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La chaleur montait au-dessus de nos craintes les plus profondes. De peur de se brûler sur les murs qui étaient devenus cuisants, nous ne nous appuyions plus dessus. Nous n'avions plus d'eau, ni de nourriture. Le voyage, qui était censé durer une semaine commençait à prendre du retard. Nous craignions cela depuis que le train s'était arrêté à une gare non prévue sur l'itinéraire. Nous avions eu beau préserver nos réserves, elles s'étaient épuisées. Liam supportait très mal la chaleur, il s'épongeait le front sur lequel coulait des litres de sueur, et toussait à la moindre secousse. Lorsque Jubia lui demandait s'il allait tenir, il grognait, lui demandait de le laisser et s'en allait dans un coin du wagon, à l'ombre. Nous savions que nous ne devions pas tenir plus de quelques jours. Deux ou trois au grand maximum. Mais à la fin de la première journée, Liam était aux portes de la mort. Il s'était évanoui plus d'une fois. Et à la nuit tombée, sa fièvre augmenta.

« Tiens bon, plus que deux jours, promettait Jubia. »

Comme elle se trompait.

En effet, lors du deuxième jour, le train s'arrêta. Et le vent qui filait dans le wagon et nous aérait s'est arrêté. Nous ignorions tout de ce qu'il se passait. Nous avons attendu. Une heure, puis deux et enfin à la troisième heure, le train a redémarré. A travers la fenêtre, le sol semblait s'être transformé en lac miroitant. « Un mirage », avais-je compris.

- Je ne tiendrai pas un troisième jour, siffla Liam.

- Nous allons y arriver, jurait Jubia. Économise tes forces et tais-toi.

Et enfin, un miracle arriva. Le troisième jour, une pluie diluvienne frappa la Terre avec force, et la température chuta brutalement. Nous sommes arrivés au pied de la montagne et commencions notre ascension. Une montée qui se fit rapidement. Trop rapidement. Le train prenait à chaque seconde de la vitesse pour rattraper notre retard. Et la température diminuait, diminuait, et diminuait. De petits nuages sortaient de nos bouches à chacun de nos expirations. Mais aucun signe de l'or blanc.

Liam ne parlait plus depuis une heure, il se contentait de psalmodier de vieilles prières. Je fixais les paysages avec attention. Avec patience, en espérant, et en priant silencieusement pour que vienne la neige. Je n'entendis pas le silence, suivi d'un gémissement.

Jubia m'a tapoté sur l'épaule. En me retournant, je pouvais voir, et c'était la première fois, des torrents de larmes sillonner ses joues. Je lui ai jeté un regard interrogateur. Puis j'ai fait attention, depuis notre arrivée à la montagne, à Liam. Sa bouche ne rejetait plus le petit nuage indiquant qu'il respirait. Et sa poitrine ne bougeait plus.

- Il nous a quittées, pleura Jubia.

L'or blancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant