Chapitre 28 : Maison

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Chapitre 28

Alizée se rematérialisa, son sac à l'épaule, en compagnie de Zéphyr, d'Albe et d'un balai en plein milieu du salon de chez elle.

- MAIS TU ES FOLLE ? hurlèrent Albe et Zéphyr dès qu'ils atterrirent à ses côtés, mais elle ne les écouta pas.

Elle grimpait déjà les marches de la maison vers sa chambre, qu'elle trouva déserte. Pourtant, au milieu de la pièce aux murs bleu pastel se trouvait un objet qu'elle n'avait jamais mit là, un objet qu'elle n'avait jamais vu ; un livre, simple, à la reliure de cuir. Il brillait d'un éclat bleuté, exactement... Comme un Portoloin. Elle s'en approcha, entendant ses amis qui la suivaient de près, au bord de la panique.

Sa chambre n'avait presque pas changé, à part le livre. Les meubles étaient exactement comme la dernière fois qu'elle les avait vus, c'est-à-dire renversés, couchés sur le flanc ou brisés en morceaux. Et c'était elle, Alizée, qui avait fait ça. Elle frissonna, horrifiée, et s'assit à côté du livre enchanté. Zéphyr entra en écarquilla les yeux en voyant le Portoloin ;

- Liz, fais attention ! Tu ne sais pas où il peut te transporter ! s'écria-t-il en se saisissant de l'ouvrage, suivi d'Albe, pour le poser sur une table, hors de sa portée.

- Allons, protesta la jeune fille, si Ken a raison, alors il veut me posséder. Il ne se risquerait pas à me faire du mal !

Il semblait toujours méfiant et la maintenait loin du volume, de peur qu'il ne la conduise à une hauteur assez importante pour la tuer ou d'autres complots du genre. Alizée, elle, savait qu'il fallait qu'elle aille au rendez-vous, sans pour autant comprendre d'où lui venait cette intuition saugrenue, mais tout en étant totalement persuadée que c'était la chose à faire. Au bas de l'escalier, il y eut un pop ! sonore tandis que Kathy, Annie et Kenric montaient les marches quatre à quatre.

- Comment êtes-vous venus ? s'étonna Zéphyr.

- Kenric a réussi à transplaner ! cria Annie depuis l'escalier.

Ils surgirent dans la salle avec un air totalement paniqué et semblèrent se calmer en les voyant tous trois sains et saufs à attendre le moment où le Portoloin les transporterait enfin. Kenric était toujours magnifique, avec les cheveux en bataille, Annie les yeux agrandis par l'inquiétude et Kathy... avait une expression très bizarre, un sourire en coin et les sourcils haussés bien haut. Alizée la dévisagea, ne comprenant pas d'où lui venaient ce regard et ces traits tendus en une expression qui lui était si peu coutumière. Aussitôt que Kathy vit qu'elle la regardait, elle détendit ses traits pour ne plus sourire et évita son regard. Pourtant, il eut le temps de voir que ses yeux étaient plus sombres qu'à l'accoutumée... elle eut un petit sourire mais dut tout de suite recommencer à parler et n'eut pas le temps de se pencher plus en avant sur la question de l'étrange comportement de sa meilleure amie.

- Écoutez, vous devez tous rentrer à Poudlard, dit Alizée d'une voix suppliante. C'est moi qu'il a appelée.

- Certes, répondit Zéphyr, mais on t'a accompagnée au Ministère. On ne te laissera pas partir une deuxième fois... sans nous.

- T'as besoin de notre protection ! ajouta Albe.

- Je n'en ai pas besoin, je vais là-bas pour vous protéger !

- Tu ne devrais pas y aller... lança Annie en lui prenant la main. C'est très dangereux ! On parle quand même du mage noir de notre ère lui-même !

- J'irais quand même, et sans vous ! fit-elle catégoriquement.

Évidemment, les marques d'affection de ses amis la touchaient beaucoup, mais elle ne voulait pas qu'ils l'accompagnent. Qu'ils soient venus chez elle alors que Royle aurait pu l'y attendre était déjà extrêmement risqué ; elle se souvenait bien de ce qui s'était passé la dernière fois qu'ils l'avaient accompagnée dans l'une de ses aventures contre Royle ; Kathy avait eu plusieurs os cassés, Kenric avait été blessé et Annie en état de choc, Karl, lui, s'était évanoui après ces longs mois d'enfermement dans son propre corps en place de spectateur de ses mouvements. Elle ne voulait pas revivre ça.

Zéphyr eut un sourire face à sa répartie :

- C'est sûr, tu es si têtue qu'on ne pourra rien faire pour t'empêcher d'y aller, mais... on vient aussi.

- Et on est très têtus, nous aussi ! ajouta allègrement Kenric.

Kathy était toujours silencieuse, et Alizée jeta un coup d'œil inquisiteur à Kenric en la pointant discrètement du doigt. Lui aussi évitait son regard.

Quelque chose se tramait entre ces deux-là, et Zéphyr et Albe aussi semblaient être au courant de quelque chose qu'elle ignorait. Annie était la seule à ne rien remarquer du complot qui se jouait apparemment autour d'elle. Alizée eut un soupir et alla fermer la porte.

Puis elle se tourna vers eux et leur dit doucement ;

- D'accord, alors, déjà, vous allez me dire où est Kathy.

Kathy la regarda avec surprise et parla avec une voix un peu bizarre qui confirmait sa théorie :

- Comment ça, tu ne me vois pas ? Je suis invisible ?

- Je crois que le choc a altéré sa perception des choses, fit Kenric avec le plus grand naturel.

Albe, elle, croisait les bras, l'air mécontent, et Zéphyr pinçait les lèvres pour ne pas rire. Alizée leva les yeux au ciel face à leur tentative pour lui camoufler leur plan ; le seul un minimum crédible était Kenric.

- Non, vraiment, insista Alizée. Où est-elle ?

- Mais non mais tu ne me vois pas ?! s'écria Kathy.

- Pas toi, Teddy, la vraie Kathy.

Kathy leva les yeux au ciel, l'air très déçu, et ses cheveux se raccourcirent et virèrent au bleu vif ; sa peau s'éclaircit légèrement, ses traits changèrent, ses yeux devinrent gris et Ted Lupin se dressa à sa place, l'air furieux. Zéphyr et Kenric éclatèrent de rire en chœur et Annie sursauta, choquée. Teddy s'écria avec mauvaise humeur ;

- Comment t'as su ?

- C'est ma meilleure amie, Ted, je la connais par cœur.

- Ah, Liz, toujours aussi intelligente, sourit Kenric.

- Attends, toi aussi tu savais ? s'énerva Teddy, l'air furieux, en croisant les bras avec un mécontentement évident.

- C'est ma Kate, répondit-il sur le ton de l'évidence, j'ai dansé un slow avec elle, je la connais.

- Donc pour toi, danser un slow avec quelqu'un, c'est le connaître ? se moqua Zéphyr. Moi aussi, je savais, Lupin, t'es mon pote, je te connais trop bien.

- Et moi je croyais t'avoir bien précisé que je t'aimais ? grogna Albe.

- Punaise, soupira Teddy. Bon ok, j'ai remplacé Kathy pour pouvoir venir, parce que je savais qu'elle, tu la laisserais t'accompagner, vue que c'est ton amie.

- Espèce d'idiot, le gronda Alizée, tu es mon ami aussi. Maintenant, Kathy va te tuer quand on rentrera.

- Ah, parce qu'on peut t'accompagner, maintenant ? lança Zéphyr, curieux.

- Je crois que j'ai pas trop le choix ! s'écria Alizée. Mais vous êtes sûrs de ce que vous faites ?

- Plus que jamais, répondit-il avec un sourire confiant.

- Vous risquez peut-être la mort...

- Si on meurt, lança Albe avec un air digne, ce sera pour le monde des sorciers. Ce sera une belle mort. Allons-y, qu'on en finisse.

Le Portoloin avait commencé à briller avec plus de force, et elle sauta vite dessus lorsqu'il se mit à luire avec une telle puissance qu'elle ne put plus le regarder. Ses amis la suivirent et tous les six disparurent vers une destination inconnue et probablement dangereuse où les attendait Royle.

Au Gré des Vents / 3- l'AlbeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant