Chapitre 4 :

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- D'après ce que je me souviens, j'ai versé de sang sur eux, ils devraient être vivants ! Comment est-il possible que ce ne soient pas mes parents ?

Qui étaient-ils vraiment ?

- Est-ce que tu sais ce qui fait que ton sang soigne ?

- ...

- Toi, tu es l'élément qui fait que ça machera. Sans toi ton sang n'a aucune utilité.

- ... Et pour...

- Tes parents ? Viens, marchons.

Elles continuèrent leur balade à travers la jungle.

- Ton père, Gordon Alexander, était le cadet de sa famille. Son père à lui était Spencer Alexander. C'était un grand chef à l'époque. Gordon avait quatre frères plus grands que lui d'au moins cinq ans. Et un jour, Spencer a décidé d'emmener ses fils en découverte, sur tes terres mais Gordon a du rester car il était trop petit. D'autres hommes et des femmes étaient avec eux. Personne n'est jamais revenu de cette aventure. Alors Gordon est devenu le chef. Il a, comme tout chef, été appelé par son deuxième prénom, celui qui se passe de père en fils depuis la nuit des temps.

- Et ma mère ?

- Ta mère était une très belle femme, du début à la fin de sa vie. Elle s'appelait Sylvia Rose. Elle possédait des pouvoirs qui n'étaient que pour les autres. Ils étaient pour le bien de tous. Et elle a passé sa vie à les utiliser pour le peuple. Quand Alexander a été nommé chef, il a tout de suite remarqué Sylvia dans la foule. Un mois plus tard, ils étaient mariés et elle portait le nom de Sylvia Alexandra.

- Si je porte leur nom comme vous l'avez insinué l'autre jour,  comment c'est possible qu'ils ne soient pas mes parents ?

- Ils ont essayé d'avoir des enfants. Longtemps. Ils en ont eu un qui est né beaucoup trop tôt et qui était déjà mort. Ils ont demandé de l'aide aux étoiles qui représentent les les anciens. Les étoiles ont dû se souvenir qu'ils n'avaient fait que le bien tous les deux et que Sylvia s'occupait plus des autres et de la nature que d'elle et ils ont fait naître un enfant depuis le grand arbre.

- Je n'ai pas encore vu cet arbre. Il faudra que je le vois absolument.

- Laisse moi continuer, se plaignit la vieille femme.

- ...

- Tu es née de la nature. Tu n'es pas vraiment leur fille mais ils t'aimaient plus que tout. Durant ton absence, j'ai pris le commandement. Demain tu pourras être sacrée chef à ton tour. Avant, allons voir le village.

Je l'ai suivie là-bas. La forêt qui était auparavant dense, s'est éclaircie et une sorte de petite clairière s'est ouverte devant moi. J'ai découvert un magnifique village perché dans les arbres, accessible grâce à des escaliers sur les troncs, des ponts, des cordes. Tout un tas de systèmes ingénieux et fabuleux. Derrière moi trônait le lieu oú je dormais en compagnie de Flamina.

- Cette île est vraiment un paradis.

- Tu ne crois pas si bien dire si tu penses au massacre commis par ceux que tu aimes tant.

- Oui... d'ailleurs oú sont ils ?

- Dans cette cabane, répondit-elle en montrant l'endroit perché.

- Je pourrais bientôt les voir ?

- ... Viens plutôt voir l'arbre.

- Bien...

Pourquoi est-ce qu'elle refuse que je les vois ? J'ai le droit de parler à qui je veux. Je dois tenir ma promesse et cueillir la fleur pour soigner Kyle.

Je suis arrivée devant l'arbre. Il était impressionnant. Des dizaines et des dizaines de mètres de mètres de haut. Plus grand qu'un grand nombre d'habitations de mon monde d'avant. Plus grand que tous les autres arbres d'ici. Majestueux. Mais blessé. Terriblement abîmé. J'imaginais la sève qui coulait avec difficulté à l'intérieur.
Je me suis jurée qu'après m'être occupée de Kyle, je soignerais cet arbre. Je ne pouvais pas rester longtemps comme ça.

- Est-ce que je pourrais prendre la rose ?

- Ce n'est pas à moi qu'il faut le demander.

- Je vois, alors j'y vais.

- Où ?

- Cueillir la fleur !

Et je l'ai laissée en plan. Je suis allée pleine d'espoir et déterminée pour trouver cette sorte de rose.

Je suis allée au même endroit que lorsque nous sommes arrivés sur l'île. J'ai retrouvé la rose. Avant de la cueillir, j'ai cherché la racine apparente. J'ai cueilli une fleur - le bouquet était de trois - que j'ai ensuite déposée délicatement sur le sol. Puis j'ai posé mes mains au dessus de la racine. La même sensation que la première fois s'est répandue dans tout mon corps et la fleur a repoussé tout de suite. J'ai récupéré celle qui était parterre et je suis allée au village. Je suis montée dans le premier arbre que j'ai trouvé et dans la première cabane, j'ai trouvé Flamina. Elle était penchée sur un enfant allongé au sol. Le petit ne bougeait pas et c'était à peine si sa poitrine se levait au rythme de sa respiration. Flamina a levé la tête dans ma direction, les yeux peinés et les mains au dessus du corps avec une faible lumière qui s'en échappait. Une femme caressait la tête de l'enfant, les yeux pleins de larmes et des cernes très creusées sur ses joues.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? J'ai demandé.

- Le jour de l'attaque de l'île, les humains ont apporté une maladie. Une bactérie qui met un an à agir. Le jour où elle s'attrape, la personne perd la mémoire et est un peu folle. Un an plus tard, jour pour jour, le cerveau tombe en miette et c'est fini. Ça touche plus souvent les enfants.

- Comment s'appelle-t-il ?

- Liam.

- Et pourquoi avez-vous tes mains au dessus ?

- Je suis une ancienne, je peux faire certaines choses parfois alors je garde sa vie un peu plus longtemps. Nous attendons minuit avant de le laisser aller. Il faut mieux que tu sortes, c'est parfois contagieux.

- Mais sa mère va tomber malade.

- Sauf votre respect, Arizona, a dit la mère de l'enfant, au moins cinq de mes enfants sont morts de cette maladie, à chaque fois je les ai veillé jusqu'à leur dernier souffle, à minuit. À chaque fois, la tribu était réunie autour de l'arbre. Jamais je n'ai attrapé la maladie.

- Est-ce que vous seriez d'accord pour que j'essaye de le ramener ?

- Je ne veux pas vous faire perdre votre temps ni que vous tombiez malade.

Je voyais ses yeux se remplir de larmes mais rien ne coulait.

- Laissez-moi essayer, j'ai dit en regardant Flamina droit dans les yeux et en commençant à mettre mes mains à la place des siennes.

J'ai avancé ma main droite un peu plus loin que la gauche et j'ai retiré le couteau de Flamina de son fourreau. Elle s'est écartée pour me laisser la place. Je me suis entaillé comme à chaque fois et du sang a perlé de mes mains.

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