Blancheur enfantine

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Bérénice aux cheveux blancs reprend peu à peu conscience, ouvrant lentement les yeux. Elle se réveille dans sa cellule, ses deux autres Bérénice autour d'elle, Bérénice aux cheveux noirs pleurant, Bérénice aux cheveux rouges lui caressant les cheveux.

La douleur infligée par l'homme au masque fut décuplée cette fois-ci. C'est comme s'il perdait patience. Alors Bérénice aux cheveux blancs comprend. Il ne leur reste pas beaucoup de temps. Mais leur seule moment de liberté fut gâcher par Bérénice aux cheveux rouges. Pourquoi ne s'est-elle pas enfuie ? Pourquoi n'est-elle pas partie le plus loin possible prévenir quelqu'un, n'importe qui, que ce malade existe ? Elle n'a encore rien compris. Elle n'a rien compris sur Bérénice aux cheveux noirs et sur Bérénice aux cheveux blancs.

Alors elles continuent de souffrir toutes les trois, elles continuent de souffrir comme si elles n'avaient pas déjà assez souffert.

Le plus lointain souvenir dont Bérénice aux cheveux blancs puissent se rappeler est lui aussi un moment de douleur.

Lorsqu'elle était toute petite, son père ne savait déjà plus se retenir, alors il cognait, encore et encore. Ca a toujours été ça l'enfance de Bérénice aux cheveux blancs. Alors elle tentait de s'évader comme elle pouvait. Elle lisait, elle courait, et elle frappait tous ceux qui tentaient de l'approcher.

Jusqu'au jour où ce garçon l'a surpris.

Assis sur le seul banc du parc, en pleine nuit, il l'attendait. Il savait qu'elle s 'y rendait tous les soirs pour être seule. Il voulait comprendre. Comprendre pourquoi cette fille semblait en vouloir au monde entier, comprendre pourquoi elle estimait tout le monde responsable de son malheur.

Alors il l'a attendu cette nuit-là, assis sur ce banc, ne sachant pas réellement ce qu'il pourrait lui dire.

Lorsqu'elle l'aperçut, Bérénice aux cheveux blancs hésita à rentrer chez elle et à revenir un peu plus tard. Mais rentrer à la maison, ça voulait dire rentrer l'affronter, et elle n'était pas encore prête.

Alors elle s'avanca doucement, comme si elle avait peur de le faire fuir sous le bruit de ses pas, et s'asseya à côté de lui.

Elle n'osait pas le regarder, alors elle posa ses yeux sur la balançoire qui tanguait légèrement en face d'elle et ne bougea plus.

Le garçon ne savait plus quoi faire, il ne s'attendait pas à ce qu'elle s'approche de lui, elle qui était toujours froide et distante avec tout le monde. Il l'observait souvent dans la cour de leur école, accoudée au mur, les yeux perdus. Alors il se demandait à quoi elle pouvait bien penser seule dans son coin. Il n'avait jamais osé l'approcher jusqu'à ce soir, par peur de l'effrayer et de la faire fuir.

Mais ce soir il était là, assis juste à côté d'elle, attendant un signe, un geste qui lui dirait qu'il a le droit de parler, de la regarder, de lui sourire.

Il finit par poser sa main près de la sienne et attendit qu'elle y dépose la sienne. Elle avait un ami.

Tous les soirs, ils se retrouvèrent sur ce banc pour se donner la main. Plus les soirs passèrent, plus elle se dévoila à ce jeune garçon qu'elle ne connaissait pas. Pour l'aider, il la faisait rire, lui raconter des histoires, lui parler de sa vie. Lui non plus n'aimait pas trop les autres enfants, ils étaient méchants, ils ne les comprenaient pas.

Ils avaient tous les deux trouvé leur rituel.

Jusqu'au jour où elle a tout détruit.

Un soir où son père était encore en colère, elle lui jeta le verre d'eau qu'elle avait sous la main et s'enfuit.

Elle ne 'imaginait pas que son père l'a poursuivrait dans la rue. Il l'a suivi jusqu'au parc où elle retrouvait son ami.

Et pour donner une leçon à notre Bérénice aux cheveux blancs, il tapa le garçon, encore et encore, jusqu'à ce que bérénice ne puisse plus reconnaître son visage. Et il porta de force sa fille jusqu'à leur maison.

Bérénice aux cheveux blancs s'est toujours demandé pourquoi ce garçon si gentil n'avait pas dit aux autres ce qu'il s'était passé. Au lieu de ça, il a inventé une bagarre de rue, dans laquelle il n'aurait pas reconnu ses agresseurs.

Il a dû le faire pour la protéger. Il a finit par faire tout le contraire.


Le petit garçon rentre dans sa chambre tout étourdi,

Après avoir passé son après-midi au soleil.

C'est cette petite fille qui l'a ébloui,

Avec son doux parfum saveur canelle.

Elle t'a souris et comme un voleur,

tu t'es enfuis avec déshonneur.

Ne sois pas triste mon petit,

Demain peut-être ou encore vendredi,

Tu retourneras la voir avec une fleur,

une cosmos pleine de couleur.



BéréniceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant