L'or blanc

final

Je marchais depuis des heures, mon esprit en proie à une cruelle décision. Je suis montée en haut de la falaise et suis arrivée en haut. De mon point de vue, je pouvais voir le train redémarrer, laissant derrière lui deux taches dans le sol clair.

Devais-je sauter ? Rejoindre mes amis ?
Je n'avais pas été digne de leur confiance. J'avais délaissé Liam alors qu'il dépérissait et j'avais abandonné Jubia tandis qu'elle me protégeait. Je n'étais pas plus humaine que ces snobinards qui se payaient le luxe de voir l'or blanc sur le dos de pauvres clochards.

J'ai fermé les yeux et j'ai crié. Crié. Crié jusqu'à en perdre la voix.

Mais qu'est-ce que je ressentais ? De la tristesse d'avoir perdu mes compagnons ? De la colère envers leur assassin ? De la pitié pour eux ?

Non. De la honte.

Et tandis que je me faisais toute cette réflexion, une étincelle blanche est tombée du ciel au loin. J'ai arrêté de réfléchir sur mon destin, sur mon avenir, sur ma mort. Puis une seconde pastille est tombée. Et rapidement ce fut une averse de flocons blancs. J'ai souri. Puis j'ai ri. Comme une gamine sur les épaules de son père. Je me suis assise contre une pierre, et j'ai laissé la neige me tomber sur les cuisses et les épaules. J'en avais même sur le nez. C'était froid, puis brûlant. Comme le relataient les livres. J'ai observé un flocon au bout de mon doigt. Cette forme géométrique ressemblait trait pour trait aux magnifiques dessins des images que je collectionnais. Alors j'ai murmuré ces quelques mots d'une voix éraillée par toutes ces années de mutisme :

« Merci, merci. »

Et enfin le soleil s'est levé. Le ciel s'est teinté de nuances roses et oranges, et les rayons du soleil rouge pastel passaient entre les flocons qui s'écoulaient en masse du ciel. J'ai fermé les yeux, et me suis allongée dans la neige. Mes cils se sont recouverts de cette douce neige.

Comment était ce moment ?

C'était comme se retrouver 500 ans dans le passé. Dans un monde où ce phénomène est d'une banalité si affligeante qu'on y fait attention qu'une fois qu'il a disparu. C'était irréel. C'était magique.