Chapitre 9

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Samedi matin, toute la famille était autour de la table pour prendre le petit déjeuner. Seul Brooklyn était absent. Et il n'était même pas à la maison. Il rentra pendant le repas, son skate sous le bras et ses cheveux attachés en une minie queue. Il salua tout le monde de loin et de dirigea vers les escaliers.

- Chéri, Chloé a appelé. Elle n'arrive pas à te joindre.
- Normal on n'est plus ensemble, souffla Brooklyn suite à l'intervention de sa mère.
- Elle aimerait discuter avec toi, votre amitié lui manque.

Je n'étais pas larguée, j'avais suivi comme à peu près tout le monde sur twitter que Chloé et Brooklyn n'étaient plus ensemble. Apparement ils se seraient séparés à cause de la distance. Je comprends donc Chloé qui veut cependant au moins rester amie avec Brooklyn. Après tout ils ne se sont pas séparés sur de mauvaises bases.

Suite à ça Brooklyn monta les dernières marches et s'enferme dans sa chambre.
Puis Romeo et Cruz sortirent de table également, Romeo me frottant la tête en passant.

- Nous ne comprenons pas ce qu'il se passe. Quelque chose s'est mal passé pour Brooklyn cette semaine? me demanda David, soucieux.
- Il n'est juste pas encore près à digérer le fait d'aller dans un internat, je pense, répondis-je.
- Nous ne voulons pas qu'il lui arrive quoi que ce soit. Brooklyn est notre aîné et nous sommes peut être trop protecteurs avec lui mais nous l'aimons plus que tout et voulons le meilleur pour lui. Tiens nous au courant s'il te plaît, si tout se passe bien avec mon fils, me supplia Victoria.

Ses yeux. Elle semblait vraiment atteinte. Elle aurait encore plus mal si je lui disais qu'à cause de son nom de famille et sa bonne éducation Brooklyn était un peu mis de côté à l'internat.
Je ne veux pas la rendre plus triste encore. Elle aime son fils profondément.

Je ne sais pas pourquoi je dis ça mais les sentiments que je ressentais dans le regard de la femme me poussèrent à lui répondre:
- Je te promets que je veillerai sur lui et qu'il ne lui arrivera rien.
Elle me sourit.
- Merci Albane. Brooklyn est un garçon gentil, il n'est pas problématique. Il a toujours été ouvert et sociable. Mais je ressens qu'il est malheureux en ce moment.

Brooklyn est malheureux. Ca me fait mal d'entendre ça. Cela me fait oublier ma rancoeur pour Monsieur-je-ne-veux-plus-te-parler et me donne envie de changer les choses.

Arrivés à l'école, je râlais en sortant de ma valise "mes" affaires. Apparement la valise d'habits que j'ai laissé chez ma famille d'accueil mettra du temps à être récupérée puis sera renvoyée chez moi en France. Il faudra donc que je demande à mes parents de m'envoyer des vêtements.
Mes parents et moi avons une relation peu commune. On s'aime beaucoup. Mais de loin. Loin de nous les conflits quotidiens. Donc pour demander des affaires ça va être compliqué.

Je pris donc un grand tee shirt de Brooklyn. Il est jauni et troué, et avait marqué en rouge the Rolling Stones à droite. Lucy était au téléphone, je me glissais donc sans bruit dans mon lit et allai sur twitter.

Vers minuit, alors je je venais d'éteindre et Lucy de raccrocher, la porte s'ouvrit... sur Mike. John et lui s'installèrent sur nos lits et allumèrent un joint.

Abasourdie, je commençais à blâmer tout le monde.
- Relax, qu'est ce qu'il y a Albane, ton copain coincé devait te rejoindre ce soir c'est ça?
Lucy rigole.
- Il sait même pas où est le couloir fille en fait, il n'y est jamais allé.
Je souffle.
- Les gars vous fumez la fenêtre fermée dans notre chambre ou on va dormir.
- Les toxines t'aideront à dormir bébé justement.

Ils sortirent une bouteille d'alcool. Un whisky hors de prix.

- J'ai piqué ça a mon père. Pour commencer la semaine en beauté!

Au bout de deux heure et demi où on rigolait ensemble, je commençais à me rendre à l'évidence: ils ne rentreraient pas dormir.
Même si j'avais changé mon comportement, je n'en restais pas moins une grande trouillarde et ne pas dormir et se bourrer une nuit d'école ne me plaisait pas.

- Mais Brooklyn rien que son nom fait gonzesse, arrivait à articuler John entre deux éclats de rire.
Ils riaient tous aux éclats.
- Ce mec appart les cols roulés de Burberry il roule rien d'autre.
- Vous pensez que si on lui refait le portrait un bon coup ses parents débarqueront avec leur 375 gardes du corps?
- Demain soir jme l'tape, annonça Lucy. Les mecs sifflèrent. Tous ricanaient et parlaient d'une manière bizarre... ils étaient complètement bourrés quoi.

A 3h, je pris mon téléphone et sortis dans le couloir en tee shirt et culotte. Je trouvai ou aller.

J'avais froid, j'avais honte et j'étais fatiguée. Jamais auparavant je n'aurais fait ce genre de soirée à l'improviste dans ces conditions.

J'arrivais en pleurs devant la porte et toquai.
Brooklyn passa la tête, tout endormi. Ses cheveux étaient ébouriffés, il n'était qu'en caleçon. Pas le moins du monde intimidée, je ne baissai pas les yeux. Je devais avoir une tête à faire peur car il ouvrit les yeux totalement en me voyant et me tira dans sa chambre.

- Qu'est ce qu'il y a?

Je tentais un récit de la soirée mais j'étais tellement en colère et fatiguée que je n'arrivais pas à sortir deux mots cohérents à la suite.
Il se passa une main dans les cheveux, souffla puis me demanda de me calmer.

- On a cours demain donc on devrait dormir.
- Mais justement, pleurnichais-je.

Ma comédie était terminée. Avec lui j'étais redevenue celle que j'étais. Celle qui a peur, qui n'ose pas, qui abandonne et part. Mais pour une fois, j'étais contente d'avoir fui mes amis qui me sont quand même, avouons le, toxiques.

- Je suis super énervée. Mike et John.
- Oui quoi eux? Ils sont cons mais c'est pas nouveau.
Je ris à sa remarque.
- Ils sont venus dans ma chambre. Et depuis ils fument et boivent. Impossible de dormir. Et ils te détestent tellement.
- Ca je le sais aussi, toujours pas nouveau.
Je soufflai. Je revoyais la tête de sa mère.
- Dis... je peux dormir avec toi ce soir?
Voyant qu'il mettait plus d'une seconde à répondre, je continuais pour me justifier.
- Il me sera impossible de dormir chez moi j'ai besoin de dormir au moins un peu s'il te plaît Brooklyn.
- Okay...

Celui avec qui Brook partageait sa chambre dormait profondément. Il ne nous avait absolument pas entendu. Je me glissai dans le lit vide, dont je devinais être celui de Brooklyn. Il me rejoint après et je pu commencer à me calmer. J'étais encore assez sur les nerfs.

- Calme toi maintenant c'est bon.
Sa voix m'aidait en effet à me calmer, contrairement au bazar que mettait les mecs dans ma chambre. Je pu commencer à respirer un peu mieux et me concentrer sur le silence qui m'entourait. J'entendais la respiration de Brook à côté de moi. Je sentais qu'il n'était pas encore apte à me pardonner. Dans sa tête, c'est à cause de moi qu'il se retrouve ici. On ne pourra jamais savoir si c'est vrai.
On était tous les deux dans son petit lit. On ne se touchait pas ou très peu. C'était un petit peu tendu. Mais malgré tout je me sentais bien.

- Merci Brooklyn.

AA & BBOù les histoires vivent. Découvrez maintenant