Tout est un mot

Emmène-moi

Emmène-moi quelque part 

et laisse-moi hurler.

Emmène-moi loin de tout,

et laisse-moi pleurer.

Emmène-moi au milieu de la nature,

et laisse-moi éclater l'abcès.

Laisse-moi crier. Laisse-moi hurler comme une mère qui perd son enfant. Laisse-moi pleurer des larmes qui brûlent tout sur leur passage. Laisse-moi briser ma gorge, mes cordes vocales. Laisse-moi me déchaîner comme les Dieux. Laisse-moi ramper comme un misérable. Laisse-moi détoner ma fureur. Laisse-moi détruire chaque once de vie qu'il reste en moi. Laisse-moi effacer chaque once de sensation qu'il reste en moi. Laisse-moi frapper le sol de mon lourd corps. Laisse-moi m'effondrer en pleurs. Laisse-moi déchirer mes genoux sur l'herbe fraîche. Laisse-moi exploser. Laisse-moi répandre la même folie qu'avait Médée. Seulement, une folie destructrice envers moi-même. Laisse-moi dévorer ma peau. Laisse-moi me vider de tout ce mal sans te laisser atteindre. Laisse-moi me tuer sans être blessé.

Emmène-moi loin d'eux pour me libérer de cette mutilation, pour ne pas les achever de cette puissante vague noire. Laisse-moi faire sans être achevé aussi, sans ressentir cette folie ravageuse. Regarde-moi anéantie sans juger mon cri de douleur. Puis ramasse-moi sans un mot. Ramasse ce petit être que la vie a souillé. Ne cherche pas à comprendre. Ne cherche pas à comprendre mon mal. Ne cherche pas à savoir qui je suis. Parce que c'est ce qui me rend malade. Ramasse-moi par ta simple présence. Ramasse-moi quand la tempête se sera évanouie. Ramasse-moi dans tes bras et serre mon corps frêle. Ramasse mon cadavre et dis-moi que tu seras là pour moi. Sans jamais te laisser atteindre par mes coups de folie. Sans signer la fin de ta vie. Laisse-moi sacrifier chaque once d'énergie qu'il reste en moi et ramasse-moi.