Bérénice aux cheveux noirs

45 2 0
                                    


C'est le calme qui règne dans la pièce. Comme d'habitude il n'y a aucun son à part celui de leurs vêtements qui se frottent les uns contre les autres, et les genoux de Bérénice aux cheveux noirs lorsqu'elle tente de se déplacer, accablée par la chaîne en métal qui retient sa cheville.

Lorsqu'elle arrive devant la petite fenêtre, seule source de lumière de leur prison, elle se lève automatiquement sur ses pieds endoloris par le froid et observe.

Bérénice aux cheveux noirs adorent regarder par la fenêtre. Ca lui rappelle qu'un jour elle a été libre, aussi libre que ces oiseaux qui volent dans le ciel. Elle se souvient des rayons du soleil qui traversaient la fenêtre de sa chambre quand elle était encore une enfant et qui la réveillaient tous les matins par leur chaleur sucrée. Bérénice aux cheveux noirs ne peut pas se passer de lumière.

Dans sa prison de noir, lorsqu'il fait jour, la lumière pénètre difficilement dans la pièce, mais malgré tout, cela lui offre une once d'espoir et d'oxygène. La nuit, tout est plongé dans l'obscurité. Elle ressent toujours cette sensation d'étouffement, comme si la nuit cherchait à l'éteindre, à détruire la fine particule de lumière qui reste encore en elle. Elle tend alors l'oreille, et c'est le bruit rassurant de la respiration des Bérénice qui la calme.

A travers la lucarne, elle entend les oiseaux chanter et les voit prendre leur envol dans le ciel bleu de l'hiver. Sur les arbres, une rosée blanche fait son apparition et laisse entrer le froid dans leur prison. Bérénice aux cheveux noirs finit toujours par se recroqueviller sur elle-même pour tenter d'avoir un peu plus chaud et se cache derrière sa sombre chevelure. Elle se laisse alors à imaginer la voix de ses Bérénice, bercée par les bruits venant de l'extérieur.

« Je ne suis pas seule, je ne suis pas seule », répète Bérénice aux cheveux noirs en boucle pour se rassurer. Elle regarde les autres Bérénice du coin de l'oeil et laisse peu à peu tomber la panique qui la gagne chaque fois qu'elle n'a plus le regard rivé sur l'extérieur.

Elle laisse sa tête retomber maladroitement contre le mur de marbre gris et ferme les yeux pendant un instant. Que vont-elles devenir ?

Cachée dans l'ombre je la regarde

Sourire à la mer, bercée par le bruit des vagues.

Elle s'avance dans l'eau et glisse par mégarde

Sur le sable doré, puis sort la belle dague.

La lame fine scintille sous le soleil brûlant,

Le métal rayonnant d'une chaleur intense,

Pointé vers son cœur tremblant

Qui semble vouloir détruire sa plus belle existence.

En transe dionysiaque elle hurle de douleur

Quand le sang chaud s'écoule sur ses mains.

Elle tombe et dans un dernier instant de douceur

Laisse l'odeur salée l'emmener au lendemain.

BéréniceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant