Le soleil baigne mon visage de lumière et de chaleur. Je m'arrête un instant, je me sens juste bien. J'oublie un instant ce qui se passe autour de moi et l'arrosoir que je tiens dans ma main droite. Le vrombissement de la tondeuse du voisin se tait tandis que je reste plongé dans ma réflexion. Si ma vie pouvait être ainsi, un océan de calme, je crois que je ne m'en plaindrais pas. Enfin, il est possible que je m'en lasse assez rapidement. Un léger chatouillement sur mes chevilles me ramène parmi les vivants. Ce n'est simplement qu'un coup de vent qui a secoué les herbes contre ma peau.
Ce n'est pas la première fois que j'ai une absence, j'en suis la proie depuis mes neuf ans. Je me souviens alors que mes parents ont consulté de nombreux médecins de peur que ce soit dû à une anomalie ou à je ne sais quelle maladie, ils pensaient que c'était l'équivalent de crises épileptiques. En somme, selon mes parents, j'avais un problème mental, ce que se sont efforcés de démentir tous les spécialistes dont j'avais été obligé de faire la connaissance. Je n'étais qu'un enfant avec une très grande imagination, capable de s'inventer un palais mental grâce à certaines « capacités cognitives ».
Cette réponse m'a toujours plu. Je considère que c'est un don de pouvoir s'évader quelques instant, de pouvoir abandonner la vie terriblement ennuyante de n'importe quel humain, c'est-à-dire moi. Seules quelques choses me procurent cette merveilleuse sensation de liberté, mes absences, la mer et les livres. Je crois pouvoir dire que je ne suis pas un mec compliqué, il ne me faut quand même pas grand-chose pour être heureux.
-Andrew ! Viens m'aider à mettre la table, ça fait deux fois que je te le répète !
Je ne t'ai pas entendue maman, j'étais juste... ailleurs. Mais ça, je ne peux pas te le dire, ou bien tu vas encore t'inquiéter. Après tout, tu es toujours la première pour ce qui est de me ramener de ce monde qui m'est propre et que j'ai créé. Je sais que tu as peur de me perdre, et je t'aime maman, mais laisse-moi juste rêver.
-Excuse, j'arrive, je finis juste d'arroser la parcelle de fleurs juste à côté du potager, m'écrié-je.
Aujourd'hui plus qu'un autre jour je sens mes pensées divaguer. Une sensation de flottement, comme si la limite entre la réalité et mon palais menaçait de se briser. Ca ne peut être dû qu'à une seule chose, ou plutôt une seule personne, elle. Je ne la connais pas, et pourtant depuis ce matin je ressens des émotions nouvelles.
Je ne l'ai jamais vu avant, et pourtant elle était là, sur la jetée, les cheveux dans le vent et le regard brillant. Je suis capable de me remémorer chaque détail. La première chose que je me suis dite, c'est qu'elle était jolie. Et même très jolie. Une longue chevelure emmêlée à la limite entre le blond et le châtain, de grands yeux d'un gris intense qui exprimaient pourtant le doute et la perplexité. Elle était habillée d'une étrange façon, d'une petite robe en lin mais ses pieds étaient chaussés de bottes en caoutchouc visiblement bien trop grande.
Pendant de longues minutes elle est restée immobile, scrutant d'un regard incertain les gens, la mer et la promenade. Je n'ai pas osé l'accoster, je crois que j'étais bien trop effrayé à l'idée qu'elle ne me fuie, telle une biche apeurée. Elle ressemblait bien trop à l'image que je me faisais de la déesse Artémis en personne. Alors je n'ai pas quitté mon banc et ai continué à la regarder. Ca peut paraître très malsain, mais j'aime regarder les gens, essayer d'imaginer leur histoire, qui ils sont.
Elle s'est sûrement sentie épiée puisqu'elle a tourné la tête vers moi et nos regards se sont croisés. J'ai n'ai vu aucune colère dans ses yeux, seulement qu'elle avait besoin d'aide. Elle s'est approchée de moi et a prononcé six mots que je ne suis pas prêt d'oublier :
-Je crois que je suis perdue.
Et c'est vraiment maintenant que je réalise à quel point je suis con, parce que l'imbécile que je suis n'a trouvé rien de mieux à répondre que :
-L'office de tourisme est là-bas.
Je me filerais des claques. J'ai envie d'en savoir plus sur cette fille, j'ai envie de la connaître, au moins son prénom, mais j'ai tout gâché avant que la moindre histoire puisse commencer.
Je me sens comme un protagoniste dans un roman où tout va bien et arrive l'élément déclencheur. Sauf que je l'ai raté, et donc, plus de roman du tout. Pas de doute, je ferais un très mauvais héros de livre. Peut-être même que je devrais envoyer un message aux auteurs du coin?
Bonjour, ici Andrew Devaux. Vous ne me connaissez pas ? Pas de soucis, je ne suis qu'un péquenaud du coin. Un conseil, évitez de vous inspirer de moi pour vos prochains écrits, merci et au revoir !
En y réfléchissant, c'est peut-être un peu égocentrique... qui songerait à m'utiliser comme muse ? Par contre, cette fille, c'est différent. Tout simplement parce qu'elle est différente. Elle avait l'air sortie de je ne sais quelle histoire, comme si elle venait d'un autre univers. C'est ça, et son aura spéciale qui m'ont plus tout de suite. Cette fille m'attire.
Est-ce que c'est cette sensation qu'on appelle le coup de foudre ? J'en ai peur et c'est quelque chose que je n'aime pas du tout. Je veux dire, c'est incroyablement cliché non ? Je ne peux pas aimer une fille au premier regard. Mais je n'ai pas dit que je l'aimais, si ? Elle me plait c'est tout. Enfin je trouve ça vraiment trop étrange, je ne sais rien d'elle.
Trop de questions, trop de réponses loufoques. Qu'est-ce que c'est compliqué la vie d'un ado de dix-sept ans...
-Andrew, la table !
Je retiens un soupire énervé. Ma mère est parfaite lorsqu'il s'agit d'interrompre un trop gros flux de pensées embrouillées. Elle est adorable, mais il semblerait que cet été elle ait décidé de profiter au maximum de la main d'œuvre que nous lui proposons mon frère et moi. Je peux la comprendre, elle doit sûrement se rendre compte que notre aide lui est vraiment précieuse maintenant qu'elle sait qu'il y a des chances que ce soit un des derniers étés que nous passons à la maison. Difficile pour une maman poule de laisser ses deux grands garçons partir étudier.
Elle en train de laver les fenêtres. Je la regarde un instant, elle et sa masse de cheveux roux clairs aux reflets dorés. Elle tourne vers moi ses grandes prunelles vert d'eau dont mon frère et moi n'avons hérité que la forme.
-Merci Drew, prends les assiettes bleues s'il te plait.
Je frémis, je déteste ce surnom que semble vouloir me donner ma famille entière. Je n'essaie même plus de les en empêcher, puisque personne ne m'écoute. Tout le contraire de mon frère qui préfère que l'on appelle Josh plutôt que Joshua.
-Si tu as fini de mettre la table, va changer les draps dans la chambre d'ami et préviens au passage ton père qu'il serait bien qu'il vienne préparer les galettes.
-Déjà ? Mais Hannah arrive demain non ? demandé-je.
Ma mère lève les yeux au ciel. Son visage commence à être marqué par l'âge, mais rien d'anormal pour une femme approchant de la cinquantaine, quelques rides supplémentaires et des cernes un peu plus marqués. Elle ressemble un peu à un vieux tableau, aux couleurs pastelles et un peu défraîchies mais dont la beauté est conservée malgré le passage du temps.
-Est-ce que ça t'arrive d'écouter un peu ? Liz et Hannah arrivent ce soir... soupire-t-elle.
Elle ne pouvait pas m'annoncer pire nouvelle.
Merci maman.
NDA: Boujour ! Voici donc le premier chapitre de cette nouvelle fiction, Lune. Si je me suis décidée à le poster, c'est parce que j'aimerais partir sur de bonnes bases et qu'il est assez difficile je trouve de bien commencer un roman. Et c'est là que j'ai besoin de vous. Pourriez vous me donner votre avis? Dites moi si quelque chose coince ou n'est pas clair, je veux tout savoir! Pour tout vous dire, ce début d'histoire et déjà une réécriture ^^
Je ne pense pas poster la suite tout de suite, mais j'ai vraiment besoin de savoir si c'est bien :)
Merci à vous, Juliette.
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L U N E
Fiksi RemajaC'était un jeune homme qui ignorait si le monde était trop mauvais pour lui ou s'il était trop mauvais pour le monde. C'était une jeune fille brisée, une jeune fille qui n'était personne. Une rencontre qui peut changer la donne. Et si sous les décom...