L'expérience Harbinger

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Le monde dans lequel nous vivons est rempli de choses que nous ne comprenons pas. Ou pas encore, mais, nous, les humains, étant des êtres curieux par nature, nous tentons naturellement de comprendre notre univers. Cette façon de penser - cet état d'esprit - nous a conduit à faire d'incroyables découvertes et inventions que l'on n'aurait pu imaginer il y a quelques centaines d'années. Nous avons éradiqué des maladies, construit des bâtiments qui touchaient le ciel, et même des machines qui nous ont élevés au-dessus des nuages puis dans les étoiles. Si nos ancêtres pouvaient nous voir, nous et ce que nous avons accomplis, je suis persuadé que nous serions pris pour des dieux.

Notre curiosité et soif de savoir ne nous a cependant pas toujours conduit vers le bien. Le Mal fait aussi partie des fruits de nos recherches. Et j'ai peur que celui-ci soit notre perte. Je ne dis pas ceci pour passer pour un grand philosophe qui aurait passé du temps à méditer là-dessus, non, si j'en parle c'est que j'en ai fait l'expérience. Je l'ai vu. J'en ai fait partie.

L'évènement dont je vais vous parler est totalement vrai, je vous le jure. Je sais que beaucoup d'entre vous resteront sceptiques, et penseront à une énième histoire flippante destinée à vous donner des frissons, mais je vous certifie que ça n'est pas là mon but. Ce que je veux montrer dans cette histoire c'est que le Mal rôde derrière le voile de la vérité de ce qu'on l'on comprend et ce que l'on voit, vous dévoiler ce qui se tapit dans l'ombre. Même moi je ne comprends pas tout.

Ce que je vais décrire s'est réellement passé et, j'en suis persuadé, se passera à nouveau.
En 1971, un scientifique pas vraiment connu a commencé des études préparatoires pour un projet top secret, connu sous le nom de « L'expérience Harbinger. » J'aimerais que ce scientifique reste anonyme pour des raisons personnelles, il sera donc dénommé « Zimmerman. »

Son passé avant cette date n'était pas très clair. Tout ce que je savais c'était qu'il était né et avait vécu quelque part dans le Maryland, et qu'il avait une étrange fascination pour le spiritisme et l'occulte. Ce qui a plus tard fait de lui un proscrit parmi ses collègues, vu comme on se moquait (et comme on se moque toujours) de ce qui touche à la métaphysique. Les opinions de Zimmerman par rapport à l'autre monde n'en étaient cependant pas la seule cause. C'était ses méthodes qui le mettaient à l'écart et lui donnaient une mauvaise image chez ses pairs. Zimmerman était connu pour être froid et d'une rudesse sans équivoque. Il n'avait que faire des moyens, tout ce qui comptait pour lui était les résultats, et s'il jugeait leur valeur suffisante, il était prêt à payer n'importe quel prix. Sa soif de savoir et de vérité était brutale et insatiable, et c'est pour cela qu'on le craignait. Ceux qui le connaissaient sans en avoir peur étaient ses disciples, ils le suivaient, lui et ses travaux.

Même le mot Harbinger est intriguant et presque intimidant. Peut-être est-ce la façon qu'il a de rouler sous la langue, ou peut-être son association avec le projet biaise mon jugement. Mais il me semble porter un destin tragique. Et puis, c'est assez logique, en fin de compte... il signifie avertissement ou présage. Je ne peux imaginer les raisons qu'avait Zimmerman pour lui donner ce nom mais rétrospectivement celui-ci était parfait.

Zimmerman avait désigné un petit nombre de scientifiques (j'en faisais parti) pour nous dire qu'il travaillait sur « quelque chose d'énorme ». Et qu'il avait besoin de personnes qui pouvaient tenir leur langue et ne divulguer aucune information sur son œuvre. Bien qu'il ne faisait pas totalement confiance à tout le monde, il savait que nous étions des professionnels, et que pour une raison ou pour une autre nous avions besoin de ce boulot.

Pour ma part je travaillais à une clinique des environs comme docteur, mais on m'a surpris pendant que je volais des médicament, et j'ai été viré sans cérémonie. Évidemment cela avait laissé une trace indélébile sur mon CV et j'avais du mal à trouver du travail. Et puis je venais de l'Alaska et vivais près de l'endroit où devait se dérouler l'expérience, on peut dire que je constituais un choix pratique. Vous vous imaginez bien que j'ai sauté sur l'occasion, et c'était difficile de résister vu le salaire qu'on nous offrait !

Nous étions donc 15 au total. Certains étaient ses collègues de longue date, certains avaient été engagés en tant que personnel de maintenance et un petit nombre pour sa « sécurité personnelle ». J'étais le seul professionnel de santé. Je me demande encore comment il a trouvé le financement nécessaire pour cette expérience et je ne serais pas vraiment surpris si j'apprenais que les fonds n'avaient pas été levés de manière complètement légale. Mais bon, j'avais besoin d'argent et il en avait. Mais aujourd'hui je regrette cette décision.

Après que Zimmerman ait obtenu de l'argent, il l'a utilisé pour acquérir un terrain relativement grand dans un endroit reculé du désert gelé de l'Alaska. Il y a fait construire une structure de béton qui ressemblait pas mal à un bunker. La seule différence reposait sur le fait que son but premier était de garder des dommages potentiels à l'intérieur et non pas de se protéger de l'extérieur, d'après ce qu'il disait. La plupart de cette structure était souterraine, ce qui avait pour effet de donner l'illusion qu'elle était beaucoup plus petite vue de dehors. La seule façon d'entrer et de sortir était de passer par une petite échelle qui partait d'un petit bâtiment de béton à la surface, que j'appellerai à partir de maintenant le « bâtiment d'entrée » pour que ça soit plus simple, et qui rejoignait le réseau souterrain. La nuit, après que tout le monde soit allé se coucher, la trappe qui renfermait l'échelle était fermée grâce à un large et solide couvercle de métal. Zimmerman était très strict sur ça. Situé non loin de là, il y avait un groupement de cabanes en bois qui servait de dortoir pour le staff.

Comparé au bâtiment d'entrée, la structure souterraine était immense. Au centre du complexe se trouvait la salle de contrôle. Là où tous les appareils électriques étaient branchés, ce qui incluait les caméras de surveillance, les lumières et les dispositifs de contrôle des portes. Consoles, moniteurs et ordinateurs tapissaient les murs de cette salle. C'était aussi là que débouchait l'échelle.

On pouvait quitter la salle de contrôle par trois portes : une qui débouchait sur une petite pièce servant d'infirmerie, une autre qui menait à une salle de repos et une troisième qui s'ouvrait sur les couloirs. Les couloirs étaient l'endroit où le complexe commençait à avoir l'air terriblement sinistre. Pour une raison que j'ignore, ils étaient arrangés en suivant un schéma très déroutant, dessinant des cercles et menant à des culs-de-sac. Ces couloirs constituaient la majeure partie de la structure, et il était facile de se perdre dans ce labyrinthe si l'on ne connaissait pas l'endroit.

Mais si vous saviez où vous alliez, vous pouviez rapidement vous retrouver devant une des trois pièces de 6m². Chaque pièce disposait d'une caméra placée à un de ses coins et connectée à un moniteur dans la salle de contrôle. Il y en avait aussi partout dans les couloirs pour que quiconque surveillant depuis la salle de contrôle puisse regarder où il le voulait, quand il le voulait. Ces petites chambres étaient fermées par de lourdes portes de métal, qui s'ouvraient au moyen d'un digicode à 4 chiffres situé juste à côté.
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Make Creepypasta Scarry AgainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant