Perfect Life - II

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"BANG"
Ce fichu cauchemar ne s'arrêtera-t-il donc jamais ? Je souffle d'exaspération. "4:46" indiquent les chiffres rouges lumineux, sur l'écran de mon réveil. J'essaye de me rendormir, tournant dans mon lit, changeant de position, calmant ma respiration, mais rien n'y fait. Mon esprit est encore et toujours bloqué sur ce regard reflétant la galaxie, ces iris verts-gris si majestueux.

Je suis coupée de mes pensées somnolentes, par des bruits provenant de la fenêtre ouverte. Je m'approche à tâton de l'encadrement de celle-ci. Mon regard se fait circulaire, couvrant toute la rue, mais je ne vois rien de particulier. Pourtant, ce bruit étrange est toujours présent. Ce son de raclement de pierre, comme si quelqu'un escaladait le m-... Quelqu'un est en train d'escalader le mur de ma maison ! Mon regard se baisse sur une silhouette noire encapuchonnée. La personne ne m'a toujours pas remarqué.
"Hé là ! Qu'est-ce que tu fait !?  je l'interpelle. 

L'inconnu relève la tête vers moi et ces même superbes yeux translucides me frappe violemment, coupant ma respiration. Je remarque que le propriétaire de ce regard émeraude, n'est autre qu'une jeune femme qui doit avoir environ mon âge. Je remarque qu'elle commence à bouger... Merde elle va s'enfuir ! Hâtivement, j'attrape ce que je peux pour la retenir, malheureusement mon emprise sur son sweat sombre ne suffit pas, et elle s'en dégage avec énergie. Son corps s'écrase sur le sol, mais elle se relève rapidement et s'échappe en courant, me laissant sans mot, face à sa chevelure corbeau volant au vent.

-Attends ! Explique moi ! Je t'en prie... M'exclamais-je essayant de la retenir.
Rien n'y fait, elle s'enfuit, sans se retourner.

Rah putain ! Sans réfléchir plus longtemps, je saute de ma fenêtre, m'écrasant lourdement au sol. Je me relève difficilement, prenant appui sur mes mains.  Mes jambes se mettent rapidement en mouvement. Je ne dois pas la laisser partir, il me faut des réponses!

Malheureusement, elle est plus rapide que moi et mon pyjama n'est pas non plus une tenue très adéquate pour une course poursuite. Je m'arrête alors, essoufflée, au bord de la route, toujours aussi perdue.

+++

J'émerge doucement de ma rêverie, tournant la tête vers le prof. Mais tout s'emmêle ses paroles ne font aucun sens, ce n'est qu'un charabia indistinct à mes oreilles.
Je ne comprends rien ! Cette fille se pointe chez moi il y a deux jours, puis elle s'enfuit, et plus rien ! Il doit y avoir une explication... Un truc rationnel...  J'ai beau me creuser la tête, les éléments font encore moins sens.

La dernière sonnerie de la journée retentit. Enfin ! Lentement, je ramasse mes affaires essayant de retrouver mes esprits. Je m'apprête à sortir de la classe, mais mon professeur pose une main sur mon épaule.

"Attends Camila, pourrai-je te parler avant que tu partes ?

-Hum... Oui, bien sûr monsieur. Je lui réponds sans grande conviction, me demandant ce qu'il me veut.

-Tu sembles... Il marque une pause cherchant ses mots. ...distante. Est-ce que quelque chose ou quelqu'un te tracasse ?

Devrai-je lui dire ? Ça me soulagerait d'un grand poids.

-Et bien... Non. Tout va bien, je suis juste un peu dans la lune.

-Oh, alors je ne vois pas de raison de te retenir. Essaye juste de récupérer ta concentration, je ne voudrais pas que tes résultats chutent.

-Merci, au revoir Monsieur." Je me hâte de sortir de sa salle après l'avoir salué.

Tous le monde est sorti, il ne reste plus personne dans le couloir. Je suis seule. Dinah doit m'attendre dans sa voiture, sur le parking, du Beyoncé à fond, comme tous les soirs.  J'accélère le pas pour ne pas la faire attendre trop longtemps, quand soudain, un détail attire mon attention.

Un mur est en train de bugger?...  Le mur se forme de carrés bleus qui disparaissent et apparaissent aléatoirement, révélant une porte métallique. 
Je tourne la tête pour sonder les alentours. À droite : personne. À gauche : personne. Qu'est-ce que j'y risque après tout? De me rendre compte que je deviens folle ? Peut être.

Ma main se pose sur la poignée, et le froid qui parcourt alors ma paume me confirme qu'elle est bel et bien réelle. Mon pouls s'accélère à mesure que la poignée coulisse. Mais qu' est-ce qui peut bien se trouver de l'autre côté ? La tension monte et mon cœur commence à battre à vitesse grand V. Poussée par l'adrénaline, je continue mes mouvements et me retrouve à l'intérieur d'une pièce lugubre.

La plupart des murs sont vides. Tous fait de plaques de métal grises-noires comme le bitume,  jointes par des barres d'acier criblées de clous et de vis. Un frisson parcourt mon échine. Que fait cette pièce ici ? À quoi sert-t-elle ? Il me suffit de détailler le mur en face pour répondre à mes questions et à en former de nouvelles.

De grands écrans affiche les couloirs du lycée et à chaque fois qu'une personne apparaît sur l'écran, un numéro s'affiche au dessus d'elle. Pourquoi nous surveiller ? Et quelle est la signification de ces numéros ?

Je remarque de nombreuses étagères en aluminium dotées de larges tiroirs. J'en fais coulisser un précautionneusement et me retrouve face à des liasses de dossiers classés par ordre alphabétique. J'en sors un au hasard et l'ouvre.


"Alexa Kate Griffin                           Terminale D
Date de naissance : 9 avril 2017
Ville de naissance: Brighttale
3ème Génération          numéro #03041731
Taille: 1m 76
Poids : 61 kilos 
Cheveux blonds, yeux verts..."

Le dossier comporte plusieurs pages sur cette fille. J'attrape un autre dossier et trouve des informations du même type, mais concernant une autre personne. Par curiosité je commence à chercher parmi les lettres de l'alphabet : A... B... C!.
Caamano, Cabaye, Cabaz, Cabe, Cabello.
Je me sens prise de sueurs froides tandis que je sors mon dossier.

"Camila Karla Cabello Estrabao   Terminale E
Date de naissance : 3 mars 2017
Ville de naissance: Brighttale
3ème génération               numéro #03031732
Taille: 1m 57
Poids:  49 kilos
Mère : Sinuhe Cabello
Père: Alejandro Cabello
Frère(s)/ Soeur(s) : Sofia Cabello
..."

Je suis tellement estomaquée par ma découverte, que je n'entends pas les bruits de pas qui se rapprochent dangereusement. Quand je vois la poignée s'abaisser, je repose le dossier à sa place et referme les tiroirs le plus vite possible. Je cherche un endroit où me cacher, mais rien.
   

        C'est peine perdue.
               

                                Je suis prise au piège.

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