Chapitre 36

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Il était à terre, le visage défiguré mais je ne pus m'empêcher de continuer à tapper.

  Je ne savais même pas si il était déjà mort ou pas. Je continuai de le frapper, inlassablement. Ma haine contre lui me semblait sans limite. Je n'arrivais plus à m'arrêter. Toute cette rage qui se dechargeait de mon corps à chaque nouveau coup. Il ne ressemblait plus à rien. On ne le reconnaîssait plus. Et c'était tant mieux. Je voulais qu'il meure d'une manière horrible. Qu'il reste défiguré à jamais. Qu'il soit aussi ignoble que son coeur, si il en possédait un.

  L'espace d'un instant je tournai la tête, et aperçus Lisa. Elle s'était retransformée après le choc. La rage s'empara encore de moi. Comment avait-il pu lui faire ça ?!

  Sa petite poitrine ne se soulevait plus, ses membres semblaient aussi mous que de la gelée. C'était encore une enfant ! Comment... comment peut-on faire ça à une enfant ?!

  Je detournai le regard, dégoutée, pour le reposer sur le visage de cette... immondicité, juste en dessous de moi. Calypso, qui n'avait toujours pas quitté mon esprit, ne cessait de me hurler de le tuer. Pour elle, tout ce que je faisais était inutile. Elle aurait préféré que je plante mes crocs dans la chaire de son cou pour lui déchirer la nuque afin que plus jamais il ne puisse respirer. Malheureusement pour elle, je ne pensais pas comme cela. Je voulais qu'il souffre le plus possible. Et il ne souffrirait pas dans une mort rapide. Il fallait que cette dernière soit lente... et horriblement douloureuse.

  Au début de ma fureur, je m'étais moi-même fait peur. Me demandant si ces pensées, toutes plus noires les unes que les autres n'etaient pas dangereuses pour ma santé (plus ou moins mentale). Puis je m'étais habituée. Cela devait faire une bonne heure que je ne cessais de combattre, de me débattre et de frapper. Et rien ne me faisait plus plaisir. Je voyais rouge. Ou plutôt, tout ce qui était autour de Xatyo était rouge. Je supposais que je nous avais trop retenues (Calypso et moi) envers Xatyo. Et maintenant, il en payait les conséquences. On disait que le karma finissait toujours pas nous retomber dessus. J'étais devenu le karma.

  Je ne savais pas comment est-ce que je faisais pour être à ce point violente alors que j'étais une fée. Peut être parce que, justement, je ne l'étais qu'en partie. Et, en cet instant la, je benissais mon côté louve, qui me permettait d'exprimer toute la colère.

  Je fixais sa cage thoracique qui ne cessait de descendre et de remonter à un rythme plus que soutenu. Il n'était toujours pas mort ? Tant mieux, j'allais pouvoir me faire plaisir.

  J'attrapai son cou de mes mains, mes griffes s'enfonçant dans la chair fine. Et je serrai. De plus en plus fort. Ses yeux semblaient prêts à sortir de leur orbite, sa bouche était ouverte, un peu de bave coulait sur le bord de sa lèvre et son visage prenait une jolie teinte violette dont je me délectais.

  Et puis, d'un coup, comme redescendue d'un nuage, je fus prise d'un doute. Oh mon Dieu. Est-ce que j'allais vraiment tuer quelqu'un ?! Je veux dire, oui, Xatyo est une personne horrible mais... le tuer ?! Enlever la vie de quelqu'un était quelque chose qu'il ne fallait pas prendre à la légère. Sans m'en rendre compte, mes doigts se desserèrent légèrement. Et, en dessous de moi, Xatyo se mit à tousser violemment. Est-ce qu'il méritait vraiment la mort ? Dans certains cas cette dernière était une délivrance. Mais elle était principalement un chemin sans retour. Un endroit dont on ne revenait pas.

  Calypso commençait à s'impatienter. Elle était une louve, elle avait des instincts primaires. Et laisser partir sa proie n'était pas dans ses habitudes. Mais je l'empêchais formellement de faire un seul geste. Oui, nous étions liées et connectées. Plus que d'habitude dans cette tranformation. Mais j'avais toujours plus de contrôle qu'elle. Et ça, je ne pouvais que m'en féliciter. J'avais choisi la métamorphose parfaite. Je pouvais voler, mais j'avais la force d'un loup. Je pouvais aussi soigner tout en regardant, écoutant et sentant beaucoup plus précisément qu'une simple fée. Dans cette forme, tout était plus facile, tout était plus simple, tout semblait léger et si fragile.

Tout commence par un rêve... [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant