Créatures

Chapitre 4 - Rêves ou réalité ?

Wivin se releva d'un bond, haletant, il regarda l'heure sur un petit réveil d'époque posé à côté de lui. Il avait dormi presque quinze heures et elles avaient été intenses, l'odeur de brûlé semblait flotter autour de lui, un goût amer envahissait sa bouche comme si il avait vraiment vécu ce cauchemar et la silhouette floue de la femme blonde ne quittait pas ses pensées. Il se leva lentement, le corps engourdi et se dirigea vers la salle de bain, il déballa le gobelet posé sur le petit lavabo et but d'une traite l'eau anormalement fraîche du robinet.
-Bien. Bizarre ce rêve souffla t-il à son propre reflet.
Ses cheveux étaient en bataille, ses vêtements débraillés et les traces du coussin restaient gravées sur son visage, prouvant à quel point son sommeil avait été de plomb. Il se passa rapidement de l'eau sur le visage, arrangea sa tenue et descendit, guidé par l'appel de son estomac. Le hall grouillait de monde, ils discutaient dans un brouhaha joyeux, certains courraient dans les escaliers, en retard pour des cours de soutiens, d'autres récitaient encore leurs leçons en vue du prochain contrôle. Ou étaient tous ces étudiants hier soir ? Wivin n'avait rien vu ni entendu pourtant il était difficile de cacher un si grand nombre de personnes. Haussant les épaules, il se dirigea vers le bureau de la directrice, se frayant difficilement un passage au travers de cette marée humaine et frappa contre la vieille porte en bois.
-Entrez ! S'écria une voix étouffée.
-Heu bonjour Isis.
-Ha ! Wivin ! Je t'ai attendu hier soir !
-Je sais je suis désolée je me suis endormi et...
-Tatata ! Ne t'inquiète pas ! Je sais ! J'ai décidé de te laisser te reposer et visiblement tu en avais besoin se mit-elle à rire.
-Oui.. merci.. mais dites, ou étaient tous les élèves hier soir ? Je ne suis pas fou, nous étions seuls non ?
Isis posa ses mains sur ses hanches et reprit un air plus sérieux.
-Bien sûr que non, tu n'es pas fou. Lorsqu'un nouvel élève arrive, j'envoie tout le monde camper en forêt histoire de pouvoir profiter de l'établissement et discuter avec le nouvel arrivant, lui montrer chaque recoin de notre belle école.
Le jeune homme hocha la tête, étonné mais satisfait de la réponse. Il n'était pas fou et c'était très bien comme ça. Son estomac se tordit d'un coup dans un bruit peu ragoûtant, il passa sa main sur son ventre, gêné, mais la directrice esquissa un sourire en coin.
-Viens, je t'emmène à la cafétéria. Il est un peu plus de onze heures, il doit déjà y avoir du monde on va essayer de trouver une table.
Wivin la suivit volontiers vers une grande salle qui se trouvait de l'autre côté du hall, c'était une pièce très spacieuse, immense, des tables et des chaises en bois blancs étaient disposés très soigneusement, au fond, une vieille dame était en train de faire la vaisselle pendant que les élèves passaient lui déposer leur plateau. Juste à côté de l'entrée, avant les tables, un self se présentait au jeune homme, le faisant saliver d'avance.
-Bien. Je te laisse, j'ai encore du travail. Prends ce qu'il te plait.
-Merci madame.
Aussitôt qu'Isis fut partie, il se jeta sur les plateaux, cinq plats lui faisaient face, l'un contenant des frites, un autre des pâtes et un des haricots verts et blancs. Les deux derniers contenaient les viandes, le poisson et du bœuf. Il prit un peu de tout. Sur l'étagère des desserts il attrapa une orange et une mousse au chocolat puis il se dirigea vers les tables, une seule était libre près de la dame qui faisait la vaisselle. Il s'y installa face à la salle, de façon à pouvoir observer les élèves. Distraitement, tout en mangeant, il se mit à détailler un groupe de garçons qui discutaient, ils parlaient fort et portaient tous un badge similaire au niveau du col de leur chemise. Une fraternité pensa t-il, comme dans les films, peut être que lui aussi plus tard pourrait en faire partie ? Ils avaient l'air plutôt brutaux en les regardant bien, ils tapaient du poing sur la table, se menaçaient du doigt avant d'éclater de rire bruyamment. Finalement les fraternités ce n'était pas pour lui.
À une table plus proche, trois filles discutaient secrètement, jetant des coups d'œil dans sa direction, soudain elles se mirent à rire en secouant leurs longues tignasses, toutes trois portaient les mêmes vêtements, la même jupe plissée noire et le même chemisier violet, même leurs cheveux étaient similaires, longs, raides, l'une était brune, l'autre avait les cheveux d'un noir corbeau bleutés et la dernière était rousse carrément orange.