chapitre1

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Un bruit. Un poids. Ça y est j'étais morte. Il m'avait tuée. Je n'ouvrais pas les yeux. J'attendrais Paul. Il ne venait pas mais il était là: je l'entendais crier mon nom. C'était donc ça la mort? Voir ses proches pleurer, hurler de désespoir? Je ne l'imaginais pas ainsi. Pas si triste. Je pensais que la mort était une seconde vie, mais apparment, c'est pire. On vivait, mais transparent. Invisible de tous. Pourquoi l'attendre? Tout compte fait, c'était idiot. J'ouvrais les yeux. Tara se tenait derriere moi, le tison brandi à deux mains, choquée, ensanglantée. Etait-ce le mien? Sûrement , mais pourquoi m'aurait-elle tuée. Je ne ressentais aucun son. J'etais sourde ou presque.  Les bruits que je percevais me paraissaient flous. Je compris que le sang qui avait tâché Tara n'était pas le mien en voyant le lourd corps de Jean qui m'empêchait de bouger. Pourquoi ne découvrait-il pas le monde comme moi? Je le poussais, non sans mal pour quitter mon corps mort pour vagabonder dans cette vaste pièce. S'il était mort, il ne pourrait pas tuer Paul. J'étais donc destinée à errer autour de lui comme une vulgaire âme, à le voir sans qu'il ne me voie, à l'entendre sans qu'il ne me distingue . Triste vie . Ou plutôt devrais-je dire triste mort. Je m'extirpais de ce corps inerte pour rôder autour de Paul . Quand je me levais, les membres alourdis par le combat, les cris du comte cessèrent, laissant place à un long et pesant silence. Pourquoi s'était-il tu? Je m'approchais. Il tendis sa main vers moi. Était-il mort lui aussi? Je la lui donnais. Il la serra, l'embrassa de toute force. Il était sûrement mort lui aussi, mais depuis quand? Depuis toujours? Tara ne bougeait toujours pas. Elle contemplait le corps gisant de Jean . Sans rien dire, sans broncher, sans mouvoir ne serait-ce qu'un petit doigt. Hypnotisée. Effrayante. Le sang qui avait tâche sa robe donnait un côté horrifique à cet ange roux. Un ange. C'était ce qu'elle paraissait être le reste du temps, toilettée de son habituelle robe rose. Était-ce un hasard, cet ange roux venu au milieu de ce couple mort? Était-ce cet ange qui les y avait accompagnés? Tout ceci n'était ce qu'un orchestre valsant autour d'un thème : la mort. La vie était-elle en réalité basée autour de la mort? Était-elle faite pour nous préparer à la mort, une sorte d'avant goût ? Alors une seule question me trottait dans la tête, la mort était-elle pire que la vie ou meilleure? J'aurais les réponses. Mais je devais attendre, être patiente. Je serrais la main que Paul avait glissé dans la mienne et qu'il n'avait pas retirée . Je le questionnais :
-Êtes-vous prêt?
-Prêt pour quoi?
-Pour tout cela. 
-Avec vous je suis prêt à tout, même à la mort .
C'était ironique puisque nous allions d'ailleurs affronter la mort.  Ou alors. .. ou alors je me trompais, tout simplement . Non je ne pouvais pas me tromper, tout cela était si clair, si évident... je ne pouvais pas me tromper. Nous étions morts. Un point c'est tout. Mais au final, nous étions ensembles, ce n'était pas si mal, nous avions échappés au pire. Nous étions ensembles et c'était l'essentiel .

Appelez-moi Madame T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant