Memories

Silencieuse amertume

Je cours pour échapper à la goule qui me poursuit. En même temps, il est minuit et on est dans le 4e. On a passé toute la journée avec Itori. Kaneki nous a quitté dans l'après-midi. Itori et Renji ont commencé à parler entre eux et j'en ai profité pour aller me balader. Très mauvaise idée. Une goule m'a prit en chasse.

"-Allez petite, laisse moi te bouffer !

-Dan tes rêves !"

Oups. Je crois que je l'ai énervé. Je m'attends à ce qu'il m'attrape mais c'est sa tête que j'évite de justesse.

Oh merde...

Je me retourne vers la personne qui l'a tué. Je me fige. Je n'arrive même plus à bouger.

"-Alors, Sora, tu ne dis plus bonjour à ton père ?"

Oh non.

Oh non, oh non, oh non.

Il s'approche de moi, me détaille. Il essaie d'attraper une de mes mèches de cheveux mais je lui bloque la main avant.

"-Tss... vilaine fille."

Sa main empoigne ma gorge, perdant mon souffle petit à petit. Je n'arrive plus à respirer.

Cette fois, je n'ai pas réussi à lui échapper. Il se tient devant moi, le visage tordu par la haine. La manche droite de sa veste pendouille misérablement, son bras arraché en est la cause.

Je n'ai plus de force. Il pointe son pistolet sur moi, me tirant dans l'épaule. Je hurle, j'ai mal.

Je n'arrive même plus à avoir une pensée cohérente, tant je souffre. Nous sommes à l'étage d'un vieux parking. Il m'attrape par la nuque.

J'entends des gens crier.

"-Sora !"

Je crois que c'est Renji et Uta. Je n'en sais rien.

Mon père les a vus, me lançant par dessus la rambarde.

Je tombe.

Je serais morte, à cause de ma faiblesse.

Je me réveille dans une chambre d'hôpital. Il y a une machine qui "bip" juste à côté de mon lit. Je suis complètement engourdie.

Après quelques minutes, j'arrive à bouger la tête, et remarque un homme, assis à mes côtés. Yoshimura. Ça ne m'étonne pas, après tout, il était proche de maman.

"-Je n'espérais plus te voir réveiller."

Je ne comprends pas ce qu'il veut dire et il a dû le voir sur mon visage.

"-Sora-chan... cela faisait deux ans que tu étais dans le coma."

J'écarquille les yeux. Deux ans ?! J'essaie désespérément de dire quelque chose mais je n'y arrive pas. Yoshimura en profite pour m'expliquer ce qu'il s'est passé.

"-Yomo-kun et Uta-kun sont arrivés trop tard pour toi. Ils se sont battus avec ton père. Yomo-kun était convaincu que tu étais morte, alors il a ramené ton père chez moi, et on l'a livré à la police. Il est ne prison maintenant. Uta-kun, lui, est descendu voir ton corps. Heureusement d'ailleurs, car tu respirais encore, mais faiblement. Il t'a donc porté jusqu'à un hôpital et t'y déposée."

Je sens quelque chose d'humide couler le long de mes joues. Je pleure. Je ne peux pas rester ici. Si ils doivent constamment veiller sur moi, ça ne sert à rien.

Il resserre sa poigne de plus en plus et l'air me manque. Je n'arrive même plus à essayer de dégager sa main glacée de mon cou. Je vois des lumières devant mes yeux. Ma tête tourne. Cette fois-ci, il m'aura, ou peut-être pas.

Mon père se fait projeter plus loin dans la ruelle. Je tombe à terre, tentant de reprendre mon souffle à grand renforts d'hoquets. J'ai du mal.

Quelqu'un s'agenouille à côté de moi. Je ne vois pas tout de suite son visage à cause des lucioles qui dansent devant mes yeux. Je n'entends pas bien sa voix mais j'arrive à comprendre ce qu'il me dit.

"-Hey, ça va ?"

J'ai l'air d'aller bien ?

J'essaie de lui répondre mais j'arrive juste à faire un hoquet. Toujours pas d'air.

Il me force à m'allonger, pose ses lèvres sur les miennes. Attends, quoi ? Je tente de le pousser, mais je me rends compte qu'il me fait du bouche à bouche. Je sens mes poumons se remplir à nouveau. Ma tête tourne de moins en moins et mes sens re-fonctionnent. Il s'éloigne.

"-Et maintenant, ça va mieux ?"

Je n'arrive pas à lui répondre. Non pas parce que je n'y arrive pas, mais car je l'ai reconnu.

Il a changé, ses cheveux sont noirs, il a plus de piercings et des tatouages mais c'est pourtant ien l'adolescent que j'ai connu. J'éclate en sanglots.

"-Uta... pardon..."

Il veut me répondre, mais on entend du bruit venir de là où est mon horrible père. Uta m'aide à me relever et à s'accrocher à lui. Il m'attrape les cuisses et je frissonne.

Après tout ce temps, il me fait encore de l'effet. En même pas trois sauts, il a atteint le toit du petit immeuble d'à côté. J'enfuie ma tête dans sa nuque. Je peux enfin le toucher à nouveau. Il m'avait tant manqué.