Dieu est un astronaute

12. Nine

Tant pis pour Jonas... Tant pis pour Jonas... Tant pis pour Jonas.

C'était pourtant très clair quand on s'embrassait de tout notre être, Oz et moi.

Je lui dirais pas... Je lui dirais pas... Je lui dirais pas...

Ça aussi c'était évident quand nos corps nus se frottaient l'un à l'autre.

Je vais même rompre avec Jonas... rompre avec Jonas... rompre avec Jonas...

Quand nos corps ne faisaient qu'un et que nos esprits dansaient ensemble, Jonas n'existait plus.

Mais une fois l'apothéose atteinte, une fois que nos soupirs se sont tus, une fois qu'Oz s'est endormi, j'me prend tout en pleine face : je viens de tromper Jonas. Soit j'aime Oz, et je vais faire du mal à Jonas, soit je ne fais pas de mal à Jonas et je vais faire du mal à Oz.

J'me sens toute petite au milieu d'une immensité de questions.

Lequel est fais pour moi ?

Et puis c'était tellement bien cet instant de "partage" avec Oz.

Le choix semblerait évident à tout le monde.

Oz est censé être une évidence. Et ça l'est. Mais je ne veux pas faire de mal à Jonas. Je peux pas. C'est... putain je suis pas dans la merde.

Cette fin de nuit, je la passe à me tourner et à me retourner sur le fauteuil. Puis avant que tout le monde ne se réveille, je rejoins Tilia en haut pour ne pas éveiller les soupçons. Par chance, elle dort, mais moi je n'y arrive pas.

Le matin je descends donc l'escalier, et vois qu'Oz s'est réveillé.

Il me fait un grand sourire. Et je grimace en réponse.

- Ça va pas ? Demande-t-il.

Je respire un grand coup.

- On est d'accord que ce que l'on vient de faire, c'était génial ?

Lapsus : je voulais dire "c'était une bêtise."

Il sourit encore :

- Oh oui... c'était... bon. Giga. Extra. Délicieux. Enfin tous ces petits mots là quoi...

Il semble gêné et tourne la tête vers la fenêtre. Puis il ajoute :

- T'es douée. Pour une première fois, je suis content.

Okay... jamais j'arriverais à lui dire que je veux pas recommencer. Que je peux pas sortir avec lui. Que je dois pas tromper Jonas. Déjà parce que je veux recommencer, sortir avec lui et par conséquent tromper Jonas, mais ensuite parce que ça le rendrais triste. Alors, je m'enfonce dans ma propre merde en disant :

- On recommence quand tu veux. Tant pis pour Jonas.

Cri du cœur ? Je ne le sais pas... Mais il semblerait que oui. Et le seul moyen de sortir de cette situation, c'est de faire du mal à quelqu'un...