9. Oz

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La manifestation bat son plein. Les gens hurlent, lancent des pierres contre le barrage, brandissent leur pancarte, crient des slogans dans des mégaphones. On doit bien être une bonne centaine, voire plus. Je sors ma caméra, et filme.

- Qu'est-ce que tu fais ? Me demande Nine.

- Je filme ! C'est génial l'ambiance !

On doit hurler pour se faire entendre par dessus le bruit. Je continue de filmer autour de moi, en criant à ma caméra :

- Vous voyez, ici c'est giga top ! Tout le monde est réuni pour la même chose, par le même besoin de dire "non." Tous liés, tous soudés !

On entend soudain des sirènes de Police. Je me stoppe net, et regarde Nine, inquiet. Elle me fait signe que tout va bien, alors je continue de filmer.

J'entends la Police nous demander de nous calmer. Et Nine gueule : "Salut la volaille ! Venez nous chercher !" Fort heureusement, elle est trop loin pour qu'ils ne l'entendent. Des personnes leur lancent des pierres. Je me recule, avec ma caméra qui filme tout.

Puis les policiers se rapprochent.

- Je comprends pas, dis-je à Nine, ils n'ont rien à faire là, on est pas sur la voie publique. On a le droit de manifester !

- Non, c'est une zone dangereuse ici, à cause des constructions du barrage.

- Tu pouvais pas me le dire avant ?

- T'inquiètes, y a jamais eut de problème.

Elle a l'air tellement confiante, que je décide de la croire.

Après avoir fait assez de plans, je range ma caméra, et me mets à crier les slogans en rythme avec les manifestants. Je me sens... vivant, c'est cool.

Puis je regarde ma montre. Il est dix heures, il ne me reste plus beaucoup de temps. Je le dis à Nine.

Et elle me prend la main.

Et on avance ensemble vers le devant de la manifestation.

Et elle brandit nos mains en l'air.

Et, ensemble, on crie, on soulève sa pancarte, on hurle, on est libres, vivants, humains, naturels.

Et puis, trente minutes passent. Tout en se tenant la main. Puis elle lâche ma main, et me dit : "merci."

Gêné, je ne fais rien, puis je dis : "de rien."

- Tu peux y aller maintenant. C'était sympa !

- Bizarre comme sortie entre amis, mais sympa, oui... Dis-je.

Je rougis au mot "amis." Puis, je pars en courant.

Je me prend un sandwich végétarien en ville, puis je rentre au lycée. Je mange dans la cour, et quand la sonnerie stridente retentit, je vais en classe.

A la fin de la journée de cours, c'est à dire vers 17 heures pour moi, le vendredi, mon téléphone sonne.

- Allô Nine ? Dis-je en un sourire.

- OZ ! Y a un p***** de gros problème !

Elle semble totalement paniquée.

- Quoi ? Demandé-je en me crispant.

- Tilia... Elle... La manif' est terminée, et elle a disparue !

Je suppose qu'elle l'a déjà appelée des milliers de fois, et cherchée des centaines d'autres, alors je dis simplement :

- Okay ! Bouge pas ! Je... J'arrive.

Et je me mets à courir en direction du barrage.

Quarante cinq minutes plus tard, j'arrive au site de construction. Il y a Nine, assise en pleurs au milieu du terrain. Je la rejoints.

Dieu est un astronauteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant