Chapitre 1 Appel de la fuite (2/2)

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Le brouillard enveloppait la végétation et le chemin de pierre, rendant l'avancée difficile et propice aux attaques de brigands. Torin en avait déjà fait les frais mais, malheureusement pour eux, il avait été très bien formé au cours de sa jeunesse et plus de trois années sur les routes l'avaient aguerri. Ses bras le tiraient, la blessure reçue à sa cuisse droite avait été soignée avec les seules plantes médicinales disponibles et les morceaux d'une vieille chemise, et le sang refusait de cesser de couler.

La boussole ne cessait d'indiquer la même direction à travers les montagnes du nord sans trouver le moindre campement d'apparence militaire qu'il imaginait. Malgré l'obstacle qui se présentait à ses yeux, Torin pouvait sentir la nuit tomber petit à petit. Il se mit à chercher une grotte ou une cavité qui lui assurerait une défense facile mais il ne trouva rien de ce genre. Ces montagnes n'inspiraient nulle confiance. Des choses sans nom étaient tapies dans les reliefs, le jeune homme pouvait le sentir.

Au moment où il passa une côté particulièrement rude et où tout espoir de passer une nuit à peu prés normale s'amoindrissait, il arriva à la bordure d'un large plateau montagneux avec un champ d'apparence tout ce qu'il y avait militaire. C'était sans nul doute possible ce qu'il cherchait depuis plusieurs semaines déjà. La légendaire armée fantôme, reformée à chaque fois qu'il avait senti des changements néfastes au sein d'Orima.

Délicatement, il mit le pied à terre. A peine avait-il fait quelques mètres qu'il fut arrêté et mis à terre par un groupe d'hommes puissamment armés dont les tabards portaient les armoiries de l'armée. Torin avait beau faire entendre qu'il était là pour rejoindre les rangs, ces personnes le voyaient comme un intrus, apparemment non prévenus de son arrivée possible. Pendant qu'on le conduisait au centre du campement, il fut entravé de puissantes chaînes ensorcelées, de peur qu'il ne soit un sorcier cherchant leur nuire à la solde d'une quelconque puissance.

Cette armée représentait une menace pour tous car elle avait sa propre entité et ne répondait à personne, du moins en apparence. C'était la légende l'entourant au sein d'Orima. La réalité était toute autre mais bien peu de personnes étaient au courant des formules anciennes utilisées pour commander leur réunion et leur marche contre ceux considérés comme une menace.

Arrivé au centre de ce qui servait de cercles d'entraînement de combat à mains nues, le voyageur fut poussé par terre où le sable s'infiltra partout dans ses vêtements. Au loin, il pouvait entendre Aqua, son cheval, hennir de colère du fait d'avoir été séparé ainsi de son maître.

- Ils ne sont pas prêts à en faire l'un des leurs. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises, pensa Torin en souriant intérieurement, seul réconfort dans sa situation car, sur son visage, c'était une rage peinte au vu de son package dans les mains de celui qui semblait être le chef.

Pourtant, ce dernier ne regarda pas à l'intérieur, se contentant de lui demander son identité.

- Mon nom est Torin Dakinn. Je viens répondre à l'appel de l'armée fantôme avec la recommandation du maître Belleur Thorez. C'est sa boussole qui m'a conduit à vous. J'ai voyagé à travers les versants Est pour vous rejoindre, dit le jeune homme, levant le nez du sable.

Son interlocuteur était un homme grand, le visage marqué par les années et les combats. Une large cicatrice partait du cuir chevelu droit pour descendre sur le côté gauche de son visage et disparaissait sous une tunique bleu nuit, serrée au niveau du cou. Son œil gauche avait été sacrifié,. Une fine cotte de maille descendant jusqu'aux genoux et une paire de cuissardes en peau de Morque complétaient l'allure générale. Torin n'aimait pas le regard dont il le gratifiait, celui sur une simple pierre sans intérêt.

- Tu peux très bien l'avoir tué et pris cet objet en toute connaissance, claqua la voix roque de l'homme. De plus, nous n'avons nullement reçu de message de sa part.

Un murmure parcourait l'assemblée de soldats de plus en plus nombreux. La traversée par l'Est était réputée dangereuse, même pour eux. Seuls deux personnes avaient déjà passé ce versant-là. Cependant, beaucoup n'avaient pas remarqué la blessure encore sanglante sur la jambe couverte de tissu rougeâtre.

- Parle ! cria l'autre.

- Je n'ai rien d'autre à dire. Je n'ai que la vérité avec moi.

- Et la mort pour seule issue. Ici, toute personne qui ne prouve pas son identité est mise à mort. Telle est notre règle. Vous deux, mettez-le aux fers, dit-il en s'adressant à deux soldats proches du cercle, Demain, il y aura du sang.

Sans même comprendre ce qui lui arrivait et qu'il puisse se défendre, il se retrouva attaché à des chaînes fichées dans un sol d'argile grisâtre, une simple tente au-dessus de la tête ne servant qu'à le protéger de la pluie. Ses forces étaient faibles, brusque contrecoup de longues journées de cheval et de tension nerveuse. De plus, sa blessure l'élançait grandement.

- Bravo Altimas, brillante idée, pensa-t-il. La mort demain, je ne pouvais pas mieux espérer.

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Merci de m'avoir lu. A bientôt pour le chapitre 2

Le trône empoisonnéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant