Bérénice aux cheveux rouges

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Aucune des Bérénice n'a jamais prononcé un seul mot, elles ne se sont jamais touchées, jamais regardées dans les yeux, jamais souries. Elles gardent constamment leur distance, pourtant, elles n'ont jamais été aussi proches l'une de l'autre.

Lorsqu'elles se sont réveillées dans leur prison, c'est le fait d'être réunies qui les a fait tenir, qui les a empêchées de devenir folles. Avoir une présence rassurante auprès d'elles dans ce moment d'incompréhension, c'était tout ce dont elles avaient besoin. Elles avaient besoin l'une de l'autre. Chacune de ces trois Bérénice représente leur survie à toutes.

Bérénice aux cheveux rouges reste très souvent dans son coin. Cette Bérénice est une rêveuse. Elle hait cet endroit sombre et froid délimité par quatre murs de pierre et cette petite porte de métal. Lorsque cette porte s'ouvre, toute forme d'espoir disparaît.

Alors elle s'évade, elle préfère vivre ailleurs, dans son esprit, en emmenant avec elle ces Bérénice qu'elle ne comprend pas.

Elle ne comprend pas Bérénice aux cheveux blancs qui reste toujours impassible à ne rien faire, jamais de geste, jamais de regard,jamais de sourire. Pour Bérénice aux cheveux rouges, elle ressemble à un ange mort, détruit par le simple fait de vivre. Elle ne comprend pas Bérénice aux cheveux noirs qui reste inlassablement devant cette satanée fenêtre, qui lui rappelle qu'elles ne peuvent pas s'enfuir, qu'elles sont peut-être enfermées ici à tout jamais,et qui lui détruit ses rêves et ses espoirs.

Alors elle les emmène dans un pays plein de vie, avec des couleurs et un feu doux qui les réchauffe. Elle n'aime pas ceux de Bérénice aux cheveux blancs, ils lui rappellent le froid et la glace, comme le solde leur prison de marbre. Ils lui rappellent le métal de ses chaînes qui la retiennent prisonnière. Ils lui rappellent la neige qui tombe lentement à l'extérieur, loin de son regard. Alors elle les imagine autrement, orange par exemple, un peu plus clairs que les siens,ressemblant plus à la couleur du feu. Lorsqu'elle était petite,Bérénice aux cheveux rouges adoraient se poser près de la cheminée, la chaleur caressant la douceur de son visage. Sa mère lui chantait des chansons qu'elle inventait sur le moment, pendant que Bérénice aux cheveux rouges caressait les cheveux de sa petite sœur, allongée dans ses bras.

De la chaleur. Aujourd'hui, c'est tout ce dont elle a besoin. Mais tout ce qu'elle détient, c'est la chaleur fictive de son esprit.

Alors elle y plonge à nouveau et continue à imaginer de nouvelles choses.Les murs de la prison se transforme et laisse place à la verdure d'un pré. Elle respire l'air frais et caresse l'herbe du bout de ses doigts. Elle court au milieu des champs et laisse ses cheveux voler dans le vent. Jamais elle ne s'est sentie aussi heureuse qu'à ce moment.

Mais tout est irréel, et lorsqu'elle en prend conscience, tout s'arrête instantanément. Les murs de pierre reprennent leur place, le froid l'agresse à nouveau et la revoilà plonger dans le chaos.



BéréniceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant