J'ouvre le message :
"Quand vous n'avez plus d'espoir, regardez l'horizon. Et admirez cette fleur qui pousse, elle ne devrait pas être là mais elle a tout fait pour y parvenir. Donc reprenez espoir comme cette fleur et allez de l'avant."
Encore une citation. Sont-elles réellement adressées à moi ? Je pense bien que oui, car c'est exactement ce que j'avais besoin d'entendre. Je perds un peu espoir chaque jour, à force de vouloir faire bien je fais n'importe quoi... Il vise juste, l'inconnu. Ouais, c'est frustrant quand même de recevoir des messages qui résument ma situation actuelle, sans savoir de qui proviennent ces mots, ces phrases. Ca m'agace mais je fais avec. De toute façon c'est pas ça qui va me tuer...
Je sors de la salle de bain, de nouveau propre avec mes nouveaux vêtements. Je regarde l'heure : treize heures seize ! Oups, les cours ont déjà repris.
- T'es au courant qu'on sera les deux absents en cours aujourd'hui ? Je demande à Lukas, toujours posé sur mon lit.
- C'est quand même pas de ma faute ! Se moque-t-il.
- Nan, j'avoue. On fait quoi maintenant ?
- Tu veux y aller, sérieux ?
- Où ?
- En cours, patate.
- Hum... Ouais j'ai grave envie de voir le prof de sport toucher le cul des filles, le prof de musique péter indiscrètement en pensant que Vivaldi le couve, et devoir subir toutes les têtes d'autruches de l'école !
- Ah tu trouves aussi pour les autruches ! Ca me rassure.
On se met soudain à rire, progressivement, comme deux gros gamins à qui on raconte une blague carambar. Nos rires s'amplifient, ils résonnent dans la maison vide. On ne s'arrête plus, le rire c'est contagieux. On rit alors qu'il n'y a rien de drôle, mais rire ça fait grave du bien. Depuis que j'ai appris à rire, je ne m'ennuie plus jamais ; tant qu'on est deux bouffons affalés à se marrer jusqu'à en pleurer...
Je me laisse tomber sur le lit, je ne tiens plus debout, Lukas est encore assis, mais contrairement à moi son rire est discret et mignon. Il s'arrête de s'esclaffer, ses yeux brillent, je crois que rire l'a fait pleurer. Je me redresse et me retrouve assise à côté de lui, sur le bord de mon lit.
- Ca faisait longtemps que je n'avais pas autant ris... Dit-il en se tournant vers moi.
Sans savoir ce qui me prends, je m'empresse de lui faire un câlin. C'est plus fort que moi, je suis comme l'aimant attiré par le métal. Adieu l'espace vital ! Au début il ne réagit pas, ne bouge pas et se laisse faire. Il est surpris.
- Ca faisait longtemps que je n'ai pas serré quelqu'un dans mes bras... Lui réponds-je, à voix basse.
Je sens sa main se poser sur mon dos, timidement. Il n'a pas l'air sûr de ses mouvements. Il est hésitant. Mais d'un coup, je me sens attirée avec une force incroyable vers lui. Il aura au moins essayé d'être délicat...
Il sent le pamplemousse... Exactement la même odeur de fruit que mon savon du matin. Mais je ne dis rien. Ce moment est bien trop agréable pour être gâché à cause d'une de mes stupides remarques...
***
Nous sommes restés plus d'une demi heure comme ça, à se communiquer sans mots. Je ne sais pas comment je dois le prendre. Après tout, si je ne m'étais pas jetée sur lui il n'y aurait peut-être rien eu. On serait sans doutes retournés en cours, et j'aurais dû "affronter" Clarys et ses questions.
Il est dix-huit heures trente, et je suis posée sur la balançoire, à regarder les feuilles danser. Lukas a dû rentrer chez lui pour un problème familial... Je me rends compte qu'il me manque, oui c'est rapide, mais c'est la vérité. Je ne le connais que depuis à peine deux jours mais c'est comme si c'était depuis toujours... Je ne suis pas amoureuse, je ne pense pas. Je suis simplement dans un rêve. Mais tout les rêves ont une fin, donc je devrais me réveiller d'une minute à l'autre... Pourquoi tout mon âme, mon corps, ma pensée est attiré par ce beau punk ? Je n'ai jamais ressenti ce genre d'émotion aussi forte, et en même temps je ne veux pas tout gâcher, aller trop vite...
Je regarde au loin et aperçois une silhouette familière : Clarys. Enfin Clarys accompagnée de ses potins.- Alors ça sèche les cours maintenant ! M'interpelle-t-elle.
- C'était pas volontaire...
- Racontes-moi.
- Depuis le soir de la rentrée, je parle beaucoup a Lukas comme tu l'as vu, et puis il me plait beaucoup c'est vrai, en même temps il a tout pour plaire !
- Oui ça je l'avais remarqué, mais aujourd'hui ?
- Hier midi j'ai vu que Lukas n'était pas à la cantine pourtant c'est obligatoire donc ma mission de ce midi consistait à trouver ton repère... Mais ça ne s'est pas passé comme prévu. J'ai pas été discrète, je suis tombée et il m'a entendue et m'a accompagnée chez moi pour que je me change. Sauf que j'ai mis trop de temps, donc il était trop tard et on a décidé avec Lukas de pas retourner en cours.
- Il s'est passé quoi après ?
- On s'est fait un câlin, c'est arrivé naturellement, on riait et puis...
- Rien d'autre ? Me coupe-t-elle.
- Rien, mais ça me va très bien.
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Sharly
Teen FictionDes textos de provenance inconnue, le garçon de ses rêves, des bouleversements, des insultes, des aventures, des complications... Tel est le résumé de la vie actuelle de Sharly, seize ans et demi. Plongez dans son univers, rempli de métal et de qu...