Chapitre 2 :

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Je voyais l'eau se rapprocher. Mais je n'avais pas peur. On était tellement haut. Et de moins en moins au fil des secondes. Robert et Kyle m'avaient tout de suite suivi et je les entendait crier mais je ne comprenais rien. Plus que quelques mètres avant de me retrouver dans l'océan. Je faisais le décompte dans ma tête.
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Mais ?! Comment c'est possible ?! Je n'ai même pas senti le choc, je n'ai rien senti !? C'était comme si j'étais rentrée dans un bain. Froid certe, mais accueillant. Puis tout à suite après, deux grandes explosions dans l'eau : Kyle et Robert venaient de tomber et cette fois-ci, la mer ne leur avait pas fait de cadeau. J'ai vu leur tête ressortir un peu après. J'ai regardé autour de moi. Que du brouillard. Partout. Impossible de voir une île dans cette purée de pois - je n'en ai jamais mangé, les repas ne sont faits que de protéines et vitamines préparés pour ressembler à de la vraie nourriture -. Nous étions perdus et nous avions échoué. Je commençais à désespérer.

Je me suis laissé couler, lentement. Sans jamais avoir besoin de remonter. J'avais froid, j'étais déçue, triste et déprimée. J'ai continué encore sans me débattre et je voyais les garçons s'affoler à la surface. Mais peut importait puisque nous étions perdus.

Alors que tout espoir était parti, j'ai vu devant moi une masse sombre venir. C'était un poisson bleu plus grand que moi. Sa peau était lisse et son "nez" sur le "visage" faisait deux petits trous. Il ressemblait un peu à un dauphin, que j'avais vu dans un livre, mais il faisait plus humain. Je suis remontée à la surface chercher Kyle et Robert. Cet animal pouvait nous guider, son air ne m'était pas étranger.

On l'a donc suivi et nous avons passé la barrière de brouillard. Et c'est là qu'on l'a vue. L'île. Illuminée par les rayons du soleil. La plage s'offrait à nous dans la baie. Les falaises à droite. Le volcan tout derrière qui trônait. Enfin, j'étais chez moi. Pas tout à fait mais je me sentais plus à ma place que dans la forteresse du Gouverneur. Et c'était là. Devant les yeux. J'ai continué à suivre l'animal jusqu'à la rive et il a rampé sur la plage. Je l'ai remercié, il a plongé et à disparu. Les garçons étaient loin derrière et m'appelaient mais je profitais de ce beau paysage. Je découvrais cet univers fantastique. Dans les arbres qui mesuraient plusieurs mètres de haut, je voyais des animaux en tout genre : des singes avec des grands yeux et des moustaches blanches sur leur pelage noir qui leur faisait un grand sourrire, des oiseaux longs, fins et rouges comme le feu, d'autres gros, petits et jaune fluo, des félins bleu marine qui grimpaient aux arbres et se logeaient dans des nids avec les autres... Tout ça était vraiment utopique. J'ai marché en direction de la forêt. Un détail avait attiré mon attention. Les garçons venaient d'arriver et se dirigaient vers moi à bout de souffle. J'ai approché cette plante, cette rose qui avait un borgeon au centre. LA plante qui pouvait soigner Kyle. J'ai tendu les doigts pour la cueillir mais je me suis piqué sur la tige. J'ai poussé un petit《Aïe !》et j ai fait un pas en arrière. Soudain, des hommes habillés comme dans mes rêves sont sortis de derrière les buissons et ont pointé leurs lances dans ma direction. Nous étions encerclés.

- Aucun humain ne peut venir ici. Comment avez-vous fait ?

Tout tournait si vite dans ma tête. Il y avait une chose à laquelle je n'avais pas pensé : l'île avait toujours été introuvable et invisible pour les humains, alors comment avaient-ils fait il y a plus de onze ans ? J'avais pu la trouver tout à l'heure car je n'en suis pas une mais il y a onze ans ? C'était impossible. Il n'y avait aucune explication. Je ne comprenais rien. Je ne bougeais pas. Pourquoi j'y avais pas pensé avant ? Ils n'avaient pas pu, eux tous.

Les corps de Kyke et Robert qui tombaient au sol m'ont sortir de mes pensées. Que c'était-il passé ? Je n'y comprenais rien. Voilà que maintenant que je retrouvais tout, tout s'écroulait. Je me suis sentie lourde d'un coup et je me suis évanouie.

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Une grand explosion a retenti et tout le sol a tremblé. J'étais dans mon rêve. Celui qui ne s'était pas achevé. Ce jour là. J'allais enfin savoir ce qu'il s'était passé. J'étais sur la plage et j'ai courru chez moi. J'ai heurté un garçon un peu plus grand que moi : Bryant. Sans rien me dire, juste me regarder, j'ai compri. J'ai compri que c'était grave. Il m'a pris la main et nous avons courru dans la correction des falaises. Il allait vraiment vite mais comme on dit : "Je courrais comme si la vie en dépendait." C'était le cas.
On a entendu des coups de feu derrière nous et ils arrivaient à quelques mètres à peine. On étais suivis par des soldats. Le sol est devenu plein de cailloux coupants sous nos pieds. J'avais mal et je sentais que je ne pouvais plus tenir très longtemps comme ça. Mais on était presque arrivés. Un autre coup de feu a retenti. Plus proche que les autres. J'ai placé ma main libre sur la tête et j'ai sursauté. Ça m'a fait tomber. J'ai senti la déchirure dans mon ventre. Je n'avais plus la force de rien. Je ne devais pas pleurer et continuer. J'ai pris mon courage à deux mains et j'ai enfermé la douleur atroce dans un coin lointain de ma tête. Je me suis levée et Bryant m'a aidé à continuer. On est arrivés à la falaise. Il y avait un trou. Assez grand pour une personne, mais pas deux. Bryant m'a déposée délicatement dedans et a déplacé une pierre pour refermer avec ses pouvoirs. Jai essayé de l'empêcher mais je ne pouvais pas. Il était déterminé. Il m'a dit :《 On se retrouvera. Je ne serai pas le même mais tu me reconnaitras.》Je n'ai pas compri ce que ça voulait dire. J'ai entendu les soldats qui parlaient avec mon ami. Pourvu qu'il s'en sorte. Je sentais toujours la douleur mais il fallait que je fasse quelque chose. Un ultime coup de feu. Le cri de Bryant. Puis un silence de mort. Un vrai silence de mort. J'ai déplacé la pierre comme j'ai pu après m'être assurée qu'ils étaient partis. Je suis tombée sur le corps de Bryant. Ses yeux ouverts et vides annonçaient la fin. Je ne pouvais rien pour lui. J'ai plaqué ma main sur mon ventre un peu plus car je sentais que ça s'ouvrait un peu plus à chaque fois. La blessure grandissait. J'ai d'abord cru que j'allais vomir mais finalement, je n'ai fait que tousser. J'ai toussé du sang. Je me suis fait peur moi-même mais j'ai fait sans. J'ai courru à ma maison et un bain de sang m'attendait.

Le corps de mes parents. Celui de Bryant et ma coupure tournaient dans ma tête sans que je puisse les arrêter. J'étais hantée par ces souvenirs. Il tournaient dans ma tête. Ses yeux bleus immobiles à la limite de la mer sur le sable. Mes boyaux qui allaient bientôt sortir soit par ma bouche soit par mon ventre lui-même.

Les NatifsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant