Out of My Limits

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Au lycée, il y avait ce garçon. Il portait constamment et qu'importe les saisons, bonnet et lunettes de soleil. Il ne cherchait pas à se faire remarquer. Il était seul ; dès son arrivée, il avait rejeté tout le monde lui tendant la main. De ce fait, nous ne connaissions ni ses goûts, ses passions, ni la couleur de ses yeux, de ses cheveux, ni même son prénom. Seulement un nom de famille, Shester. Il ne présentait aucune capacité particulière malgré sa grande taille et son allure élancée. Il aurait pu faire partie de l'équipe de football, de basketball ou de lacrosse mais il préférait "vivre le match depuis les gradins" avait-il dit aux entraîneurs.

Au lycée, j'y étais aussi. Une fille ce qu'il y a de plus banal, qui pêchait en chimie. Accumulant le retard et l'incompréhension, je décidais de m'inscrire au soutient dès le retour des vacances de Noël.

Le premier jour... j'eus honte d'y aller. J'inventais auprès de mes copines un rendez-vous pour justifier mon absence au déjeuner. Je ne mentirais pas en disant que je n'avais aucune envie de passer ma pause du midi avec deux élèves n'y comprenant pas plus que moi et un prof qui souhaitait autant que moi être ailleurs. Cependant, les élèves inscrits au soutient ainsi que le prof de chimie n'étaient pas dans la salle ce jour-là. Mais lui, était là. Comprenant mon désarrois dès mon arrivée, il m'annonça simplement que les inscrits s'étaient désistés tôt dans l'année et que le prof avait, par conséquent, laissé tomber le soutient. Perdue, je me demandais comment m'en sortir au prochain contrôle. Mes parents n'étaient pas en capacité de me payer des cours à domiciles comme les autres. Alors, il m'expliqua pourquoi il était là, il se proposait pour remplacer le prof. Je ne sus pas lui répondre, une partie de moi savait que c'était la meilleure des solutions tandis que l'autre redoutait d'avoir à passer du temps seule avec un garçon dont je ne connaissais que peu de choses. Pensant davantage à ma réussite, j'acceptais son offre et on commença par faire un point sur mes lacunes.

Les premières semaines furent difficiles, surtout qu'il me fallait toujours une excuse pour sécher le déjeuner. Mais au fil des séances, j'avais comme l'impression qu'il se livrait à moi. Les premières fois, il restait à distance, se contenant d'écrire le nécessaire sur le tableau de la salle. Quand je lui posais une question, il avait toujours une réponse mais parfois on aurait pu croire qu'il hésitait à tout m'expliquer. Comme s'il avait peur de se mettre en avant. Ce qui était absurde dans la mesure où il se devait d'agir en professeur particulier... J'aime bien ce terme, j'ai l'impression qu'il est juste là pour moi. Après deux mois de séances, le résultat se ressenti. N'ayant jamais été de nature à partager mes notes, personne ne remarqua ce changement (les professeurs étant au courant de mes cours supplémentaires, ils ne firent aucune remarque), bien heureusement.

A force d'absence aux déjeuners du mardi, les filles déduisirent que je voyais quelqu'un. Bien sur, elles ne mentionnaient jamais cela devant moi mais je les avais entendues avant d'arriver un matin. Je fis comme si de rien était mais au fond de moi, je savais que d'une certaine manière, je voyais bien "quelqu'un". L'Inconnu du lycée. Et je commençais à la connaitre. A mesure que les grandes vacances approchaient, je les redoutais... pour la première fois. Je me surpris à penser à un moyen de prolonger nos entrevues. L'idée était pourtant simple mais accepterait-il ? Pour n'importe quel autre garçon, ça n'aurait posé aucun souci. Mais il n'était pas n'importe qui.

Lors de notre premier cours du mois de mai, je me décidais à lui demander. Il s'agissait simplement d'un moyen de le contacter, son téléphone. Je le vis légèrement hésité puis il me pris mon téléphone des mains et y inscrivit son numéro. Lorsqu'il me le rendit, je vis qu'il avait mis son prénom. Je levais les yeux vers lui et le vis sourire. Son sourire était beau, sincère... et me fit complètement craquer.

- "Si tu en as le besoin, n'hésite pas. Envoie moi un message..." me dit-il tout en rangeant ses affaires. Voyant que je ne répondais rien, il se dirigea vers la porte avant d'ajouter : "Pour les cours..."

Textes et ImaginesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant