Chapitre 1 - Flashback

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  Je m'en souviens encore, comme si c'était hier

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  Je m'en souviens encore, comme si c'était hier. Ils se tenaient devant moi, l'air cruel, le regard empreint d'une morbidité sans pareille, leurs corps entier respirant des ondes diaboliques, machiavéliques. Prêts à se jeter sur moi et à me réduire en pièce. Pourquoi était-ce sur moi qu'ils s'acharnaient ? Je n'en avais pas d'idée précise. Ce que je savais, c'était que j'étais une élève brillante. J'avais toujours été brillante en classe, dans toutes les matières, à commencer par les maths, en passant par la biologie jusqu'au sport. Ma mère était fière de moi, enfin, seulement à cette époque. Elle était heureuse,mais malheureusement, les élèves ne partageaient pas son enthousiasme. Je subissais leur jalousie, leur haine. Ma peur, ma fragilité, ma timidité, n'arrangeaient en rien les choses. Ils profitaient de moi comme bon leur semblait, et moi, je ne disais rien, ni à la maîtresse, ni plus tard, aux profs, ni même à ma mère. Ils étaient jaloux. Et quand on doit étudier dans une école où la cruauté animale prime, être faible n'est guère un avantage. Ils ont eu raison de moi. Ils ont eu raison de ma peau....

-Laissez-là ! Vous êtes tous bêtes ou quoi ? Fichez-lui la paix ! Qu'est-ce qu'elle vous a fait ? Elle ne fait juste que bien travailler en classe, et d'ailleurs, vous feriez mieux d'en faire autant, bande d'ignorants ! Qu'est-ce que vous croyez ? Que tout le monde est obligé d'être sur la même longueur d'onde que vous ? Eh bien non ! Et fort heureusement, parce que sinon, le monde serait bel et bien un foutu bordel...

Ils l'avaient regardé, les yeux écarquillés de surprise, le corps immobile. Sa voix imposait respect et autorité. Dès lors, il cessèrent de s'acharner sur moi...ou du moins, pas aussi fortement qu'auparavant...

-Tu vas bien ?
-Oui ça va. Merci de m'avoir défendue.
-Mais de rien. Tu devrais leur répondre, quand ils t'ennuient. T'imposer. Cette bande d'idiots n'a pas le droit de s'acharner sur toi.

J'étais là, sans rien dire, rouge de honte. Déjà, elle m'avait pris la main et m'entraînait dans le couloir...
Depuis, on ne s'était plus jamais quitté...

...Selena, ma meilleure amie...

* * *

-J'organise une fête à la maison, pour mon quatorzième anniversaire ! Bien sûr, tu es la première invitée. Tu verras, ce sera génial ! Y'aura Dan, et puis Louise, Marilyn, Andro, et toute la clique !

Je fis une petite moue, tout en faisant mine de réfléchir.

-Je n'aime pas trop être en compagnie d'autres personnes, et tu le sais.
-Allez, ça va être trop méga giga génial quoi ! Franchement !
-Je ne sais pas. Je verrai, mais ce n'est vraiment pas sûr. J'aime pas qu'on m'emmêle les baskets.

Selena explosa :
-Tu n'est franchement pas Sociale Demetria Devonne Lovato ! Non mais qu'est-ce que j'ai fait pour avoir une meilleure amie pareille.
-Je pensais que tu m'aimais comme je suis.
-Bien sûr que si, mais...j'aimerais tellement que tu sois un peu plus...sociable ! On peut vraiment rien faire avec toi !
-Tu dois accepter que je sois différente de toi.
-Tu n'es pas différente, non ! C'est à cause du passé, n'est-ce pas, à l'école, mais aussi dans ta famille. Tout ça t'a bouleversé et tu ne sais plus où donner de la tête. Tu te méfies de tout et tout le monde !

Elle n'avait pas totalement tort, je devais l'admettre. Mais je n'allais tout de même pas la laisser remporter cette conversation :

-Selena, je suis moi, point. Je ne déteste pas les gens, mais j'ai besoin d'un temps d'adaptation. Rien n'est facile pour moi, et tu le sais.
-Un temps d'adaptation...mais pendant combien de temps encore cela va t-il durer, hein ? Demain j'organise une fête pour mon anniversaire, et toi, qu'est-ce que tu vas faire pendant ce temps ? Hiberner dans ta chambre comme une moufette et passer the time à te mutiler comme tu aimes si souvent le faire ? Ah mais, comme c'est plaisant ! C'est l'exaltation suprême !

Selena avait levé les yeux aux ciel, et moi, je la regardais, blessée, profondément blessée, et secouée.
D'une voix amère, je lâchai :
-C'est bon Selena. J'ai compris.

Et je tournai les talons. Selena, comprenant son erreur, tenta de me rattraper en criant mon nom. Mais je ne l'écoutais pas, ou du moins, plus. Et pour ne pas céder à la tentation de me retourner, je me mis à courir, courir, courir, pour ne pas qu'elle me rattrape. Tandis que je courais, je n'avais pas réalisé que des larmes coulaient sur mes joues. Mon cœur me brûlait. Il me brûlait de l'intérieur.Et cela n'avait pas l'air que d'être au sens figuré...

* * *

Le sang dégoulinait sur la moquette de ma chambre. Quelques gouttes avaient éclaboussé mon jean, le salissant ainsi, mais je m'en fichais. J'agissais les yeux fermés, la tête penchée en arrière, appuyé contre le mur bleu pale de ma chambre. C'était un éclat de verre. Une espèce d'objet fétiche. Objet fétiche de « torture »... Tandis que je sentais ma peau me brûler sous l'effet de la coupure, je sentis un certain soulagement. Après tout, peut-être Selena avait-elle raison... « l'exaltation suprême »...
Un ricanement amer m'échappa. Pauvre Selena. Elle m'avait blessé sans le vouloir, en essayant de me raisonner pour me protéger.
Je relevai la tête et ouvrit grands les yeux, malgré l'obscurité totale dans laquelle ma chambre était plongée. En effet, dans ces moments-là, je n'aimais pas être exposée à la lumière, comme si, quoique cela fut impossible, quelqu'un pouvait m'apercevoir, découvrir ce que je faisais.
Les rideaux d'un même ton que les murs bleus pâles étaient tirés, le fenêtre était fermée. Mon lit, ma commode, ma penderie, mes étagères, et autres objets se trouvant dans ma chambre, apparaissaient dans le noir, tels des ombres, des ombres maléfiques. Je me sentais comme dans un autre monde. Un monde de sorcières et d'elfes enchanteresses. Non que j'aimais cette ambiance diabolique, mais c'est ce que je ressentais à travers ces ombres fixes se profilant dans le noir.

-Demi !!! Le dîner est servi !!!

Ma mère. Je n'avais pas faim. Pas le moins du monde. Mais je n'allais surtout pas lui causer de tracas supplémentaires en jouant l'adolescente révoltée. Elle n'avait pas besoin de ça, pour l'instant.

-J'arrive !!!

J'ouvris l'un de mes tiroirs et en sortit tout ce qu'il fallait pour soigner ma plaie que je prie soin de cacher sous le manche d'un horrible pull difforme que désormais, je portais quasiment la plupart du temps.
Tandis que je descendais lentement les escaliers, une pensée me vint pour Selena. A cette heure, elle était sûrement entrain de se déhancher sur la piste avec Dan Simpson. En clair, ce n'était pas le genre d'ambiance dans lesquels j'aimais me retrouver. J'en sus gré à mon amie de ne pas avoir parlé à ma mère de cette fameuse fête, car je savais, que quoique ma mère ne sache rien pour la torture que je m'infligeais, elle me savait renfermée et aurait insisté pour que j'aille à l'anniversaire.

Quand j'arrivai dans la salle à manger, ma mère déposait un saladier sur la table. Je l'avais toujours trouvé jolie, avec ses jolies cheveux blonds mi-longs, qui encadraient son visage et contrastaient avec ma tignasse d'ébène. Alors qu'elle levait la tête vers moi et me souriait tout en dénouant son tablier taché de sauce tomate, j'aperçus, non avec une certaine surprise, les petites rides qui commençaient à apparaître aux coins de ses yeux. Auparavant, je ne les avais jamais remarqué. Était-ce moi, le temps, les soucis de la vie, ou bien les trois à la fois qui lui faisaient cet effet ? Cela devait être sûrement les trois combinés.
Je me mis à table, tandis que ma mère faisait de même et joignait ses mains pour la prière.

Le dîner avait l'habitude de se passer dans le silence..enfin, sauf les rares fois où je daignais ouvrir la bouche, mais ce n'était que parce que ma mère me posait des questions, et cette fois-ci fut encore la bonne :

-Que comptes-tu faire ce week-end ?
-Rien de spécial. Pourquoi ?
-J'ai obtenu deux places de cinéma. Tu devrais y aller avec Selly.
-Je n'aime pas aller au cinéma. Je préfère regarder les films dans ma chambre. Et encore, je n'en suis pas hyper fan non plus.

Ma mère soupira entre deux bouchées de pomme de terre.

-Tu devrais essayer de t'aérer un peu, de t'ouvrir aux autres ! Je suis sûre que ça te fera du bien.

Je levai les yeux au ciel :

-Sacrebleu, je croirais entendre Selena !
-Si elle te le dit aussi, c'est qu'il est temps que les choses changent.
-Sauf que ça a le don de m'agacer. Je ne comprend pas pourquoi vous devriez vous apitoyer sur mon sort ! Je vais bien, je vais très bien même ! Pourquoi les gens sont forcement anormaux lorsqu'ils sont différents des autres ? Et si je suis bien comme je suis ?
-Je ne dis pas non, ma chérie, mais pour les autres, tu devrais faire un petit effort. C'est toujours bénéfique de se faire des amis, de s'amuser avec eux et d'en garder des souvenirs !
-Je n'ai pas besoin des gens maman ! Je n'ai besoin de personne !

Les yeux empreints de pitié et de tristesse que me jetait maintenant ma mère m'exaspérèrent au plus haut point. Pourquoi fallait-il toujours que l'on me prenne en pitié ? Que l'on s'inquiète de moi comme si j'étais la personne la plus précieuse du monde ?

Je me levai, faisant grincer ma chaise et me dirigeai résolument vers les marches. Arrivée au milieu de l'escalier, je lançai :

-Je n'ai pas faim. Si c'est toujours le cas pour toi, prend ma portion. Ne laisse rien. Je n'aurai pas faim de toute la soirée, ni pendant la nuit.

Et je montai les escaliers...

* * *


-Demi, tu ne me causes plus ?
-ça dépend...
-Oh, Demi, je suis vraiment désolée, désolée pour ce que je t'ai dit l'autre fois. Je n'ai pas réalisé à quel point ça fait mal.

Je continuais ma marche, sans prendre garde à mon amie.

-Demi !
Le ton de sa voix était suppliant, sa voix tremblait. Elle allait se mettre à pleurer. Je daignai enfin lever les yeux vers elle. En effet, de lentes larmes dégoulinaient de ses joues. Son regard planté dans le mien, me foudroya en plein cœur, comme si je découvrais pour la première fois le sens réel de l'amitié.
Voyant que j'étais devenue réceptive, elle continua :

-Demi, je suis désolée. Je m'en veux, et je sais que tu m'en veux également, et tu as raison. Mais je m'inquiète pour toi, même si parfois je peux paraître saoulant. Je t'aime tu sais. Je côtoie pleins de monde, et pourtant, il n'y a pas une personne parmi qui t'arrive à la cheville en tant que meilleure amie. Malgré ton caractère de merde, malgré tout ce que tu es, tout ce que tu fais, je t'aime comme tu es. Ne l'oublie pas.

Émue des paroles de mon amie, je me laissai aller aux larmes et la serrai très fort dans mes bras. Je ne pouvais rien dire. Je n'y arrivais pas. Mais les actes valaient plus que les mots, et connaissant mon amie, je savais qu'elle avait capté le message. Nous restâmes là, à nous balancer l'une contre l'autre, tandis que le vent fouettaient nos cheveux et faisaient claquer les extrémités de nos vêtements.

* * *

-Joyeux anniversaire ma Chérie !
-Joyeux anniversaire ma Demi chérie !
-Merci.

Je souriais sincèrement. J'étais touchée et reconnaissante à ma mère et à ma meilleure amie de n'avoir pas invité toute leur clique à mon anniversaire. Nous étions trois, seulement trois. Entre filles. J'avais quinze ans. Les mois étaient passés, j'avais grandi. Selena et moi avions grandi, tandis que ma mère vieillissait à mesure que le temps passait. Cependant, elle était toujours aussi belle. Je pensai que j'aimerais vieillir joliment. Être une vieille-jolie-dame. Être jolie tout en étant vieille. Une bonne vieille jolie madame.

Je déballai le premier cadeau, qui était celui de Selena. C'était de nouvelles bottes en daim noir. Je regardai Selena, muette de joie : elle m'avait offert la paire que je rêvais d'avoir pour l'assortir avec

mon nouveau jean noir et mon haut court sur lequel était écrit «Smile, Dance, and Live ».
Dans ma joie, je poussai un cri et me jetai dans les bras de mon amie, que je manquai étouffer et qui se retint de justesse pour ne pas que nous nous étalions par terre.

-Merci, tu es géniale !
-Je savais que ça te ferait plaisir ! Je voyais bien ta petite mine quand on passait devant les vitrines !
-Bon, assez discuter, sinon mon cadeau va pleurer si on ne le déballe pas ! Hein ?
-Oui, tu as raison maman ! Dis-je dans un gloussement.

Je déchirai l'emballage avec frénésie et découvris un DVD dans le genre film d'horreur, comme j'adorais, et le dernier livre de mon auteur préféré. J'en ouvris la première page et aperçu la dédicasse.

-Oh maman, c'est juste super génial !!! Je t'aime !!!
-J'espérerais que tu le dises également dans d'autres circonstances, me déclara t-elle, d'un air rusé.
-Helena ! s'exclama Selena en pouffant de rire.
-Bon, on mange le gâteau maintenant ? Demanda ma mère.

Ce que nous acceptâmes avec joie, d'autant plus que c'était elle qui l'avait fait, avec l'aide de Selena, quand je ne le savais pas. Nous partageâmes donc le gâteau et passèrent le reste du temps devant la télé, à regarder mon nouveau film, en grignotant les petites friandises dont Selena avait été chargée d'apporter.

C'était le pur bonheur à cette époque. Enfin, ces petits moments passés ensembles étaient des purs moments de bonheur, sans compter toutes les petite taquineries que j'avais à subir au collège. Mais comparé à ce que je vivais maintenant, ça n'avait rien à voir.
Petits enfants, petits problèmes, grands enfants, grands problèmes.  

Girl, Stay StrongOù les histoires vivent. Découvrez maintenant