La Mare

Chapitre 7 : Cauchemar

Soudain mon corps, mon esprit, tout mon être ressent une violente pression. Je me sens attirée vers les profondeurs de la Mare, mes oreilles sifflent, ma tête est en train d'exploser, j'ai l'impression que mon cœur va s'arrêter.

Puis plus rien, le calme, mon corps se détend. Je cherche autour de moi ; il n'y a plus d'elfes. Tout à coup, je vois mon père en face de moi qui sourit ; puis ma mère apparaît à ses côtés, et enfin ma sœur. Je les vois tous les trois réunis et heureux, papa me tend la main, je m'avance vers lui et désire la prendre, mais au lieu de ça, je lui envoie un coup phénoménal dans la figure.

Aita saigne, il se tient le nez, ama me crie dessus, et ma sœur pleure. Je tente de m'excuser, mais au lieu de ça, j'attaque maintenant ma mère. Je la frappe au sol, elle se tient en boule, les bras serrés autour du corps, mais je continue avec haine, je ne ressens plus rien, ou si, une douce sensation de satisfaction. Je répète sans arrêt une phrase : « Je te déteste. Je te déteste. Je te déteste... »

Puis je ferme les yeux, Tanja ne pleure plus, mon pied continue à donner des coups ; en les rouvrant, je me rend compte que je frappe dans le vide ; tout a disparu. Je frotte mes mains sur mes joues humides, j'ai pleuré.

Je ne comprend rien à ce qui m'arrive.

À ce moment là, quelqu'un d'autre apparaît. Une femme à l'âge assez avancé que je reconnais, ma grand-mère Ida qui me sourit. Je prend sa main et ai soudain l'impression que tout est beaucoup plus grand. Ma grand-mère se penche vers moi et tente de me soulever. Je lui dis que cela est absurde car elle est trop vieille. Et pourtant, à force d'effort, Ida arrive à soulever... une enfant d'environ six ans qu'elle vient porter à son cou.

Puis tout redevient flou ; la grand-mère et la fillette disparaissent, et mon moi de seize ans se retrouve de nouveau seul. Aussitôt, une nouvelle image se crée. Je retrouve de nouveau ma grand-mère mais qui semble plus vieille que la première fois.

- Qu'as-tu mon enfant ? Tu sembles soucieuse, me dit-elle.

- Non mamie rien, dis-je, tout en entendant une voix plus profonde qui exprime le contraire.

- Ama et aita me soûlent, dis la voix. Un jour je vais me barrer mamie...

Ida fronce les sourcils.

- Ne dis pas ça Mila, tu n'as que douze ans.

- Et alors ? Je pourrai venir vivre chez toi ? Je me sens tellement mieux quand je suis avec toi. Je voudrai être comme toi mamie...

De nouveau tout se voile, jusqu'à ce que je vois Tanja dont la tête est posée sur un tronc d'arbre coupé et un garde qui lève son épée sur elle.

- NON ! crié-je, comprenant tout juste la situation.

Le garde se tourne vers moi.

- Ne la tuez pas ! Prenez-moi ! Prenez-moi...

Je n'en peux plus, les images se voilent tandis que d'autres réapparaissent. Mes mains s'écrasent sur ma tête, opressée par la douleur.

Une nouvelle image semble soudain se figer. Une jeune femme blonde me sourit mais reste statique. Je m'avance vers elle et me rend compte qu'elle vient vers moi à la même vitesse. Je lui tend la main, et elle me tend la sienne.

Je commence à comprendre.

- Tanja ? dis-je, c'est toi ?

La jeune femme prend soudain un air plus dur.

- Tu m'as abandonnée Mila.

Je la regarde, déconcertée par ce qu'elle vient de dire.

- Quoi ? Mais non je ne t'ai pas...