l'homme au masque

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8h du matin, les Bérénice dorment chacune dans leur coin. La poignet de la porte en métal se met à tanguer. Elle grince et le bruit se répercute en écho dans la pièce, réveillant nos douces Bérénice. Un homme portant un masque blanc entre et se dirige vers le centre de la pièce. Son regard survole chacune des Bérénice avant de se poser sur une seule d'entre-elle.

C'est le tour de Bérénice aux cheveux rouges, elles le savent toutes.Chaque jour, à la même heure, il change de Bérénice.

Elle se lève et s'avance dans l'ombre, sans bruit, les chaines de métal frottant contre sa cheville andolorie sur laquelle des marques rouges se sont inscrites avec le temps. Une plainte rauque s'échappe de la gorge de Bérénice aux cheveux blancs mais elle ne fait rien. Elles ne font jamais rien.

Après avoir été libérée de ses chaînes, Bérénice aux cheveux rouges suit l'homme au masque et sort de la pièce. Elle se retrouve dans un couloir exigu aux odeurs de clinique, sans fenêtre, éclairé par la seule lueur des néons blancs. L'homme masqué referme la porte de métal à clé et pousse Bérénice aux cheveux rouges pour la faire avancer.

Elle finit par se retrouver dans une autre pièce tout aussi sombre avec pour seul décor central une chaise équipée de sangles. Bérénice aux cheveux rouges connait très bien cette chaise, elle y a déjà passé plusieurs heures à s'imaginer une autre vie pleine de couleurs. Une simple chaise et pourtant tant de souffrances.

Elle s'y assoit d'elle-même, cela fait un moment qu'elle ne lutte plus,ça faisait encore plus mal, beaucoup plus mal. Elle ne sait plus pourquoi lutter, alors elle obéit sagement, en attendant sa rédemption.

Elle n'a jamais compris ce que lui voulait cet homme. C'est impossible.Aucune des Bérénice n'a jamais compris. Personne ne peut comprendre. Il semble si perdu, si craintif, si faible. Quelque part au fond d'elle, Bérénice prend pitié.

Avec un regard tendre, l'homme au masque lui sangle les bras et les jambes, ne laissant de mobilité qu'à sa tête. Bérénice aux cheveux rouges ferme les yeux et laisse partir son esprit en attendant, en attendant qu'il soit prêt, en attendant qu'il commence.

Et la pitié disparaît au milieu de ses cris.



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