Chapitre 12 (partie 1): L'Hôte de ces Bois

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- Oh vous... Commença Rose ; mais elle oublia la suite de son discours, disparu aussi vite qu'un courant d'air, tant elle était fasciné par le cerf merveilleux. La petite fille chercha ses mots ; en vain. Les seules paroles qu'elle parvint à  ajouter furent:

« Vous êtes très beau. » Ce qui, par ailleurs, n'avais rien à voir avec l'idée de départ.

- Je suis venu te chercher petite Rose. Notre Reine m'a confié pour mission de te ramener saine et sauve tout au nord, à la bordure de la forêt.

Chose étrange, les mots résonnaient dans l'esprit de l'enfant. Le Cerf ne parlait pas, il semblait communiquer autrement, sans aucun mouvement de la bouche, comme s'il parlait au travers de la pensée. Encore une curieuse expérience dans la vie de Rose ; mais elle commençait à s'habituer aux choses qui sortaient de l'ordinaire – pour ne pas dire étranges.

- Oh oui je l'ai rencontrée tout à l'heure. Elle m'a donnée une petite graine, saurais-tu où je pourrais la planter ?

- Chaque chose en son temps ; et ce n'est pas une question à laquelle je pourrais répondre ; tu  trouveras l'endroit de toi même, comme tu t'en étais fait la promesse. D'abord je dois te faire sortir d'ici.

Les dires du cerfs étaient un peu secs. La fillette n'osa pas insister davantage, mais elle espérait que le chemin avec le Cerf serait plus agréable qu'avec Pididom. Non pas qu'elle ne l'aimais pas mais... il était tout de même un peu pénible. Elle se demanda s'il ne s'était pas encore cassé une jambe, cela deviendrait compliqué pour le Lutin si tel était le cas.

- Pardonne moi mais nous n'avons pas de temps à perdre, la forêt dépérit ; la Rose des Neiges n'est plus, notre Gardien est parti, il semble que ces bois n'en aient plus pour très longtemps. Allons, viens, monte sur mon dos et je te conduirai.

Il s'avança à pas léger. Ses sabots ne faisaient pas un bruit lorsqu'ils effleuraient le sol ; et quand il fut suffisamment approché, le cœur de Rose fut saisi par l'incroyable silhouette du cerfs. Il était grand. Elle n'avait jamais vu de cerf jusqu'à ce jour, mais elle le trouvait très grand. Sa fourrure était aussi blanche et scintillante que la neige qui couvrait les fines épines des sapins aux alentours. Il arborait sur son front deux grands bois majestueux qui le rendaient d'autant plus imposant. De petites lumières, pareilles à des lucioles - « encore des lucioles » pensa Rose – illuminaient chaque extrémité de ses cornes. Et cette aura blanche de coquillage... qu'elle était apaisante.

D'un geste lent et gracieux, le cerfs courba les jambes. Il ne prononça pas d'autre parole. De sa main gauche, Rose s'agrippa à la toison de l'animal. Le souvenir de la fourrure d'Agneau lui revint à l'esprit. Oui, c'était la même chaleur, la même sensation, la même douceur.

- Accroche toi bien. Lança le cerf en dépliant les genoux.

Rose s'éleva alors d'un ou deux bon mètres. Qu'elle était grande d'un coup ! La forêt lui paraissait différente de cette hauteur. Moins sauvage, peut-être, ou du moins plus familière.

Le cerfs se mis à marcher d'un pas lent, à grandes enjambées. Rose trouvait cela amusant. Elle souriait et admirait les arbres autours d'elle. Elle cru voir dans la brillance des flocons de neige de nouvelles petites fées qui la saluaient sur son passage. A droite la petite fille aperçut  de curieux insectes en rang sur les branches dénudées d'un arbre solitaire; ils ressemblaient à des feuilles, du vert au marron, en passant par le rouge, l'ocre et le jaune-orangé. Ces petites bêtes vaquaient ça et là, marchaient en allers et retours le long des brindilles; effectuaient un balais à la fois grotesque et amusant, joli ; comme un millier de feuilles multicolores mouvantes balayées par le vent froid.

La Rose des NeigesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant