J'en ai arrêté de sourire à son évocation, de l'espérer, et de me battre pour voir l'or blanc. Je n'avais plus aucune détermination. Je ne voulais plus qu'une chose, encore plus impossible que de le voir. C'était remonter le temps. Avant de commencer cette folie... Mais il était trop tard.
Le froid est devenu si dur que nos doigts bleuissaient. Nous sommes montées bien plus haut que nos prévisions. Nous sommes nous si mal préparés que ça ? La journée s'est achevée et la nuit est tombée. Au lieu de l'espérer, nous la redoutions désormais, car la température chutait littéralement. Nous nous frottions les bras en marchant de long et de large dans le wagon.
« Nous devrions déjà être arrivées, soupira Jubia, les lèvres violettes. »
A peine a-t-elle prononcé ces paroles que le train s'est arrêté. Nous étions arrivées.
Nous avons entendu des bruits de pas. Nous nous sommes immédiatement faufilées avec discrétion derrière les derniers bagages du wagon. La porte donnant sur l'avant dernier fourgon s'ouvrit. Couchée au sol, je ne pouvais voir de la personne que ses pieds sous les valises. Il s'avança en chantonnant. J'ai arrêté de respirer. Il s'avançait vers nous.
- C'est cette malle rouge ? questionna la personne qui s'avérait être un homme.
- Oui, celle au fond, répondit une voix aiguë.
J'ai levé un regard sur le bagage qui me dissimulait. Rouge comme le sang. Les larmes sont montées à mes yeux toutes seules. Puis soudain l'homme s'est arrêté. Devant le corps de Liam.
- Ho mon dieu... Ne rentrez surtout pas ! s'exclama-t-il.
J'ai entendu le clic caractéristique d'une arme qu'on charge. J'ai cru que j'allais hurler de frayeur. Non. Pas maintenant. L'homme a marché dans ma direction. J'ai lâché un sanglot. Il s'est immobilisé.
- Je te tiens, murmura-t-il.
Tout à coup, un fracas retentit dans tout le wagon.
- FUIS LUCIE ! beugla Jubia.
Je suis restée en boule à ma place. En jetant un coup d'œil à ce qu'il se passait, j'ai assisté à un combat acharné. Jubia était sortie de sa cachette, s'était jetée sur l'homme en question et le tenait par les mains en tentant de détourner le canon de son arme au plafond. Un coup de feu retentit suivit des cris des passagers. Jubia tomba au sol. Face à un homme, elle ne faisait pas le poids.
- MAIS QU'EST CE QUE TU ATTENDS ? hurla-t-elle en m'apercevant. VAS T'EN ! ET EN REVIENS PAS !
Incapable de lui désobéir j'ai ouvert la fenêtre, et j'ai sauté dehors. J'ai couru au loin jusqu'à une falaise et en me retournant fréquemment pour voir si Jubia me suivait. Mais elle ne sortait toujours pas du wagon d'où résonnèrent deux nouveaux coups de feu, et dont l'écho me parcourut l'échine comme un frisson. Je me suis effondrée et j'ai pleuré à chaudes larmes. J'avais perdu par la même occasion ma dignité, mon courage, et mes amis.
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L'or blanc
Truyện Ngắn"J'ai bravé les lois du "labyrinthe". Mais je voulais m'échapper. Je voulais sortir de cette prison. Et j'ai obtenu ce que je voulais, mais à quel prix... " Une épopée à travers un continent mort, dans un seul objectif : observer ne serait ce qu'un...