CHAPITRE 5

43 7 6
                                    

Il est dix-sept heure quinze ; je suis sur la route pour rentrer chez moi. Il se met à pleuvoir, je vois des personnes accélérer le pas, et d'autres carrément courir pour échapper à la pluie.
J'ai bien l'impression d'être la seule qui ne court pas, ne s'excite pas, et qui continue à marcher, sans détacher mes yeux du trottoir humide à présent.
Les cours ont étés, comme à leurs habitudes, extrêmement ennuyants. La prof de français nous a donné des exercices à faire pendant toute l'heure, sous prétexte qu'elle devait corriger des interrogations, alors qu'elle était tranquillement sur Facebook a discuter avec Jean-Bernard, pour s'organiser à propos de leur "barbecue" du week-end prochain. Super. Pour continuer sur la lignée, le prof de maths nous avait gentillement préparé un contrôle surprise, qui avait duré toute l'heure.
J'en ai vraiment ras-le-bol. Des profs ennuyants et incompétents. Pourquoi ne pas enseigner des matières plus intéressantes ? Parce que non, croyez moi, c'est pas l'anatomie de la grenouille qui va me faire avancer dans la vie par exemple.

Je franchis le pas de ma porte et retire ma veste, pour ensuite la jeter sur un fauteuil du salon. Ma mère n'est pas à la maison, c'est étrange car elle finit habituellement à quinze heures trente. Passons, ce n'est pas la première fois.
Je monte dans ma chambre enfiler un gros sweat à capuche et des cuissardes à lacets. Aucun assortiment, je sais mais honnêtement j'en ai rien à foutre.
Je vais ensuite piquer des chips et des Kinder Bueno (pour le dessert) dans le placard dérangé de la maison, les fourrent dans mon sac à dos noir, et me casse encore une fois pour une excursion nocturne.
Je me dirige vers l'espèce de parc, le même qu'hier, oui, mais ne croyez pas que c'est dans le but d'y trouver Lukas. Enfin j'en sais moi même rien du tout, j'avoue.
Je m'installe sur une des deux balançoires, comme hier, et allume mon téléphone pour balancer le son dans mes écouteurs. C'est là qu'une notification m'indiquant deux nouveaux messages apparaît à l'écran. C'est tellement rare.
J'ouvre le premier SMS, provenant de Clarys :

"Trois personnes pour la fête pour le moment, j'espère que t'es toujours de la partie chérie !"

Ce surnom, je me le coltine depuis le collège. Un beau jour elle a décidé que je serais sa chérie. Et quand Madame décide d'un truc, vous savez... Enfin ce n'est pas le sujet. J'y réfléchirai pour la fête...

Je me demande alors de qui peut provenir le second message, si ce n'est pas Clarys. Sans attendre je l'ouvre et m'aperçois qu'il provient d'un numéro masqué.

"Pour pouvoir profiter d'un arc en ciel il faut d'abord endurer la pluie..."

Belle citation, dans de belles circonstances. Mais aucune signature, aucun signe qui pourrait me dire d'où proviens ce message. Peut être une pub pour un site ou un jeu j'en sais rien, c'est juste bizarre. J'y fais pas trop attention en fait.

-Sharly ! Contente de te revoir. Me lance une voix maintenant familière, depuis l'entrée du parc.

- Ça ne fais que deux heures... Lukas. Dis, tu compte venir tout les soirs ici ?

- Ah oui, c'est vrai. Oups. Bah p't'être
Bien... ça va ?

- Heu ouais ça va, dis-je en rangeant mon portable et mes écouteurs. Et toi ?

- Ça va... Tu traînes souvent ici toi ?

- Tout les soirs pratiquement.

- Hm... c'est bon à savoir ! Répond-t-il, le sourire aux lèvres. T'as la réponse à ta question de tout à l'heure maintenant !

Je ne répond pas, et réfléchis au sens de sa phrase. Veut-il insinuer qu'il viendra tout les soirs ici ?

- Pourquoi tu es venue me voir le premier soir ? Je lui demande.

- Tu m'intrigue. Je veux apprendre à te connaître.

- Les autres ne t'intéressent pas ?

- Non, c'est tous les mêmes. Toi t'es... différente, intrigante et t'a peur de rien.

- C'est peut-être juste l'image que je renvoie...

- Je ne pense pas.

- Tu vas être déçu alors.

- Si c'est le cas, ça sera de ma faute. Mais je pense vraiment que tu ne me décevras pas...

***

Le jour se lève. Hier j'ai passé une soirée de dingue : Lukas est resté à discuter avec moi la moitié de la nuit, il devait être une heure du matin ou quelque chose comme ça quand je suis arrivée dans ma chambre, et que je me suis couchée après mise en sous vêtements (C'est plus agréable, croyez-le ou non !).

Ce matin, j'ignore si je vais voir débarquer ma mère, cheveux en bataille comme à son habitude, ou si elle a passé la nuit autre part.
Ma mère fait n'importe quoi depuis que papa n'est plus à la maison : alcool, plans cul,... J'en suis pas fière du tout. Elle ne s'occupe même plus de moi, si ce n'est que me dire bonsoir et désigner une assiette de raviolis quand je daigne à pointer ma tête en sa présence. Mais en même temps j'aime ma mère et ça ne changera pas. Elle profite de la vie après tout, même si c'est pas forcément dans le bon sens... Elle vit bien, j'espère en tout cas.

Bon, pas de maman ce matin. Je descend dans la cuisine et me prépare un bol de céréales, tout en pensant aux vacances ; c'est bien de rêver un peu chaque jour.

Après la routine du matin, j'enfile un jean assez large noir, des Doc Martins, et un t-shirt court gris chiné au dessus d'une brassière de sport (qui ne me sert à rien vu que je ne fais pas de sport.)
Je ferme la porte à double tours, comme le veut ma mère, et me mets en route, pour une nouvelle journée pire qu'ennuyante. Il ne pleut même plus...

Après quelques minutes de marche j'arrive devant le lycée et retrouve ma chère Clarys adorée, plus chiante que jamais, mais je l'aime trop quand même.

- Sharly chérie !

- Salut Clarys.

- Oula, t'es pas d'humeur toi !

- C'est le matin, ma poule.

- Ah ouais je vois... T'a vu Lukas ?

- Non, je viens d'arriver.

- Et hier soir...?

- Comment tu sais ?

- Je suis tes yeux et tes oreilles chérie.

- Hum... j'espère que tu ne m'espionnes pas quand même !

- Disons que je me renseigne, c'est tout ! Me dit-elle avec son air malin.

Elle change de sujet :

- Dépêches toi, les cours vont commencer.

- Ouais...

Je finis par la suivre, le pas traînant. Je me demande pourquoi elle me parle tant de Lukas. Après tout j'ai jamais dit que je le trouvait attirant ! Je l'ai juste pensé. Et puis je ne suis pas amoureuse, n'abusons pas, je ne suis jamais tombée amoureuse, c'est pas maintenant que ça va changer... enfin je crois.

- C'est pour maintenant ou dans trois heures ? Me crie Clarys, dix mètres devant moi.

- Oh c'est bon j'arrive... Je suis fatiguée.

Dans trois heures c'est pas mal non plus en fait...

SharlyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant