onze.

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L'attente avait semblé une éternité. Et pourtant, elle n'avait duré que quelques minutes, sans plus. D'autres patients que Sirius avait déjà croisés étaient également tous réunis dans la salle avec lui et des proches. L'histoire était tellement tirée par les cheveux qu'on aurait dit qu'elle sortait directement d'un de ces romans policiers qui finissent par attraper le coupable. Nerveux ? Il restait tout aussi terrifié. Tout le monde attendait le verdict et lui, plus que jamais maintenant. De toute façon, il était préparé à s'en aller. Il savait qu'il partirait l'esprit plus tranquille que jamais. Tout avait été prévu dans les moindres détails. Il ne se faisait plus aucun espoir. Que ce soit une bonne ou une mauvaise nouvelle.

Sa main s'était glissée dans celle de Remus. Peu importe l'issu du diagnostic, il serait là. Maintenant, le quadragénaire le savait. Et pourtant, il le sentait plus nerveux que lui encore. Étonnement, il était nerveux, mais n'en montrait pas le moindre signe. L'habitude de ce genre de nouvelle s'était emparé de son esprit. Évidemment, ils ne s'étaient pas reparlés, depuis leur arrivée dans cette clinique. Il ne savait pas trop comment réagir à toute cette histoire. C'était trop beau pour être vrai, se disait-il. « Tu te rends compte que je n'ai pas envie que tu te fasses trop d'espoir ? » lui demanda-t-il, avec toute la douceur du monde.

Sirius avait repris un rythme de vie normal. Enfin, c'était souffrant, mais avec son éternel âme-sœur à ses côtés, le temps paraissait plus beau et doux. Il voyait dans le regard de l'autre que c'était difficile à supporter. Évidemment qu'il le savait. Mais quel être-aimé ne peut continuer à espérer, après une aussi surprenante nouvelle ? « Je sais, Sirius... Mais... peut-on simplement y voir un peu de positif ? »

Le positif ? Le barbu lui sourit. « Je l'ai vu dès que tu es revenu, Remus. Dès que tu es revenu dans ma vie, ça a été le positif. Même si je ne tiens plus debout, c'est toi mon moi, à présent. »

Touché par ces paroles, Remus déposa un léger baiser sur ses lèvres.

Le médecin sur place appela finalement le nom de Sirius et ils se levèrent pour se rendre dans son bureau. La police avait pris soin de vérifier que tous les médecins et pratiquants sur place étaient véritablement qualifiés. « Monsieur Black, monsieur Lupin. Je suis le docteur McGonagall. Prenez place, je vous en prie. » Ils s'installèrent sur les deux chaises derrière le bureau de la dame. Évidemment, ils voulaient absolument savoir. « J'irai droit au but. Je crois qu'on vous a assez fait attendre. »

Même s'il n'avait plus peur de ce genre d'annonce, il serra la main de son compagnon. Il était prêt à recevoir la nouvelle, qu'importe ce qu'elle était. Il était prêt à mourir ou à vivre. Il n'y avait plus aucun entre deux, c'était l'un ou l'autre. La balance irait d'un côté ou de l'autre. Pas plus, pas moins. Elle ne laisserait rien derrière elle. « Alors, vous avez véritablement eu un premier cancer, il y a sept ans de cela. Cependant, celui qu'on vous a diagnostiqué il y a quelques mois n'en n'était pas un. »

C'était trop beau pour être vrai. Voilà ce qu'il n'arrêtait pas de se dire dans sa tête. Remus ne put retenir sa joie face à cette annonce, mais Sirius connaissait ce ton. Il le connaissait trop bien, même. « Oui, c'est une bonne nouvelle, mais... » Et voilà. Évidemment qu'avec son cas, il y avait toujours un mais à quelque part. « Toute cette chimiothérapie est sur le point de réellement vous tuer. Toutes les bonnes cellules de votre corps sont sur le point de disparaître. Heureusement pour vous, si on le traite immédiatement, tout devrait rentrer dans l'ordre. Seulement, soyez conscient qu'il faudra être très prudent. »

Sirius ne se rappelait plus de rien, après tout cela.

Rien du tout, le blackout total.

Un évanouissement, rien de plus. Il reprit ses esprits quelques minutes plus tard, sur un lit. Il y avait cette lueur qui l'aveuglait. « Bon retour parmi nous, monsieur Black. Je vous ai prescrit des médicaments en cas d'épuisement. Monsieur Lupin veillera à votre sécurité pour le reste du trajet, ce n'était qu'un petit évanouissement, le choc. » Sirius reprit finalement ses esprits pour se rendre compte qu'ils étaient toujours là. Seulement... voilà, le choc avait été tellement puissant que son cœur ne l'avait probablement pas supporté.

« N'oubliez pas de revenir nous voir dans un mois, pour un contrôle mensuel pour voir où en est votre état. »

Sirius n'y avait rien compris, mais il comptait évidemment sur Remus pour tout lui expliquer. Ce dernier remercia le docteur et il lui caressa doucement la joue. « Allez, on rentre à la maison. »

SONNET 100Où les histoires vivent. Découvrez maintenant