Memories

Légère acidité

Je me réveille, les yeux bouffis. Je sais que Renji est déjà éveillé, je l'entends parler dans la chambre d'à côté.

"-Ça ne te dérange pas alors... ok, ça marche."

Il raccroche et se tourne vers moi.

"-C'était qui ?

-Uta.

-Alors j'irais chez lui, c'est ça ?

-Je t'amène chez lui ce soir, mais d'abord on va voir Itori. Elle a hâte de te revoir.

-Et moi donc... avec ou sans meurtre à la clé ?"

Il fait un petit sourire au coin. Bon ok, j'ai tendance à exagérer les choses. Un tout petit peu.

"-Allez, habille toi, tu vas pas aller voir Itori comme ça."

Une demi-heure plus tard, on était devant une sorte de bar. J'ai même pas le temps de poser sur la sonnette, qu'une rousse enragée se jette sur moi.

"-Sora, espèce de méchante ! Tu te rends compte que tu nous a laissé sans nouvelle depuis dix ans ? Ça ne se fait pas ! Imagine dans quel état on était Ren-chan, U-Chan et moi ?

-Moi aussi je suis contente de te revoir."

Finalement, elle ne m'a pas tuée. Elle me prend dans ses bras et me serre de toutes ses forces. J'étouffe. Oubliez ce que je viens de dire.

Elle nous fait signe de s'asseoir à Renji et à moi. Je remarque seulement maintenant un gamin brun avec un cache-œil. Renji m'avait parlé de lui hier soir.

"-Ah, Kanekichi, je te présente Sora, c'est une très bonne amie qui a disparue pendant très longtemps.

-C'est Kaneki. Enchanté Sora-san."

Je m'incline aussi. Il me dévisage un moment.

"-Désolé, mais êtes-vous une goule ou une humaine ?

-Je suis..."

Question compliquée pour moi : Qu'êtes-vous ? Vous avez quatre heures.

"-Je suis née humaine. Ma mère a toujours été... comment dire... "amie" avec des goules. Elle s'est mariée avec un inspecteur du CCG ; mon enflure de père ; pour pouvoir les aider. Moi, j'ai toujours vécu avec des goules, comme Renji."

Je regarde mon ami d'enfance. Il a toujours veillé sur moi.

"-Quand j'étais petite, j'étais harcelée à l'école. J'en suis venue à détester les humains et ne plus vouloir en être une. Je sais pourtant que je ne suis pas une goule, mais je me sens plus proche de vous."

Il hoche la tête. Je sens la main d'Itori se poser sur mon épaule.

"-Comment avez-vous rencontré Yomo-san et Itori-san ?

-Bah Renji est mon ami d'enfance. On était voisins, puis j'ai rencontré Uta et Itori, parce qu'ils avaient accepté de me cacher quelques temps.

-Elle est devenue notre meilleure amie !"

Elle me serre dans ses bras puis prend un ton malicieux.

"-Enfin pour moi... parce qu'U-chan...

-Itori !"

Je n'ai clairement pas envie qu'elle ressorte CES souvenirs là. Respect de la vie privée s'il vous plaît.

"-Maiiis... pourquoi tu ne veux pas que je dise qu'Uta et toi êtes sortis ensemble ?

-Uta et toi quoi ?!"

Arg... voilà aussi pourquoi je ne voulais pas le dire... Renji n'étais pas au courant.

"-Il t'a forcé ? Il t'a fait quelque chose que tu ne voulais pas ?

-Mais non enfin ! C'est dingue la confiance que tu as en lui, franchement !"

Je laisse ma tête tomber sur le bar, je me sens fatiguée d'un coup.

Je suis assise sur le rebord d'une fenêtre, une jambe à l'intérieur et l'autre dans le vide, les yeux dans le vague. Je peux encore voir son visage en sang... Je retiens mes larmes. J'ai déjà trop pleuré.

"-Tu dois t'ennuyer toi, tu n'as jamais rien à faire."

Je sursaute. Il me surprend à chaque fois. Il mâchouille son éternelle "friandise" : un œil humain. Ça ne me dégoûte même plus. J'hausse les épaules, et il vient s'installer comme moi, face à moi.

"-Tu es toujours triste, pas vrai ?"

Je ne réponds pas. J'aime beaucoup Uta, contrairement à ce qu'on peut penser mais là, je veux juste qu'il me laisse tranquille.

"-Dis, pourquoi tu sens aussi bon ?"

Je grogne, la gorge nouée.

"-Diabétique... sans sucré..."

Un silence s'installe pendant lequel il me dévisage. Cela m'énerve.

"-Qu'est-ce que tu veux ?

-J'ai juste une question..."

Il se rapproche de moi, son nez frôle le mien et il m'embrasse doucement. Je manque de tomber, mais il me retiens. Lorsqu'on se détache, il pose sa tête sur mon épaule.

"-... tu veux être ma petite-amie ?"

Je sens la chaleur picoter mes joues. Il me fait toujours rougir. Sa petite-amie ?

"-Oui..."