Il ne pouvait plus compter sur les doigts de la main le nombre de fois où elle désespérait un amour passionnel, puissant mais simple. Un amour tout court. Elle en manquait terriblement. Elle en quémandait terriblement. Son corps entier était fait d'amour qu'elle était condamné à ne jamais pouvoir partager. Seulement, elle s'était infligée sa propre sentence.
A ce moment précis, elle lui racontait ses derniers "ragots mecs". Elle en parlait d'un depuis un moment. Elle se plaignait qu'il soit trop "collant", trop "présent". Elle recevait souvent des messages de lui. Il pensait à elle. Il s'intéressait à elle. Il voulait la connaître. Il voulait être là quand elle avait besoin d'une présence humaine. Il l'invitait à des soirées, à des sorties et toujours elle déclinait, cherchait des excuses toutes bidons les unes plus que les autres ou bien ignorait ses messages quotidiens. Il se parlait souvent tard le soir quand elle ne trouvait pas sommeil ou bien en pleine après-midi lorsqu'elle s'ennuyait. Elle instaurait ses règles : quand il pouvait lui parler, quand il pouvait la voir. Il était toujours là, toujours présent. Il pouvait patienter trois mois avant d'obtenir une réponse de sa part. Il était à son entière disposition et elle l'utilisait à sa guise. Cette fois-ci, c'était un dîner. Il l'invitait à manger dans un restaurant parisien donnant sur la Seine. Elle avait répondu "oui, pourquoi pas" mais avait rapidement ajouté qu'elle n'était pas "très dispo" ces derniers temps. Au fond, elle savait qu'il attendrait et qu'il trouverait l'opportunité de tout relancer. En réalité, elle lui avait déjà exposé ses sentiments non-existants. Seulement, elle avait précisé qu'elle ne se sentait pas prête à entamer une relation. Alors il avait patienté et était revenu. Elle riait de lui, elle se plaignait du manque d'amour dans sa vie. Pourquoi n'avait-elle personne ? N'en pouvant plus, il craqua :
- Tu as eu des milliers d'occasions, Alice! Il y a plein de gens qui t'aiment mais tu les rejettes! Tu n'accepte aucun amour de la part des autres et tu te tortures. Tu te plains sans arrêt de n'avoir personne mais tu as eu ces personnes. Tu les as juste bousillés en les traitant comme s'ils n'étaient rien, comme si leur vie n'importait guère! Tu n'es pas prête. Tu n'as jamais été prête et tu ne le seras jamais! Arrête de...
-... Je me sentais prête avec toi!
Elle avait hurlé cette phrase les larmes aux yeux. Il s'était arrêté, bouche entrouverte. Il ne l'avait pas vu se fragiliser pendant qu'il la sermonnait. Elle souffrait. Il avait toujours ignorer de quoi elle souffrait comme il avait toujours ignorer ce qu'elle venait de lui dire. Elle reprit dans d'une voix brisée.
- Avec toi, je me sentais prête. Je t'ai attendu. Je savais qu'avec toi je me serais offerte. Je me sentais prête à t'aimer mais jamais... jamais tu n'as montré le moindre signe. Il n'y avait que des doutes et de la souffrance. Tu me dévisageais comme s'il n'y avait que moi dans ton monde. Tu prenais le temps de me voir, de me parler, de m'écouter. Tu étais toujours là, doux et attentionnée. Parfois... (elle rit dans un souffle avant de renifler) parfois tu me disais même des choses prêtant à confusion. J'ai espéré qu'un jour tu me le dises mais jamais ce jour est arrivé. Avec toi, j'étais prête. J'ai aimé et j'ai souffert alors tu m'excuseras d'être telle que je suis.
Elle partit en larme le laissant seul, assommé par ce qu'elle venait d'avouer. Il baissa ses yeux. Il s'en voulait de l'avoir faite ainsi et plus que tout, de l'avoir jugée.
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Tout est un mot
De Todo« Tout est un mot » Voici ce que nous nous sommes dits avec ma meilleure amie. Voici ce qui est une vérité. Voici un fait. «Tout est un mot» est un recueil de mots qui formeront une phrase. Vous entrez dans mon monde, dans mon cerveau. Ne dit-on pa...