La Moisson.

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Panem aujourd'hui, Panem demain, Panem à jamais.

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La lumière filtre par rais diffus dans ma chambre et mouchette ma peau, la chauffant légèrement d'une sensation agréable. Je me retourne sous mes couvertures dans un froissement de tissus, soupirant d'aise. Dehors règne l'atmosphère propre aux grands événements, cette frénésie palpable, cet empressement excité qui m'engourdissent de bonheur chaque année. Aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres.

Aujourd'hui c'est la Moisson.

La Moisson de mes 18 ans.

Ma dernière Moisson.

Dehors tout le monde s'affaire déjà. Les bannières frappées du sceau de Panem sont hissées, la scène montée, les écrans allumés et les micros testés. Ici, la Moisson n'est pas perçue comme une malédiction destinée à nous arracher nos enfants. Non, c'est un événement attendu et fêté. Chaque parent rêve de voir son enfant se porter volontaire et revenir victorieux. Et même s'il venait à mourir dans cette arène, personne ne pleure sa progéniture. On considère ça comme un sacrifice nécessaire pour l'honneur de la famille. Nous ne sommes pas faibles, ni sentimentaux ici. Nous sommes forts contrairement aux autres Districts.

C'est dans cette optique que, toute mon enfance, j'ai regardé avec émerveillement nos Tributs se battre avec honneur dans l'arène pour souvent en sortir victorieux. Dès que j'ai eu l'âge requis j'ai intégré une école spéciale dans laquelle j'ai appris le maniement des armes. J'ai touché à tout, expérimenté les façons les plus brutales pour tuer. Mes compétences sont totales et inébranlables. Je suis prêt. Prêt à tuer, à briser des alliances, à trahir n'importe lequel de mes amis. Rien ne m'importe plus que la gloire et la richesse.

Je descends au rez-de-chaussée. Il est vide, évidemment. Ma mère doit être en train de prendre le thé chez ses amies et mon père, important dirigeant du District, au travail pour la Moisson. Ma petite sœur, Aemilia, doit encore dormir. A 10 ans la Moisson ne la concerne pas encore. Je me sens bien, détendu dans cette immense maison calme et vide.

Je m'assois lourdement à la table de la cuisine et entreprends de sortir de quoi me faire un petit déjeuner digne de ce nom. Pain, confiture, céréales, fruits, bacon, nous ne manquons de rien au Deux. Nous sommes un point militaire stratégique pour le Capitole et celui-ci nous récompense grassement des services rendus en s'assurant de notre confort et fait tout pour qu'il soit optimal. Nous entretenons vraiment une relation particulière avec la capitale. Nous sommes privilégiés et nous seuls pouvons voyager dans les autres Districts. Le Quatre et ses plages attire, ainsi que le Un et sa richesse et le Capitole évidemment qui est une destination de choix et c'est à peu près tout. Les autres zones sont totalement dépourvues d'intérêt pour des gens importants comme nous. Il n'y a aucun intérêt à aller s'enterrer sous des tonnes de charbon ou s'enliser dans des champs à perte de vue.

Après avoir englouti ce que mange en un an l'ensemble de la population du Douze en l'espace de 10 minutes, je vais m'étaler sur le canapé et allume paresseusement la télé, histoire de tuer le temps.

Des bruits de pas me tirent des Hunger Games dans lesquels je suis plongé, l'édition ou Finnick Odair a gagné. Bien que j'ai envie de planter ce type à chaque fois que je le vois, je dois bien lui reconnaître sa parfaite maîtrise du trident. C'est loin d'être facile. Je le sais, j'ai déjà essayé et ma tentative s'est soldée par un échec cuisant. L'arme s'échouait toujours piteusement à deux mètres de sa cible ; un comble pour moi qui maîtrise la plupart des armes existantes.

Les Hunger Games de CatoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant