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 J'ai bravé les lois du "labyrinthe". Mais je voulais m'échapper. Je voulais sortir de cette prison. Et j'ai obtenu ce que je voulais, mais à quel prix...

Le jour du départ, nous nous sommes introduits dans le dernier wagon, celui des bagages. Nous nous sommes faufilés par une fenêtre ouverte durant la nuit. Je remerciai mille fois le ciel et dieu d'avoir créé la cupidité, car si je n'étais pas riche, ce n'était pas le cas de Jubia et Liam qui pouvaient se permettre de payer en pots de vins un gardien du dernier wagon tout en étant incapables de se payer un voyage pour le Nord. Celui-ci a exigé une somme plutôt conséquente pour trois malheureux qui voulaient juste observer un phénomène naturel. Mais en additionnant leurs économies, nous avions assez pour passer à trois dans une « soute » où l'air était putride et la chaleur suffocante. Désormais, Jubia et Liam n'avaient plus rien.

A l'aube, le train a démarré avec un chahut infernal et un panache de fumée noire. On entendait des familles lâcher des au revoir déchirant à leurs proches qui partaient en enfer pour voir un spectacle paradisiaque. Le roulement du véhicule nous secouait et notre condition était abominable. L'atmosphère était lourde, et la température plus élevée que dans n'importe quel autre endroit du labyrinthe. Quand je pensais à l'air climatisé qu'on réservait aux passagers, aux petites tartines de caviar qu'on leur proposait, et aux bouteilles de champagne qu'on leur ouvrait. J'étais verte de jalousie.

Les heures ont défilé, puis les jours. Nos maigres provisions s'amenuisaient. Nous tentions de tenir bon, mais Jubia, qui n'avais jamais connu la privation, n'arrivait pas à garder son calme.

« J'ai faiiim ! s'exclamai-t-elle. Et quelle chaleur ! L'air est irrespirable !

- Moins fort, lui intima Liam, avachis sur des bagages, le front moite, les cheveux mouillés de sueur.

Puis, tout en regardant en l'air, il a souri.

- Tu n'as rien à dire ? se moqua-t-il.

- Enfin un peu de respect ! répliqua à ma place Jubia.

Je lui ai souri afin de la remercier. Après tout, je n'allais pas briser mon vœu de silence pour une simple question de courtoisie.

L'or blancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant