Le père noël est gris et maigre

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Asile, jour x

Je ne sais plus depuis combien de temps je suis enfermé ; un an, dix ans, peut-être plus, peut-être moins.
Mon traitement a été diminué, je peux enfin écrire ce que j'ai sur le cœur depuis trop de temps...
J'ai été accusé à tort, je suis sain de corps et d'esprit, contrairement aux dires de ces psychologues de merde et de leurs tests truqués.
Je suis innocent et par ces notes, je compte le prouver à tous ceux qui me liront.
Si j'ai perdu la notion du temps, je n'ai pas oublié la chronologie exacte des évènements, je me souviens même de la date où tout a commencé : 17 décembre 1966, 7 jours avant un réveillon de Noël qui s'annonçait encore magique, 7 jours avant l'horreur... j'ai des frissons, je tremble, je reprendrai mes notes demain.

Asile, jour x+1

Je m'appelle Edward Cunningham. J'ai bien vieilli depuis mon internement, je suis incapable de préciser mon âge exact. Ma mère, mon frère et ma sœur ne m'ont jamais rendu visite.

J'habitais un petit village isolé du nom de San José dans l'Arkansas. Une centaine d'âmes y vivait et presque tout le monde se connaissait, se disait bonjour. Mes parents y sont nés, y ont grandi, s'y sont mariés et ont donné naissance à leurs trois enfants. Moi, j'étais le plus vieux des trois. Je devais avoir 13/14 ans quand c'est arrivé. Si je ne me souviens pas de ma date d'anniversaire, je me souviens de tout, oui, de tout...mais c'est toujours aussi pénible, je suis déjà fatigué...

Asile, jour x+2

Début décembre 1966

Ça correspond à l'emménagement du voisin. Un vieillard barbu, ventru. Tout le monde disait qu'il ressemblait au père Noël. Moi je le trouvais étrange, bizarre, surtout son regard exorbité derrière ses petites lunettes aux verres ronds. J'ai observé son emménagement et un vieillard normal ne fait pas de déménagement seul, surtout quand il a un grand canapé, une armoire et des centaines de cartons repliés à plat. Lui si, avec une force et une rapidité anormale que j'ai été le seul à constater.

De la fenêtre de ma chambre située au premier étage, je pouvais voir sa petite maison en contrebas. Cette maison n'avait pas été habitée pendant une paire d'années à cause de sa sinistre réputation ; à l'approche de Noël un homme y était devenu fou et avait égorgé ses trois enfants, puis sa femme, puis les avait démembrés avant de mettre leurs morceaux dans des paquets cadeaux. Heureusement, la police l'avait arrêté avant qu'il ne les distribue aux enfants du village. J'ai des frissons, je reprendrai demain...

Asile, jour x+3

17 décembre 1966

Premier jour des vacances scolaires, mais c'est aussi le jour de la disparition d'un petit garçon. Bien sûr, ça ameuta tout le village et toutes les maisons furent fouillées de fond en comble sans trouver quoi que ce soit.
Le vieillard fut autant interrogé que les autres habitants. Aucune arrestation ce jour-là.

18 décembre 1966

Au tour d'une petite fille qui jouait juste devant chez elle de disparaître. Le village était sens dessus dessous, plus personne ne se disait bonjour, tout le monde soupçonnait l'autre, même le chien de l'autre comme si des chiens pouvaient bouffer des enfants sans laisser de traces. Il y eut des insultes, des bagarres, des gens furent mis en prison et il y avait autant de flics que d'habitants dans le village.

Moi, ce que je trouvais étrange, c'était le comportement de mon voisin le vieillard. Il déambulait dans la rue, faisait ses courses, s'asseyait calmement sur un banc et tout le monde faisait comme s'il était la seule personne normale du village. Les enfants venaient toucher son ventre ou sa barbe. Le vieux leur donnait alors des bonbons. Les parents le remerciaient et lui disaient qu'il était le seul rayon de soleil dans cette ville. Certains ont commencé à lui demander si pour Noël il pouvait porter le bel habit rouge afin de redonner du moral à tout le monde. Il a accepté.

Make Creepypasta Scarry AgainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant