Ce même cri de terreur déchira le silence qui régnait dans une maison. Une lumière s'alluma à l'étage, perçant l'obscurité de la nuit, puis des pas précipités se rapprochèrent de la chambre. La porte s'ouvrit à la volé sur les traits tirés d'une femme inquiète.
-Wilk, que se passe-t-il ? dit-elle d'une voix tremblante.
Un jeune homme aux cheveux blonds était assis dans son lit, blanc comme un linge, tremblant comme une feuille, le visage ruisselant de sueur.
-Encore un cauchemar, murmura-t-il entre ses lèvres.
Elle lâcha la porte à laquelle elle s'était accrochée comme s'il s'agissait d'une bouée de sauvetage et se dirigea vers son fils. Elle s'assit auprès de lui, l'attira contre son épaule et passa doucement ses doigts dans ses cheveux blonds. Elle sentait le cœur de son grand garçon battre la chamade. Pour tenter de le calmer, elle commença à fredonner une chanson de son pays natal :
« Mrugaj, mrugaj gwiazdko ma
Cudna jest uroda twa
Leć wysoko w niebo leć
Jak diamencik jasno świeć. »« Brille, brille, étoile,
Merveilleuse est ta beauté,
Vole haut dans le ciel, vole,
Brillante comme un diamant »Voyant qu'il souriait légèrement, elle arrêta de chanter et l'interrogea du regard.
-Je n'ai plus trois ans Maman, dit-il.
Blessée, elle lui fit tout de même un bisou sur le front puis retourna auprès de la porte. Avant qu'elle ne la referme, le jeune homme lui lança :
-Mais merci. Ça me fait toujours plaisir d'entendre notre langue.
Elle esquissa un sourire malgré la remarque glacée de son fils qui venait de lui serrer le cœur.
-Rendors-toi, fit-elle d'une petite voix.
Puis elle referma la porte derrière elle, replongeant ainsi la chambre dans la pénombre.
Mais le jeune homme ne put retrouver le sommeil, pensant à cette sensation de chute, à ce cauchemar qui hantait ses nuits...
●●●
8h30.
Tout le monde ou presque était assis derrière une table de bois, prêt à écouter le cours de français pendant deux heures. Wilk était au quatrième rang, son classeur orange posé devant lui. Il était, comme à son habitude, plongé dans ses pensées. Pour lui, le lycée était une prison, les cours une torture. Seule la salle de sport à côté de chez lui le libérait de l'ennui de sa vie quotidienne. Il se sentait libre comme le vent. Tout seul face à sa machine, il ne ressentait que la contraction de ses muscles et le souffle sortant de ses poumons. Ses pensées s'arrêtaient et son être tout entier s'abandonnait au plaisir de la musculation.
Alors qu'il s'imaginait déjà ce soir se défoulant sur l'une des machines brillantes, un bruit de porte le fit sortir de sa rêverie. Il releva alors la tête et ses yeux se posèrent sur l'horrible principale adjointe habillée de son habituel tailleur vert foncé. Une jeune fille aux cheveux bouclés de couleur auburn se tenait timidement à côté d'elle. Ses yeux étaient rivés sur le sol et sa main serrait très fort la lanière de son sac noir. Si elle avait eu la possibilité de se cacher derrière la principale adjointe, elle l'aurait sans doute fait.
-Bonjour à tous, dit cette dernière de sa voix si peu féminine.
-Bonjour, répondirent en chœur les élèves de la classe de première S.
Wilk n'avait évidemment pas ouvert la bouche pour saluer cette bonne femme, il avait laissé les autres le faire pour lui. Un bonjour de plus ou un bonjour de moins, quelle importance ? Qui s'en apercevrait ?
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Le Loup Blanc
Teen FictionWilk, jeune homme insociable, froid, désagréable et aimant être seul, aux nuits perturbées par des cauchemars dans lesquels il voit un jeune loup blanc qui ne rêve que de liberté et de solitude. Manon, nouvelle dans la classe, jeune fille timide et...