Chapitre 6: Amour ou devoir ? (Franck)

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Le vent frais du matin me caressait les joues, les cheveux libres aux vents, je profitais du magnifique paysage qui s'offrait à moi.
Je me forçais à fixer le ciel grisonnant de l'automne qui se rapprochait dangereusement vers nous. Avec lui arrivèrent les nouvelles tant attendues du front de Normandie. Malheureusement, elles s'annoncèrent toutes aussi encourageantes que les nuages menaçants venant du Nord.

Les forces du général Eisenhower avaient été défaites dans la Sarthe, par la puissante Wermacht, et sa Panzerarmee.
Les ports de Caen et du Havre ont été rasé sous les bombes américaines lors du siège, ce qui rendait le ravitaillement extrêmement compliqué.
Les embarcadères de fortunes construits sur les plages du débarquement pour débarquer d'avantages de renforts ont été balayés par le vent et la tempête... l'avancée alliée dans le Nord de la France s'annonçait vouée à l'échec ! Le dernier espoir était la percée de Provence, dont je faisais partie, mais qui avait de la peine à franchir la vallée du Rhône ainsi que les Alpes. L'orage s'annonçait d'une violence inouïe pour les forces de la liberté.

Je pensais à tous ces morts, semblables à moi, venus combattre l'oppression fasciste et les massacres arbitraires. Avec eux s'écroulait l'espoir d'une jeunesse luttant contre le passé, conduit par la folie de nos ancêtres.
Les larmes aux yeux, je ne faisais plus attention à mon environnement et Laure me surprit en me posant délicatement la main sur mon épaule.

« Tout va bien Franck ? Tu ne pleures pas quand même ?
- Je... oui. Enfin non ! Hésitais-je. Je pense juste aux combats passés et aux boucheries à venir.
- Tu sais, tu peux rester quelques jours supplémentaires et simuler un aggravation de tes blessures. Me propose-t-elle avec un air penaud.
- Non ! Non ! Je ne peux pas abandonner mon poste. Je ne suis pas un lâche ! M'écriais-je, même si je préférerais largement rester à ses côtés.
- ... Excuse moi, je ne voulais pas sous entendre cela, commença-t-elle à s'expliquer, je ne veux que ton bien.

Je fis semblant d'être énervé et je m'en alla rapidement, serrant les poings, pour m'isoler d'avantage
Au fond de moi. J'espérais que Laure me suive et me prenne dans ses bras pour me rassurer. Mais elle ne fit que m'observer depuis l'endroit où je l'avais laissée et finit par retourner à l'hôpital improvisé dans les thermes de Thonon.
Appuyé à la barrière en bois du belvédère, je contemplais, le regard vide, le paysage idyllique, toujours pensif au futur de l'humanité et à l'amour que je ressentais de plus en plus envers la magnifique infirmière, malgré moi...
Paraître pour un couard serait la pire solution pour me rapprocher d'elle.
Je me mis à marcher d'un pas incertain vers la maison de l'état major américain, tout en pesant le pour du contre: repartir au combat et abandonner Laure, peut-être à jamais, ou déserter l'armée et m'enfuir dans les Alpes jusqu'à la fin de la guerre, et ainsi rester proche de la femme de ma vie.
Néanmoins, les passages difficiles que subissaient les alliés lors de la deuxième bataille de France firent pencher la balance en faveur de l'honneur et du combat. Je me devais d'aider la démocratie à progresser en Europe. Je m'en voudrais éternellement si les dictatures totalitaires remportaient la guerre !

Puis soudain, je fis demi tour et je me mis à courir vers Laure, voulant lui faire mes adieux et lui déclarer mes sentiments. Je pourrais très bien ne plus jamais la revoir et je voulais repartir sur le front, avec la motivation de revenir vivre avec elle, ma vie dans un monde que j'aurai libéré.

Le soleil aux nombreuses couleurs orangées finissaient sa course à l'Ouest, illuminant les vitres des vieux bâtiments en leur redonnant une apparence de renouveau.
Mon cœur, réveillé par la chaleur de l'amour flambait à l'idée de partager mes sentiments avec cette merveilleuse jeune femme que je ne connaissais que depuis une vingtaine de jours.
Les vieillards, les enfants et les femmes qui profitaient du dernier jour d'été me dévisageaient avec curiosité en apercevant dans mes yeux bleus, le visage de l'amour incontrôlable qui m'envahissait.

Plus je parcourais de distance, plus mes cicatrices à la jambe hurlaient de douleur, mais je les ignorait. Aveuglé par la puissance et l'obsession que j'éprouvais pour la belle Laure.

« Je t'aime ! Je t'aime plus que je n'ai jamais aimé jusqu'à présent ! Tu es ma raison de vivre, la torche qui ravive mon cœur, les couleurs de ma vie !» Criais-je progressivement dans la rue, ignorant les passants qui me prenaient pour un fou.

Je t'aime...

Tirs croisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant