chapitre 11

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J'étais en retard. Oubliant la décence que je me devais d'avoir en tant que jeune fille de qualité, je pris mes jupes afin de les remonter jusqu'aux mollets et je priais pour ne croiser personne. Je courus, non sans mal avec mes escarpins de satin, jusqu'à une porte masquée par une tenture qui menait à un petit escalier officieux que les domestiques employaient . Je le dévalais à toute allure craignant la chute à tout instant. Une fois arrivée à une sorte de palier qui se trahissait par une petite porte, je m'arrêtais quelques secondes, jute le temps de reprendre mon souffle et de replacer les mèches rebelles qui s'échappaient de mon chignon. Je vérifiais une dernière fois ma tenue en lissant les plis de ma jupe et poussais la porte après m'être assurée qu'il n'y ait personne au virage de l'escalier.

Prenant la démarche la plus esthétique et sûre que j'avais apprise, je parus sur le palier de l'escalier de marbre. les battants des immenses portes de verre avaient été rabattus afin de laisser circuler les invités et l'air. Tous se tenaient dehors, choux, amuses-bouches, coupes de vin de champagne à la main. 

Cette fête avait enfin lieu. Un large et sincère sourire éclaira mon visage . J'étais heureuse. Du haut de mon escalier, j'étais absorbée par cette scène incroyable.Des petits cris et des battements de mains attirèrent toute mon attention. Clarisse frétillait et gazouillait joyeusement autour de sa mère, de son père, mais pas de son frère. Où était-il donc? 

Les invités étaient aux aussi tant impressionnés par l'événement que personne ne m'avait vue les observer en silence.

J'étais si occupée et concentrée à graver ce moment dans a mémoire que je n'avais pas entendu Paul arriver derrière moi. Il me fit sortir de ma rêverie en poussant ma mèche bouclée de mon épaule nue pour y placer ses lèvres. Je ne bougeais pas.Je savais que c'était lui. Il y posa son menton et me dit

-Tout cela est fascinant n'est-ce pas?

-Oui.

-Et savez-vous ce qu'il y a d'encore plus fou?

-Plaît-il?

-Tout ceci est pour nous. dit-il pendant que je pouffais.

-Vous êtes bête. 

-Permettez-moi une rectification: je suis... comment dire, hum.. amoureux. Oui, il me semble que c'est le mot qui convient.

Il me fit rire de plus belle , ce qui attira l'attention des invités. Il retira vivement sa tête de mon épaule, abandonnant son attitude négligée qui lui aurait été reprochée par son père . Il me prit la main et me contourna en m'observant pendant que je lui offrais mon plus beau sourire. Il se pencha et me murmura au creux de l'oreille 

-Quel dommage de vous retirer ce soir une si belle toilette, vous êtes sublime.

-Ne le suis-je donc pas tout le temps? souris-je malicieusement

-Encore plus que d'habitude ma chère. 

D'un mouvement de tête pour se retourner, d'un coup de coude pour que j'y glisse mon bras, d'une valse de la main pour m'indiquer la descente, il ravit les invités qui s'était attroupés à l'entrée de la demeure. Ils abordaient tous un large souris qui trahissait la joie qu'ils éprouvaient. Au premier rang de ceux-ci, il y a avait ma mère, entourée des Faubourg. Dieu merci, le petit comte à qui j'avais donné le surnom de ridicule avait retiré ses tenues extravagantes qu'il avait troqué contre un superbe ensemble bleu nuit, en accord avec la magnifique robe de la même couleur que sa femme portait. Il ne l'était pas , ridicule, pour une fois. Je découvris même un soupçon de beauté, celle paternelle dont Paul avait bien heureusement hérité.

Appelez-moi Madame T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant