je savais qu'elle essayait d'évacuer.
Mais évacuer quoi ? C'est elle qui a failli me faire une scène il y a peu.
— Je peux savoir ce que tu fais ici ? demanda-t-elle brusquement. Au lieu d'être avec tes filles et ta...
— Je t'arrête tout de suite, Elodie. C'est Kevin qui m'a demandé de passer tous les trois jours pour m'assurer que tout va bien.
Elle resta silencieuse, me fixant de ses yeux révolvers. Les sourcils froncés, une main sur la hanche et l'autre tapotant le plan de travail, je pouvais aisément deviner quel schéma se montait dans son crâne : comment aborder le sujet « Jess ». Mais je ne lui laisserai pas le temps de monter ses théories farfelues.
— Tu me parles de Jess ?
Bingo ! Si je comptais la veine sur son front, je pouvais rajouter qu'elle était énervée. Une bombe à retardement. De quoi avait-elle peur ?
— Il n'y a rien à dire, dis-je en haussant les épaules.
— Rien ?
Elle me regarda comme si je venais de lui dire qu'il n'y avait pas eu d'alunissage. Et je répondis à l'affirmative. Elle marcha lentement vers moi et me mit un doigt sous le nez.
— Cette nana, t'as pas intérêt à t'en approcher. Si t'as recommencé tes conneries, pas avec elle, siffla-t-elle. Barbara la connait ?
— A quoi bon ? Je ne connais pas tous ses amis aussi.
— Faux ! Je n'ai qu'une chose à dire : Achète-toi des protections en titane. Un seul écart. Un seul, Mattéo...
Elle laissa sa phrase en suspens. Un silence lourd tomba sur la pièce. Lourd de souvenirs et de reproches. J'opinai du chef, lui faisant comprendre qu'elle n'avait pas à s'en faire. Discuter avec elle serait inutile. Elodie était bornée et parfois, ça virait à l'aveuglement. Je n'avais aucune envie de remettre ces histoires sur le tapis.
Elle sortit. Je lâchai un soupir et laissai mes yeux glisser sur le sol. Je m'emparai d'un sac qui y trainait et me pris une bière avant de retourner au salon.
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FEMME
Genç Kız EdebiyatıFamille, amis, enfants, boulot, mari : ma vie ne tournait qu'autour de ça. Un cercle vicieux duquel je peinais à m'extirper. Au départ, traîner sur Internet dans la nuit ne devait m'aider qu'à me divertir. Mais c'est devenu trop sérieux. Avec Lui...