Perfect Life - IV

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La décoration me prend de court. La pierre est peinte d'une peinture simple blanche, mais garnie de tableaux encadrés d'or.  Les meubles sont propres, modernes et brillants, bien qu'ils restent sobres. De belles lampes pendantes sont accrochées au plafond. En face du balcon de tout à l'heure, se dresse un comptoir couleur taupe. Derrière celui-ci, un long couloir se profile.

Lauren attrape mon poignet doucement, me tirant en direction du corridor taillé dans la pierre. Des portes sont placées de chaque côté. Nous en passons une, puis deux, puis trois et finalement nous nous arrêtons en face de la dernière. La brune aux yeux verts tourne la poignée et me tire à l'intérieur.

Ici, tout est différent.
Les murs sont plus colorés, peints de portraits, paysages et animaux divers, à même la roche.
Un épais rideaux attire mon attention. Curieuse, je le décale sous le regard insistant de Lauren. Elle semble appréhender la suite des événements.
"Attends ! Elle crit.
Mais il est trop tard. Je me fige lentement, bloquée sur un seul et unique sentiment. Mes doigts parcourent la paroi rocheuse. Je sens le grain de la peinture rouler sous mes mouvements.
Oui, un seul sentiment m'envahit.
Je me tourne vers la brune, ses yeux verts inquiets s'ancrent dans les miens.
-Ce-ce n'est pas fini...  je-je suis désolée... Si ça ne te plaît pas, je peu-peux passer une couche de peinture par dessus-...
-Chut... Lauren... Je lui souris tout en continuant doucement. C'est magnifique.
Je me rapproche d'elle lentement et l'encercle de mes bras. Je la sens se détendre, alors je me recule.
-Vraiment ? Tu aimes ? "
Je me contente de hocher la tête et mon regard retourne se porter sur mes yeux chocolats, mes cheveux bruns ondulant autour de mon visage et mon fin sourire, désormais peints sur le mur de la chambre.
Un silence prend place entre nous. Et après de longues minutes, sa voix rauque s'élève à nouveau dans la pièce, pénétrant par tous les pores de ma peau, pour s'emparer de chaque parcelle de mon être.
"Donc, tu vas devoir dormir ici. Le lit est assez large pour deux, mais si ça te dérange je peux prendre le canapé, je comprendrais que tu veuille de l'intimité. Après tout, on ne se connaît pas, enfin tu ne me connais pas, mais...
Je la regarde, un peu déroutée face à toutes ces paroles. Elle rigole doucement.
Mon dieu son rire. À chaque fois que cet éclat rauque et cristallin résonne à mes oreilles, j'ai l'impression de recevoir une douche froide. Mais en même temps ce son est tellement agréable. J'ai envie de l'enregistrer pour me le rejouer en boucle.
-Je parles trop, non ? Ajoute-t-elle après s'être calmée.
-Peut-être...
Je baisse la tête sentant le rouge me monter aux joues.
-Camila ? Ça va ? Pourquoi tu baisse la tête ?
-Ça ne me dérange pas de dormir dans le lit avec toi, je lâche dans un élan de confiance.
Mais pourquoi ? Habituellement, même avec Dinah je préfère dormir seule... J'aime la solitude dans mon petit lit simple. Le contact et la chaleur de l'autre me met mal à l'aise quand ce n'est pas ma famille. Alors oui, pourquoi ? Je n'en ai franchement aucune idée. Cette histoire me fait totalement perdre pied.
Je réalise à peine, que tout ce en quoi je croyais est en train de partir en fumée.
Me marier avec l'homme parfait ? Avant ? Oui. Maintenant ? Non.  Travailler en avocate après mes études de droit ? Avant ? Oui. Maintenant ? Non.  Passer du temps avec Lauren, une complète étrangère ? Avant ? Non.  Mais maintenant ? Peut-être...
-Lauren?
-Oui Camila?
-Pourquoi as-tu dit que, je cite " enfin tu ne me connais pas", je l'interroge curieuse.
-Oh... J'ai dit ça ?...
Elle semble embarrassée et tourne la tête pour éviter mon regard.
Je ne réponds rien, mon regard sur elle lui faisant comprendre, que j'attends une réponse.
-Il se peut que... Je t'ai observé depuis quelques moi, via vidéo surveillance. Par pure nécessité bien sûr ! Seulement hors de ta chambre, salle de bain, toilettes etc... Pour ton intimité...
Son teint est désormais rouge cramoisi. Et bien que la fureur monte en moi, quelque chose n'empêche de l'engueuler. J'ai le pressentiment que c'était pour la bonne cause. Ce qu'elle ajoute ensuite confirme mon opinion.
-D'ailleurs, sans ce système tu te serai faite attrapée et tuée, après " l'incident de la porte".
Je reste dubitative. Ce qu'elle m'explique veut quand même dire que des gens m'observaient H24, lorsque je n'étais pas dans ma chambre. Mais cela voulait aussi dire que ma vie était entre de bonne mains. Et pour cause, si ce n'est autre que les douces paumes blanches de la corbeau.
Elle semble craindre ma réaction.
-Bien...  Je suppose que c'était pour mon bien.
-Oui ! Bien sûr !
-Mais, ça ne veut pas dire que je suis tout à fait d'accord avec cette méthode. Je rajoute, en appuyant sur le premier mot.
-Je comprends, mais je t'en prie, fais moi confiance.
-Prouve-le moi et réponds à cette question, elle me regarde hésitante puis réplique.
-Tout ce que tu veux.
-Bien. Alors, pourquoi m'as tu choisi ? Je n'ai rien d'extraordinaire.
-Ok, alors de une de ce que j'ai observé, tu es une personne formidable.
Je sens mes joues chauffer, mais impossible de savoir si c'est dû à l'idée qu'elle me surveillait, ou face à son compliment.
-De deux, elle reprit, je ne peux pas te dire la raison principale.
-Donc, je suis censée te faire confiance, alors que toi même, tu ne m'accordes pas la tienne ?
-Non Camila, tu ne comprends pas. Je te fais confiance, mais  pas au point de te confier la vie de mon peuple, alors que nous ne nous sommes rencontrés  il n'y a que quelques heures.
-D'accord, je vais dormir sur le canapé, garde ton lit.
-Hein ? Elle ne semble pas comprendre.
-Oui, tu me l'as expliqué toi même, tu ne me fais pas assez confiance.
-Et donc ?
-Et donc je ne peux pas dormir avec quelqu'un en qui je n'ai pas totalement confiance. J'explique sur un ton froid.
-Mais...
Elle cherche ses mots je peux le voir, mais elle ne les trouve pas et reste donc silencieuse.
-Sûr ce, bonne nuit Lauren.
-Mais tu ne viens pas manger ?
-Nan merci. Pas faim. "
Elle s'éloigne dépitée. Tant pis pour elle. Elle n'aura qu'à se mordre les doigts. Après tout, elle l'a bien cherché.

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