Le corps lourd de Sungyeol reposait sur une surface moelleuse. Quelque chose de doux le gardait au chaud et pour rien au monde le loup n'avait envie de se réveiller. Pour le moment, tout allait bien : il n'était pas en danger et son corps se remettait doucement de tout ce qu'il avait subi. Il ne savait pas depuis combien de temps il reposait ainsi, mais l'inconscience restait une compagne bien plus tendre que ce qui l'attendait ailleurs. Son corps lui semblait si lourd, chacun de ses membres pesaient bien plus qu'à la normal, comme lestés de poids.
Pourtant, on tentait de le réveiller, il le sentait. On tirait sur sa bête pour le faire bouger, peu coopératrice à la vue de sa fatigue. Homme et loup n'aspiraient qu'à une chose : le repos, et cette intrusion ne leur plaisaient pas du tout. Son loup gronda de mécontentement, libéra un souffle de puissance et envoya valser l'inopportun avant de se rouler en boule au fond de sa conscience. Sungyeol soupira de bonheur avant de flatter mentalement sa bête déjà endormie. Cette étrange phase de récupération ne se déclenchait que lorsque les loups, poussés au-delà de leur limite, ne pouvaient plus faire autre chose que récupérer. Le corps se plongeait alors dans une forme de stase où toute l'énergie possible et produite réparait les dégâts subis.
Habituellement, cela entraînait aussi une forme d'inconscience du loup et de l'humain, chose qui n'était vraisemblablement pas le cas ici. Il était étrange de constater tout ce que son esprit pouvait accomplir alors que son corps ne quittait pas son état comateux. C'était la première fois que Sungyeol expérimentait ce repos si particulier depuis l'aube de ses siècles d'existence. Sans se poser davantage de questions, Sungyeol laissa son esprit dériver et se perdre dans l'oubli.
Enfin, c'est ce qu'il aurait voulu. Une puissance écrasante le tira brusquement de son sommeil réparateur. Rien ni personne ne semblait pouvoir s'y soustraire et le corps de Sungyeol fut brutalement réveillé de force, même si ce n'était pas la chose à faire.
Le retour à la réalité ne fut pas agréable et surtout, pas sans conséquence. Il n'était pas prêt, que ce soit son corps ou sa conscience, et encore moins à un tel choc.
Tout son corps se contracta alors qu'un hurlement bestial lui déchira les cordes vocales. La lumière artificielle des plafonniers lui brula les rétines tandis que ses yeux s'ouvraient de force. Ses muscles se bandèrent au maximum avant d'être pris de violents spasmes. Emprisonné dans un monde douleur, le loup pu tout de même entendre des éclats de voix lui parvenir, entrecoupés de moments de latence :
« Trop dangereux ... Complétement ...
— Ce que je veux .... Faible
— .... »
Petit à petit, les voix se firent moins nettes. Le plafond blanc et terne se flouta, avant de disparaître par intermittence, tachés par d'immenses mouches noires. Sa bête muselée ruait contre les parois de sa cage mais son épuisement ne lui permis pas de se libérer et épuisa ses dernières bribes d'énergie, empêchant de les transférer à son humain. Son corps se cabra une nouvelle fois, tendu à l'extrême, sur le point de rompre. Tout n'était que douleur et violence. Un cri rageur et puissant lui parvint dans son monde cotonneux : Compagnon !
La douleur et l'impuissance concentrés dans ce mot retournèrent le coeur de Sungyeol avant qu'une douce chaleur ne vienne s'enrouler autour de lui. Puis, ce fut le noir complet.
***
Ses paupières papillonnèrent quelques instants, laissant l'iris s'habituer à la faible mais brûlante lumière. Quelque chose lui brûlait la gorge et l'empêchait de respirer convenablement. Ses mains, incertaines, tâtonnèrent jusqu'à sa bouche avant d'entrer au contact de l'adhésif qui emprisonnait sa bouche. Un long tube bloquait sa trachée, sa respiration se faisait de plus en plus sifflante, haletante. Sans hésiter plus longtemps, Sungyeol arracha l'adhésif et, agrippant l'objet intrusif, força l'aide respiratoire à quitter son corps. La sensation faillit lui tirer un grognement, mais il le retint à temps. Les larmes aux yeux face à la brûlure dans sa gorge, brûlure qui s'accentua sur la fin tant sa gorge était sèche.
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Loups en meute
Fiksi PenggemarQui a dit que les meutes étaient toutes des cocons de douceur et de tendresse pour leurs membres ? Sungyeol peut affirmer le contraire. Même si les relations entre les meutes ne sont conseillés, jamais il n'aurait pensé finir poursuivi parce que so...