Dernière souffrance

219 17 0
                                    






Je me réveille à cause des voix à côté. Uta n'est déjà plus là, évidemment, puisque je devine que c'est lui qui parle dans la boutique.

Il m'a laissé un de ses t-shirts, histoire que je ne sois pas nue en sortant de la chambre.

J'ouvre la porte qui mène à la boutique. Uta est en pleine conversation ave Renji, qui tient ma valise à la main.

"-B'jour Ren.

-Salu-..."

Il se stoppe et me dévisage de haut en bas. Quoi ? Je sais que je ne porte pas de bas, mais le t-shirt d'Uta est assez grand pour me couvrir les fesses ! Qu'il n'aille pas dire qu'il a jamais vu les jambes d'une femme, après. Donc...

Oups...

J'avais complètement oublié ce qu'Uta et moi avions fait hier soir : j'ai des traces de morsures partout !

On pourrait croire qu'on a essayé de me bouffer (ce qui n'est pas totalement faux).

"-Euh... c'est pas ce que tu crois. "

Comment je suis censé dire que j'ai couché avec Uta et que c'est lui qui m'a fait ça ?

"-C'est moi qui lui ai fais ça, hier, quand on a couché ensemble."

La mâchoire de Renji s'ouvre, puis se ferme, et se rouvre définitivement. Je crois que je ne l'ai jamais vu aussi choqué.

"-SÉRIEUSEMENT ?! On ne peut pas dire que vous perdez votre temps..."

Il passe sa main sur son visage, ce qui fait sourire Uta. Ce dernier m'attrape par la taille et me force à m'assoir sur ses genoux. Il me chuchote à l'oreille.

"-Tu es à moi maintenant."

Je rougis. Il me lèche le cou, je me tourne pour l'embrasser et...

"-Pitié, pas devant moi."

Je rigole en voyant la tête de Renji. Je me lève et vais récupérer mes affaires.

"-Au fait...

-Hmm ?

-Yoshimura-san veut que tu viennes le voir. Je t'accompagne dès que tu es prête.

-Tu me l'enlève déjà ? Dommage, je voulais encore jouer moi.

-Ah, bah peut-être plus tard alors...

-Non, non, non c'est bon, on y va tout de suite !"

Uta fait la moue et je lui tire la langue, qu'il vient de mordre.

"-Ah, c'est malin ça, j'ai dis sang pleins la bouche maintenant."

Je m'assois en face de Yoshimura. Il ne semble pas très sûr de lui, ce qui est inhabituel.

"-Tu es au courant que je suis le père de la goule borgne ?"

Oui, je le savais depuis longtemps. Il était marié avec une humaine, avec qui il a eu un enfant : la goule borgne.

"-Bien... La femme que j'ai aimé, faisait partie d'une famille qui pensait que tout le monde était égaux, humains et goules.

-Comme ma mère.

-Oui, justement.

Je le regarde, intriguée. Ne me dites pas que...

"-Ma femme avait une sœur, qui pour aider les goules de son arrondissement, avait épousé un inspecteur. Ils ne pensaient pas avoir des enfants, mais pourtant, tu es née."

Je suis perdue... cependant, ça explique pas mal de choses.

"-Donc... tu es... mon oncle ?

-Oui."

Alors, quelque part, j'ai toujours une famille.

Uta aurait dû m'attendre à l'arrêt de bus, mais il n'a pas pu venir. Renji et lui ont insisté pour que j'ai un flingue sur moi. Renji pense que ça peut m'aider encas d'attaque de goule, mais Uta pensait à autre chose.

Là, maintenant, je ne sais plus quoi penser...

D'un côté, j'ai peur. De l'autre, j'espère avoir le courage de tirer sur mon père, comme il l'a fait avec maman et moi.

Mes vœux sont, presque, toujours exaucés depuis que je suis à Tokyo.

J'entends des pas derrière moi.

"-Bonjour petite salope qui n'aurait jamais dû naître."

Je l'évite de justesse.

J'arrive à esquiver ses attaques, puis je sors mon revolver, le pointant sur lui. Je pourrais très bien le tuer sans problème. Seulement...



"-Papa ? Qu'est-ce que tu fais ici ?"

Il ne me répond pas. Je reste assise dans le couloir, mon ours en peluche dans les bras. J'attends presque une heure avant de voir mon père sortir violemment.

"-Je ne tolèrerais plus que ma fille se fasse harceler sans que les fautifs soient punis ! Comptez sur moi pour parler de votre cas à mon entourage.

-Papa ?"

Il grogne, puis me prend dans ses bras.

"-Toi, tu n'iras plus dans cette école, est-ce clair ?"

J'hoche la tête.

"-Peut-on savoir pourquoi tu rentres à cette heure-ci, couvertes de bleus ?"

Je reste muette. Il soupire.

"-Tu changes d'école demain."

J'hoche la tête, sans rien dire. Quelque part, cela m'arrange.


Je sens mes larmes couler. Je ne peux pas le tuer.

Mes sentiments m'en empêchent. Bien que je ne peux pas faire une croix dessus.

Je veux qu'il meurt, mais pas de ma main.

Je baisse mon arme, me frotte les yeux et lui souris. C'est à son tour de lever la sienne vers moi. Mais je ne bouge pas.

"-Pourquoi tu ne fais rien !"

Il a l'air perdu.

"-Car tu as su être mon père, à ta manière. Je ne peux pas te tuer, même si je veux ta mort.

-Ta faiblesse t'aura eu, finalement. Tu ne peux même pas me tuer !

-Elle non, moi si."

Un bras transperça le cœur de mon paternel, ce dernier crachant du sang avant de s'écrouler par terre, mort. Enfin.

Uta s'avance vers moi et me prend dans ses bras. Tant de douceur de sa part, c'est inhabituel.

"-Tu comptes partir encore ?"

J'hausse les épaules.

"-Tu resteras si je serais le seul à veiller sur toi ?"

Cette fois-ci, j'hoche la tête.

"-Oui... je veux rester avec toi."

MemoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant