Chapitre 14 - Made in the U.S.A #DemiLovato

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  Point de vue externe/narrateurOn était vendredi matin

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  Point de vue externe/narrateur

On était vendredi matin. Vendredi. Le jour ultime, le jour J. Vendredi, le jour où Nick devait payer la dette de Demi. Mais il était toujours couché à l'hôpital, rongé par l'inquiétude. Ce matin-là, Demi et Selena eurent la bonne idée d'aller le visiter avant d'aller en cours. Elles seraient en retard mais tant pis : l'amitié avant tout.
Sur place, elles retrouvèrent Joe, Kévin et Frankie. Après avoir dit bonjour à tout ce petit monde, elles s'enquirent de la santé de leur ami alité.

-Le docteur a dit qu'il va mieux, répondit Kévin. Il a reprit un peu de force, même s'il est toujours un peu pâle. On a espoir : il s'en remettra.
-Et la balle ? S'inquiéta Demi.
-Il n'est rentré à l'hôpital que hier, Nick était trop affaibli pour pouvoir entamer une opération. Mais il est plus reposé aujourd'hui et le docteur pense que d'ici cet après-midi, la balle pourra être extraite.

Demi et Selena poussèrent un soupir de soulagement. La première s'approcha du lit et caressa tendrement les cheveux de son ami, en souriant.

-Tu vas t'en sortir mon chéri...ne t'en fais pas, tu vas t'en sortir...
-Bon, il faut que j'y aille, j'ai du boulot qui m'attend, et de plus, je dois aller déposer Franckie à l'école. Pas vrai mon bonhomme ?

Franckie leva des yeux vides vers Kévin, qui avait parlé, puis répondit d'une voix étrangement lente :

-J'aurais préféré rester avec Nick.
-Oh allez, t'inquiète pas, tu vois bien qu'il n'est pas seul. Demi, Selena et Joe veillent sur lui. On reviendra le voir, promis.
-Bon...d'accord.
-Parfait ! Allez, au revoir tout le monde !
-Au revoir Kévin !

Kévin s'en alla et nos trois amis restèrent donc dans la chambre de Nick. Demi s'assit près de lui, sur son lit, et continua à lui caresser les cheveux. Elle le regardait, complètement attendrie. Joe entourait les épaules de Selena d'un bras. Ils se regardèrent en souriant, émue de cette scène.
Soudain, leur amie se tourna vers eux et leur demanda si elle pouvait être seule à seul avec Nick, ce qu'ils comprirent parfaitement. Ils sortirent pour l'attendre dans la salle d'attente.


* * *
Point de vue de Demi

Qu'il était beau mon Nick. Un frisson me parcourut le corps en pensant une seule seconde à sa disparition : ne plus l'avoir à mes côtés, ne plus pouvoir le regarder, le sentir, le toucher, l'embrasser. Une larme vint se poser sur le drap blanc. Je ne devais pas y penser, non. Le docteur avait bien fait comprendre qu'il s'en sortirait sûrement, il ne fallait donc pas s'angoisser tant.

-Nick, lui murmurai-je. Si tu savais combien je t'aime...je...j'aurais eu peur de le dire auparavant. J'aurais eu peur de faire face à mes sentiments. De tomber. Mais je sais maintenant que si je tombe, tu me relèveras...et je ferai de même pour toi. Alors, ne m'abandonne pas maintenant mon chéri, s'il te plaît...j'ai mal de te voir souffrir. Mais tu dois te battre. S'il te plaît, bas-toi, bas-toi.

Alors que je parlais, Nick ouvrit peu à peu les yeux.

-Demi ?
-Oui, je suis là Nick.
-Je pensais à toi.
-Je pense tout le temps à toi. Tu sais quoi, tes frères sont rassurés sur ton compte et moi aussi, même si j'ai toujours un peu peur. Tu dois me promettre de faire de ton mieux pour t'en sortir.
-Je te le promets Demi.
-Bien, dis-je en souriant. Je ne veux pas trop te fatiguer, alors je repasserai te voir ce soir.
-Non attends.

Il m'avait retenu par le bras. La force avec laquelle il me tenait me surpris. Il avait sans doute dû réunir tout le peu de force qu'il avait pour m'attraper, ce qui me faisait penser qu'il avait quelque chose de très sérieux à me dire. Fronçant les sourcils, je me rassis.

-Je t'écoute Nick.
-Hé bien voilà...ne va pas au lycée aujourd'hui.

En voilà une demande !

-Mais enfin Nick, pourquoi ? Tu sais bien que je dois y aller, je ne peux pas rester avec toi tou...
-Non, c'est pas pour ça m'interrompit-il. Je te parle sérieusement Demi. Tu es en danger si tu y vas. Et d'ailleurs, je préfère que Selena n'y aille pas non plus.
-Nous, en danger ?! Mais de quoi et pourquoi ?!


Devant sa gêne visible de parler, j'insistai, inquiète :

-Nick parle-moi, dis-moi quelque chose ! Si moi ou même Selena sommes en danger, tu dois m'expliquer pourquoi !
-Très bien alors...écoute-moi bien...un jour, je marchais dans le couloir du lycée et j'ai été happée par la bande à Billy...
-Tu veux parler du gars du journal ?
-Oui.
-Continue.
-Ils m'ont dit qu'étant donné qu'à cause d'Anna Rose, ton secret avait été révélé, ta dette envers eux était annulée. Mais ils voulaient quand même bénéficier de l'argent, alors ils se sont associé avec Anna pour me faire payer mille dollars avant aujourd'hui, sinon ils n'hésiteraient pas à...te faire disparaître...Eux c'était pour l'argent...Anna, par pure vengeance...
-Oh My gosh, cette histoire Nick...
-Chuut...Calme-toi, laisse-moi continuer. Ils me l'ont dit le mardi, alors je devais me dépêcher si je voulais faire les choses à temps. J'avais peur pour toi. Je voulais te protéger, j'avais peur de te perdre, peur qu'ils te fassent du mal, qu'ils te tuent. D'ailleurs, Billy m'a montré un couteau tranchant pour me prouver qu'il n'hésiterait pas à t'éliminer si les circonstances s'en présentaient.
-Oh...

Des larmes fuirent toutes seules de mes yeux.

-Non, ne pleure pas Demi. Je suis désolé, je ne voulais pas te faire pleurer.
-Non, c'est pas ta faute...
-Allez, pose ta tête sur moi et calme-toi.

C'est ce que je fis. J'étais bien là, tout contre-lui. Mais j'avais soudain peur. Peur pour ma vie.
Je lui demandai de continuer son récit, malgré le fait que la peur commençait à m'étreindre de toutes parts.

-Comme je voulais trouver une solution, j'ai séché les cours. Il fallait que je réfléchisse. Et c'est là que j'ai trouvé l'idée de...de dealer. Tout le monde sait qu'en dealant on gagne pas mal de frics. Même si c'est illégale. Je voulais tenter le risque. Je devais te sauver à tous prix.
-Et donc tu m'a demandé de venir pour que je te mette en contact avec des dealers, c'est ça ?
-Exactement. J'ai pris le risque de partir quelques instants après le départ de Joe, car il était rentré pour sa pause déjeuner. Je suis allée dans le quartier que tu m'avais indiqué et j'ai fais la connaissance de Bidouille et des autres.

A ce nom, je sursautai.

-Bidouille tu dis ?!
-Oui. Il a eu l'air très surpris quand il a eu de tes nouvelles. Il a été content de savoir que tu te portais bien, et les autres aussi. D'ailleurs, ils m'ont demandé de te saluer.

Je baissai la tête et restai silencieuse. L'évocation de noms de dealers me rappelait tant de choses. Ils m'avaient aidé, soutenu, protégé...mais c'était aussi à cause d'eux que j'étais tombé dans la drogue.

-Demi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
-Oh euh...
-Tu aimerais les revoir ?
-Non, non, pas du tout. Ils ont été ma seconde famille pendant une période, mais je ne veux pas les revoir. Ça me fait trop de mal de repenser à mon ancienne moi.Tu peux comprendre ça ?
-Je crois que oui, affirma t-il en hochant la tête.
-Que s'est-il passé ensuite, interrogeai-je, sans le regarder.
-Ils m'ont appris à dealer. En fait, c'est très facile, mais subtile. Il suffit de les observer. C'est ce que j'ai fait. Je me suis mis à vendre près des lycée et collège. Je sais que ce n'est pas bien de vendre aux jeunes, qui restent les plus addicts aux drogues, mais je n'avais pas le choix. Ma peur de te perdre était plus forte que tout...
-Oh Nick...
-J'ai donc dealé et très vite j'ai gagné de l'argent. Les drogues dures se vendent très cher, et les habitués ne peuvent pas s'en passer. Ils sont près à tout pour avoir leur dose de came. Un soir, j'allais vendre ma came à des gamins, mais on a été chopée par la police et j'ai été perforé par une balle que quelqu'un possédait dans la rue.
-Oh Nick !

Sans savoir pourquoi, je me mis à le serrer contre-moi aussi fort que je le pu. Je tremblais de tous mes membres, j'avais des papillons dans le ventre et mon cœur battait au rythme d'un culte de sorcellerie.

-Nick, j'ai peur, j'ai peur. Je ne veux pas rester ici, dans ce quartier. J'ai peur !
-Calme-toi Demi, il ne t'arrivera rien, je suis là, il ne t'arrivera rien.

Nick du s'armer de courage avant de réussir à me calmer un peu. Quand cela fut fait, je lui dis :

-Je te dois tout. Si tu n'avais pas été là, je...Tu as risqué ta vie pour moi, tu as risqué ta vie, ta réputation ! Tu t'es risqué pour moi ! Nick ! Si tu savais combien je t'en suis reconnaissante de m'avoir protégé ! Mais tu aurais pu y laisser la vie ! J'ai eu si peur ! Tu es fou...tu as été fou de faire ça Nick...Mais pourquoi tu...
-Tout simplement parce que je suis un fou, oui, mais un fou de toi...
-Oh Nick !

Je le serrai dans mes bras. Des larmes roulèrent le long de mes joues s'en pouvoir s'arrêter. J'avais trouvé...j'avais trouvé la personne qui avait pu ouvrir la porte scellée de mon cœur...il avait risqué sa vie pour moi...il m'aimait...et je lui devais bien plus qu'un simple cookie aux pépites de chocolat...

* * *

Point de vue de Selena

-J'y crois pas ! Demi, c'est incroyable !
-Oui, incroyable mais vrai.
-Mais comment il a fait pour gagner milles dollars en deux jours ? C'est impossible !
-Les affaires ma vieille, les affaires ! D'abord, les dealers qu'il a rencontré lui ont donné une partie du bénéfice de leur travail du mardi soir dès son retour le lendemain. Ils l'ont fait pour moi, parce qu'ils me connaissaient. Et puis avouons que quand tu es camé, tu es prêt à payer n'importe quel somme pour avoir ce que tu veux ! Nick en a rencontré sur sa route !
-Wouaw ! Y'a de quoi devenir camée !
-Non Selena, ce n'est vraiment pas une vie.
-Mais où sont planqué les milles dollars ?
-Chez lui, dans sa chambre. Il m'a dit que c'est dans une boîte au bois abîmé, sous une pile de linges, dans son armoire.
-Qu'est-ce qu'on va faire Demi ?
-J'en ai parlé avec Nick...il faut tout dire à la police. Si on ne se bouge pas, Billy et les autres vont se poser des questions, ils vont d'abord chercher Nick, puis farfouiller vers chez moi, vont me trouver et je serai en danger. Toi aussi tu risque d'être en danger, Joe aussi. Il faut tout dire. La police doit intervenir.
-Mais, et Nick ? Qu'est-ce qu'il encoure ? Il a quand même transporté de la drogue ! Que ce soit pour sauver la femme de sa vie, ça, les policiers s'en foutent ! Ils font leur travail, point.
-Je suis sûr que ça s'arrangera pour le mieux Sel'. Et si ça ne se passe pas comme prévu, j'utiliserai les moyens forts...
-Les moyens forts, répétai-je, peu rassurée.
-Ne t'en fais pas. On va gérer la situation.

J'espérais de tout mon cœur que Demi ait raison...

* * *
Point de vue de Demi

J'étais là, assise à une table, dans une pièce froide, avec autour de moi trois policiers dont on ne cernait ni la sympathie, mais ni la méchanceté non plus. Je ne savais pas quoi penser. Bizarrement, j'avais

peur. Je ressentais le besoin d'avoir Selena et Joe auprès de moi. Mais on les avait empêché d'entrer. S'il voulaient parler, c'était l'un après l'autre. Ils devaient attendre dans la salle. Ils n'avaient rien à dire pour le moment mais ils m'attendaient, pour me soutenir. Je leur en était reconnaissant.

En face de moi était assis un policier, dont l'air amusé faisait penser qu'il n'était qu'un gros vicieux assoiffé de passions charnelles...un autre derrière, faisait le va-et-vient à travers la pièce, les mains jointes derrière le dos, le visage inexpressif. Enfin, le troisième était assis, ou plutôt, penché sur la table, vers moi, comme s'il devait avoir ma bouche collée contre son oreille pour bien entendre ce que je disais.

-Vous dîtes donc qu'il a les milles dollars chez lui ? M'interrogea le policier assis en face de moi.
-Oui, acquiesçai-je, le regardant droit dans les yeux.
-Bien. Nous sommes prêts à vous croire, mais il y a un léger problème.
-Lequel ? Demandai-je, anxieuse.
-Il n'y a pas de preuves que ces jeunes gens ont réellement menacé votre ami.
-Mais puisque je vous dis que si, ils l'ont fait ! M'exclamai-je en frappant du poing sur la table. Ils l'ont fait ! Vous pensez que c'est un plaisir pour tout le monde de dealer ? Vous voulez l'accuser à tort et à travers, hein ? Vous êtes prêts à croire qu'il y a milles dollars chez un jeune homme, et qu'il s'en est procuré par deal mais vous n'êtes pas prêts à croire qu'on l'ai forcé à le faire ? Ma vie est en danger je vous signale ! Si vous n'êtes pas prêts à agir, je vous assure que je m'en chargerai, moi !
-Calmez-vous Mademoiselle. Vous oubliez que vous êtes en face de la police !
-La police, la police ? Mais qu'est-ce que j'en ai fichtrement à faire moi de la police ! Je vous demande simplement de faire votre travail, point !

Les trois policiers stoppèrent leurs gestes pour se regarder l'un l'autre, puis, après des hochements de tête entendus, le policer assis en face de moi m'adressa de nouveau la parole :

-Mademoiselle Lovato, nous allons donc interroger ces jeunes gens. Vous pouvez disposer.
-Bien. Dis-je en me levant. J'espère que justice sera rendue.

J'ouvris la porte et m'éloignai pour aller rejoindre mes amis. Dès que ceux-ci me virent, ils se levèrent.

-Alors ? S'inquiéta Joe.
-Ils vont interroger Billy, Martial, Louise et Mary.
-C'est tout ?
-Pour le moment, ils ne peuvent pas faire autre chose. J'espère que ces petits crétins vont avoir peur et vont tout avouer. C'est embêtant de ne pas avoir de preuve quand on dit la vérité !
-ça tu peux le dire !


Nous sortîmes dans la chaleur étouffante du jour.

-ça vous dit d'aller à la terrasse du coin ? Je meure de soif ! S'exclama Selena.
-Bonne idée ! Répondis-je.

Point de vue inconnu

Accolée contre le mur d'à côté, celui de la coiffeuse, bras croisés contre ma poitrine, je les regardai s'éloigner. Je les avais vu entrer puis sortir du commissariat de police. Je savais pourquoi ils s'y étaient rendu. Je savais aussi qu'ils avaient peu de chance que la justice leur soit rendue...il n'y avait que moi qui pouvait les sauver du malheur...le ferais-je ? Je ne le savais pas encore...Mais après tout, je n'étais pas non plus amie avec ces personnes au journal. Ils m'étaient hostiles. Alors, pourquoi n'aiderais-je pas Selena, Demi et le frère de Nick Jonas ? Je le pouvais. Mais je ne les aimais pas. Je ne les aimais pas et eux non plus. Je ne voyais pas pourquoi je devais aider des personnes avec lesquelles je n'avais aucune affinité...
Cependant, ma conscience et mon bon côté commençaient à me parler de plus en plus...

* * *
Point de vue de Selena

-C'est aujourd'hui qu'ils vont interroger nos bons amis les journalistes, déclarai-je en déposant sur la table le verre de coca que je sirotais.
-Oui, en effet, affirma Joe.
-Je suis inquiète. J'espère que ça va bien se passer.
-Pour eux ? Tu n'espère tout de même pas qu'ils s'en sortent !
-Mais non idiot ! M'exclamai-je en riant. C'est pas dans ce sens là. J'espère qu'on aura pas à passer pour des menteurs ou je ne sais quoi.
-En tous les cas, s'ils ne se rendent pas, tant qu'on aura pas de preuves, la police ne fera rien et tu le sais.
-Je sais Joe.

Je serrai les poings afin d'empêcher mes larmes de fuir. Joe le remarqua et me prit dans ses bras.

-T'inquiète pas ma chérie. Ça ira. Les choses finiront par s'améliorer.
-J'ai peur Joe. J'ai peur pour Demi et Nick.
-Ne t'en fais pas. On s'en sortira, tous. Allez, voilà que tu pleures maintenant. S'il te plaît, arrête mon cœur, je n'aime pas te voir dans cet état.
-Tu as sans doute raison, répondis-je, en l'aidant à essuyer mes propres larmes.


Nous restâmes quelques minutes en silence, chacun dans ses pensées. Quand soudain, une pensée me traversa l'esprit :

-Et si jamais la police les relâche ? Billy et sa bande vont vouloir nous trouver pour se venger ! Qu'est-ce qu'on va faire ? Joe, Joe j'ai tellement peur !
-Garde ton calme mon bébé. Tu as raison, je n'avais pas pensé à ça. Écoute, tu sais quoi ? Tu te rappelles de « Nights and Days » ?
-Oui, c'était la boîte de nuit où l'on allait lorsqu'on était plus jeunes...c'était avant d'avoir le bébé...

A ce souvenir, j'eus soudain froid, je grelottais alors qu'il ne faisait pas du tout froid.

-Je...je suis désolée Joe, m'excusai-je en pleurant. C'est...
-Non, c'est de ma faute...je n'aurais pas dû t'en parler...
-Ne t'en fais pas pour moi. Ça passera.
-Oh, Chérie, je suis tellement désolé !

Il me prit dans ses bras et me berça, ce qui me calma peu à peu. Quand je fus sûre de ne plus faire de crise, je lui demandai de continuer :

-Cette boîte ne fonctionne plus depuis des lustres. Le bâtiment est voué à la destruction. Pour le moment, personne ne s'en sert, il est en friche. Personne n'y entre et personne n'aurait l'idée d'aller crécher là-bas alors...
-Alors tu penses qu'on pourrait aller se réfugier là-bas pour notre sécurité ?
-Oui. Qu'est-ce que tu en penses ?
-Je pense que...c'est une bonne idée oui. Faut-il en parler aux parents ?
-Bien sûr, il faut tout leur raconter. Faisons cela chacun de notre côté, pour le moment, nous devons attendre l'appel de Demi qui nous dira ce qu'a pensé la police.
-Oui.

Je baillai pour la unième fois et Joe se mit à me fixer bizarrement.

-Quoi ? Pourquoi me regardes-tu de cette façon ?
-Tu as l'air fatigué ma Sel', tu devrais aller te reposer.
-Oh non, pas du tout, je...

Mais avant que je puisse répondre, il m'emporta dans ses bras, et, malgré mes protestations, me porta jusqu'à sa chambre, où il me déposa délicatement sur son lit.

-Voilà Madame, me dit-il. Vous êtes servi. Bonne sieste ma chérie.

-Mais Joe...
-Il n'y a pas de Joe qui tienne. Je veux que tu te reposes et en vitesse.
-Tu es trop méchant, dis-je en faisant mine d'être très fâchée.
-C'est parce que je t'aime, répliqua t-il en me faisant un clin d'oeil, un sourire charmeur sur les lèvres.

Je ne pouvais pas lui en vouloir. Il me faisais fondre. Je lui souris et lui promis de me reposer un peu.

* * *
Point de vue de Demi

Bon. Il fallait avouer que pour trois personnes c'était assez spacieux, mais n'empêche, c'était poussiéreux, très poussiéreux. Heureusement que Joe nous avait averti d'apporter balai et serpillière ! Tous trois, nous nous activâmes à rendre la pièce la plus accueillante que possible.

Quand nous eûmes fini, nous nous installâmes pour la nuit. Joe et Selena se couchèrent ensemble, dans les bras l'un de l'autre. Ils parlaient entre eux, rigolaient, ils étaient mignons.
Comme je n'avais pas non plus sommeil, je m'assis sur mon sac de couchage et pris mon casque et mon mp3. Nick me manquait. Il me manquait terriblement. Quelques temps plus tôt, il avait été opéré pour extraire la balle de son corps et j'avais été extrêmement stressée. Fort heureusement, la tension était redescendue car le médecin nous avait assuré que l'opération s'était bien déroulé et que Nick devait maintenant prendre du repos.

J'étais contente que tout ce soit bien passé. Mais pauvre Nick, il devait s'ennuyer et se sentir très seul. Pensait-il à moi ce soir là ? Se demandait-il si j'allais bien, s'inquiétait-il pour moi ?
Oh oui, j'en étais sûre, je le croyais de tout mon cœur !
Nick...il me manquait tellement !
L'envie me prit de jouer de la guitare et de chanter Nightingale, l'une des chansons que j'avais écrite pour le plaisir, mais j'avais oublié ma guitare chez moi et j'en étais frustrée. Je me contentai d'écouter la playlist de mon lecteur mp3.

Brusquement, je sentis un petit coup à la tête. Je me tournai et aperçu une petite boule de papier. Je levai les yeux vers Selena et Joe, qui riaient puis enlevai mon casque.

-Hé, vous n'avez rien à faire, vous deux ? Demandai-je.
-Désolée mais je voulais te parler, commença Selena, mais comme tu avais ton casque, tu n'entendais pas et...hahahaha, ah, j'en peux plus !
-Mais zut pourquoi vous riez ?
-Si...Si tu avais vu ta tête ! Hahaha...quand tu as reçu la boule dans la tête....hahahaha on aurait dit que....hahaha ...que tu avais reçu une révélation ! Hahahaha, hahaha !

-Ouais, haha. Très drôle Selena.
-Excuse-moi Demi, c'est plus fort que moi...hahaha...

Légèrement vexée, je ramassai mes affaires et allai m'installer plus loin.

-C'est pas la peine de me rappeler que toi tu es en sécurité dans les bras de ton chéri et que moi je suis seule, j'avais remarqué ! Fiche-moi la paix maintenant, le spectacle est terminé !

Le rire de mes amis s'arrêtèrent instantanément.

-Hé ! S'exclama t-elle. Ne le prends pas comme ça ! Je ne voulais pas te vexer ! Demi ! Tu me fais la tête ! Demi s'il te plaît !
-Excusez-moi. Je suis à cran ce soir. Bonne nuit vous deux.

Et je me serrai dans mon sac de couchage...

* * *
Point de vue de Nick

Je me sentais soulagé d'un grand poids mais affaibli. Ma famille et mes amis me manquaient. Demi me manquait. Je me demandais ce qu'elle pouvait bien faire à cette heure. En effet, depuis que je lui avais tout révélé, personne ne m'avait raconté ce qu'il s'était passé. J'étais curieux et inquiet à la fois : est-ce que Demi était toujours en danger ? Allait-elle au lycée ? Prenait-elle ses précautions ? Mais à la pensée que mon frère était avec elle et Selena, je me rassurai : il était plus âgé que nous, il était fort et il avait de bonnes idées. J'étais sûr qu'il les protégerait.
Tranquillisé, je m'accordai quelques minutes pour reposer mes yeux, quand soudain, mon téléphone se mit à sonner sur ma table de nuit. Je le saisis et souris quand j'aperçus le numéro qui s'affichait : celui de Demi.

-Bonjour ma princesse.
-Bonjour mon Roi.
-Ah parce que je suis ton Roi ? Alors tu es censée être ma fille si tu es la Princesse.
-C'est parce que tu es trop bien pour moi que je suis la simple Princesse.
-Arrête Demi. Tu es parfaite pour moi. Juste parfaite. Alors...acceptez-vous d'être ma Reine chère demoiselle?
-C'est...
-Oui, tu as compris...
-Oh Nick, c'est tellement beau, je...
-Dois-je le prendre pour un oui ?

-Je...Oui. Oui Nick.
-Tu m'en vois être le plus heureux des Rois, mais avant tout, le plus heureux des garçons.
-Des hommes. Pour moi tu es un homme. Quand un garçon se risque ainsi pour une fille, c'est un homme.
-Demi...
-Comment vas-tu Nick ?
-Un peu fatigué, mais ça va. Et toi ? Donne-moi des nouvelles des autres.
-On squatte l'ancienne boîte de nuit que fréquentaient les deux tourtereaux à l'époque.
-Raconte-moi tout.

Alors elle me mit à me raconter tout ce qui s'était passé depuis qu'ils m'avaient laissé à l'hôpital.
La décision qu'avait prise mon frère de les cacher me rassurait. J'étais touché de savoir qu'il se sacrifiait pour elle, qu'il se cachait avec elle, pour les protéger. Je me promis de le remercier dès que je le pourrais. Je voulais le faire personnellement, comme un vrai bon frère.


-Tu me promets de faire attention à toi ? M'enquis-je auprès de Demi.
-Oui, c'est promis, à condition que tu en fasses autant.
-C'est promis.
-Nick, tu penses que la situation s'améliorera ?
-...

Que devais-je répondre ? Je ne savais rien, je n'étais sûr de rien. Tout pouvait basculer d'une minute à l'autre.

-Je ne sais pas, finis-je par avouer, en soupirant.
-J'ai peur de ce que la police peut te faire.
-Ne t'inquiète pas pour moi.
-Nick...
-Il faut que je te laisse Demi, je suis un peu fatigué. Excuse-moi.
-Oui, ne t'en fais pas, je comprend.
-A très vite ma Reine.
-Oui, à très vite.

Nous raccrochâmes en même temps. J'avais loupé de lui dire « je t'aime ». Que m'était-il arrivé ? Bizarrement, j'avais eu un blocage, je n'avais pas pu, les mots étaient restés en travers de ma gorge, alors que j'avais réussi à le lui dire en face... Etais-ce parce que les choses commençaient à devenir de plus en plus sérieuses ?
Sûrement...

Fatigué par mes propres questionnements, je posai à nouveau ma tête bien à plat sur l'oreiller et tentai de m'endormir, quand une voix familière me parvint aux oreilles :

-Hé toi !

Je me retournai et ouvrit de grands yeux : elle ? Que faisait-elle là ?! Sa présence ici était aussi surprenante qu'un ours dans un réfrigérateur !
Ayant repris mes esprits, je répliquai :

-Qu'est-ce que tu fous ici ?
-Ce que je dois...
-Toi venir ici par simple charité ? Ça m'étonnerait !
-Oui et non...
-Mais vas-y, qu'est-ce que tu attends pour accoucher ! Dis-je, légèrement agacé.
-Bon, ça y est, pas la peine de vous exciter pour Monsieur Jonas, mais c'est juste qu'il paraît que je peux vous aider à coincer les leaders du journal du lycée.

Je failli m'étrangler :

-T...Toi...attend...comment s'est possible !
-Tais-toi, je te montrerai. A une condition.
-Laquelle, demandai-je, méfiant.
-Danser avec moi au bal des Terminales...

* * *
Point de vue inconnu

-Donc vous dîtes que vous êtes témoin et que vous en avez la preuve ?
-Ouais, quoi, ça vous choque ?

Ces policiers commençaient sérieusement à m'agacer. On aurait dit qu'ils ne savaient pas en quoi consister leur travail. Pour faire taire leurs soupçons une fois pour toutes, je leur tendis le CD sur lequel j'avais gravé ce que j'avais entendu.

-Si vous ne voulez pas me croire, écoutez au moins ceci. J'ai la même chose dans les fichiers du dictaphone de mon téléphone portable. C'est une chance que je sois une véritable peste, une fouineuse, hein ? Parfois, ça sert. Je me dirigeais vers la salle de classe où j'avais oublié mon foulard flambant neuf. Je voulais absolument le retrouver. Il se trouve que je me trouvais tout juste dans la trajectoire où les fameux « journalistes » avaient attrapé Nick. J'ai eu le temps de voir que Billy Rage le happait par le col. Je me suis vite reculé, de façon à ce qu'ils ne me voient pas. Je me suis caché derrière la batterie de casiers du couloir. « Les journalistes » avaient vraiment l'air en rogne et ça semblait mal se présenter pour Nick Jonas. Je ne sais pas pourquoi, j'ai souri. Des scènes découvertes comme ça, par surprise, dans le lycée étaient rares, et cela m'excitait. J'ai sortis mon portable de ma poche et j'ai commencé à enregistrer la conversation grâce à mon dictaphone. Mais au fur et à mesure, ce que j'entendais me glaçais les os. Quand ils en ont eu fini avec Nick et qu'il commençait à faire demi tour, je me sis barré et je me suis tiré dans un couloir adjacent.

Les policiers restèrent silencieux après mon récit. L'un deux regardait ses chaussures.

-Bah quoi, vous ne me croyez pas ? Demandai-je, de plus en plus exaspéré. Il était temps pour moi d'employer la manière forte. Et pour moi, c'était celle là :

-Écoutez, vous ne me croyez pas, d'accord, mais je dis la pure et simple vérité. Je suis peut-être une sale peste égocentrique, mais quand je sens des personnes vraiment en danger, je sais le reconnaître ! De toute façon, j'ai tout l'argent que je veux, mes parents sont riches, ma mère est avocate, mon père est un grand producteur. Je peux vous envoyer en tôle si je veux, racontez des conneries sur vos têtes ou encore vous faire poursuivre par la justice ! Ironique, non, quand on est un policier ? Alors, vous choisissez quoi?

Je croisai mes bras sur ma poitrine et les regardai tous d'un air supérieur. Ils se regardèrent l'un l'autre, puis, d'un commun accord, hochèrent les épaules.

-Entendu jeune fille. Mais il faudrait qu'on écoute d'abord ce CD.

C'est ce qu'ils firent. Ils finirent par se rendre compte que je ne mentais pas. Tout était là, enregistré, paroles sur paroles. Il n'y avait ni rien à dire, ni rien à redire.

-Okay, il seront en liberté surveillée, conclut celui qui semblait diriger l'affaire. Vous pouvez disposez Mademoiselle.
-Non.
-Comment ça, non ?
-Je reste ici. Amenez les gars, je veux les voir ici, dans la même pièce que moi.
-Mais...vous êtes folle, ceci est impossible ! Les règles sont les règles !

Mais je me penchai sur la table, donnant une vue sur mon décolleté plongeant, les mains bien à plat :

-C'est ça ou alors vous aurez affaire à mon père...n'oubliez pas...

Ils se regardèrent encore tous trois, comme effrayés, ou alors ennuyés par mes paroles, et ne me dirent plus rien. Tandis que l'un deux fut chargé de rester dans la pièce avec moi, les deux autres allèrent

arrêter les fameux journalistes de notre triste lycée...

* * *

Point de vue de Demi

La complicité et la solidité du couple Selena/Joe me frustrait plus que tout. Certes, ils étaient heureux ensemble, mais devoir les supporter toute une journée, devant mes yeux, à se faire des mamours me faisait du mal. Oui, car Nick n'était pas là et il me manquait terriblement. Je voulais le sentir près de moi, je voulais qu'il prenne ma main, qu'il me sourit, qu'il me serre fort dans ses bras, qu'il m'embrasse, qu'il me touche et ne me quitte plus. Mais...il n'était pas là et cela me rendait de maussade et tristement nostalgique.
La nuit passée, Selena et Joe n'avaient pas pu s'en empêcher. C'était comme si je n'existait plus. J'avais dû dormir dehors, pour ne plus les entendre.
Aujourd'hui était un nouveau jour, et je restais toujours dans mon coin. J'avais dépoussiéré mon sac de couchage et maintenant j'étais assise près de la porte, laissant les rayons tièdes du soleil me caresser la peau.
Selena vint me rejoindre quelques instants plus tard. Après être allé se douché chez Joe. Car oui, pour se doucher, on devait aller chez Joe. Il n'habitait pas trop loin heureusement.

-Tu vas bien Demi ?
-Oui.
-Parle-moi. Je ne te supporte plus quand tu es comme ça. Tu pourrais au moins me dire ce qu'il t'arrive.
-Et c'est moi qui devrais te supporter avec ça ? Je te signale que toi et Joe, vous ne vous gênez pas, même quand je suis là. C'est moi qui doit comprendre qu'il faut que je débarrasse le plancher, et je ne me plains même pas !

Selena baissa la tête et rougit.

-Oh Demi...je...Excuse-moi...je...
-C'est rien, laisse tomber. Je me levai, ramassai mes affaires et m'apprêtai à aller plus loin quand des voix se dire entendre. Selena et moi tournâmes la tête en même temps. C'était Joe et...un gosse de treize à quatorze ans environ. Cheveux blonds sales, chemise et pantalon déchirés et poussiéreux, chaussures usés. Ce devait être un sans-abris. Cela me désolait toujours de voir dans mon propre pays, un pays aussi riche que le mien, des enfants, des jeunes, sans toit, sans vêtements, sans nourriture.

-Hé les filles ! Cria Joe tout en s'avançant avec le garçon. Je vous présente Stanley. Il dormait derrière notre vieille « demeure ». Stanley, je te présente Selena, ma petite-amie, et Demi, une amie, et la

meilleure amie de Selena.
-Content de faire votre connaissance.
-Nous de même, répondit Selena pour nous deux.
-Je vous ai jamais vu dans le coin, et vous avez pas l'air d'SDF habillés comme ça.
-On est pas des SDF, répliquai-je. On dort ici par nécessité.
-Par nécessité ?
-Ouais, en gros on est en danger et donc on doit se cacher.
-Mais pourquoi ça.
-Laisse, annonça ma meilleure amie en gloussant, je vais tout t'expliquer dès le début.

Et Selena, plus patiente et plus conciliante que moi, se mit à raconter ce que nous autre savions déjà.
Peu à peu, Stanley finit par comprendre, mais quelque chose l'intriguait quand même :

-Dîtes-moi, ces gens que vous appelez les « fameux journalistes » et qui ont menacé votre ami qui est à l'hôpital, ils s'appellent comment ?
-D'abord, commença Selena, il y a Billy Rage, puis Mary, Louise et Martial.
-WHAT ?!!!

Stanley se leva d'un bond, les yeux écarquillés, plus brillants qu'une bille lustrée deux cent fois.

-Quel mouche t'a piqué ? Demandai-je en haussant un sourcil.
-Je les connais !!!

Joe et Selena se regardèrent en fronçant les sourcils. Puis, s'adressant au garçon :

-Comment tu les connais ?
-Je les connais un peu beaucoup. Ils dealent et se cament. Ils m'ont souvent vendu de la drogue et ils se réunissent régulièrement chez Billy pour se défoncer jusqu'à très tard dans la nuit. J'ai déjà eu l'occasion d'aller à ce genre d'ambiance. C'est assez bizarre en fait. C'est morbide, comme une orgie. Lors de ces occasions, Billy a souvent des relations avec Mary et Martial en a avec Louise, mais Martial et Billy en ont aussi ensemble et les deux filles, pareil !

J'étais choquée, je n'arrivais pas à le croire. Quelle ironie! Ils étaient censés être les personnes les plus « réglos » du lycée, et pourtant, c'était eux qui s'adonnaient à cette immoralité flagrante ! J'avais envie de vomir, c'était dégueulasse. Je m'étais toujours demandé ce que ça faisait de le faire tout en étant défoncée, mais je n'avais jamais eu le courage de franchir le cap. Heureusement, car à présent, je voyais toute l'ampleur de l'horreur.

-Où les as-tu rencontré ? Interrogeai-je.

-Je n'ai plus de famille, plus de maison, alors j'erre ça et là, je change souvent de planque. Nous, les sans-abris, on a pas le choix. Et puis un soir, je marchais , en ville. J'ai été attiré par les lumières d'une fenêtre. Il y avait de la musique à fond. Je me suis approché et j'ai vu une fille qui dansait d'une manière très provocante. Elle était dans sa chambre. Louise. J'ai tout de suite été subjugué par elle. Elle m'a surpris entrain de l'espionner, mais elle n'a pas eu l'air fâché. Elle m'a ouvert sa fenêtre en souriant et m'a invité à entrer. Nous avons commencé à danser l'un contre l'autre. Au fur et à mesure, la cadence augmentait. C'est que c'est une séductrice cette Louise. Puis à un instant, elle m'a dit qu'elle revenait. Elle est sortie de sa chambre. Quelques instants plus tard, elle avait deux verres entre ses mains. Un pour elle et un pour moi. C'était du coca. Tout en buvant, je la regardais à travers le verre.
Chaque fois que je croisais son regard, elle riait. Quelque chose l'amusait, je ne savais pas quoi.
Longtemps plus tard, quand tout a été vraiment, fini, j'ai compris. L'instant d'après avoir bu le verre de coca, je me suis senti vraiment étourdi, mais je me sentais bien, libre. Je me sentais l'envie de voler, je me sentais invincible. Toutes les couleurs autour de moi étaient magnifiques, le moindre son était amplifié dans mon esprit.

Je frémis. Je connaissais cette sensation, je l'avais vécue, expérimenté. Des souvenirs me revinrent en mémoire, tels des flashs. J'en fus mal à l'aise mais je me forçai à rester pour écouter la suite du récit de Stanley.

-C'est à ce moment que Louise m'a allongé sur son lit. Elle m'a déshabillé et j'en ai fait de même pour elle...c'était parti...
Après ça, je suis revenue régulièrement chez elle. On faisait toujours la même chose, et on était toujours défoncés. Puis un jour, elle m'a invité à une soirée où elle m'assurait que j'allais vraiment me sentir tel un héros au paradis. J'y suis allé avec elle et c'est là que j'ai fait la connaissance de Billy et des autres. Et voilà.

Joe regarda Selena, puis nos regards se croisèrent. Nous étions tout à fait horrifié. D'autant plus que le garçon qui se tenait devant nous avait l'air assez jeune. Selena me devança dans ma question :

-Quel âge as-tu ?
-Quatorze ans. J'avais douze ans à l'époque.
-Douze ans ! Oh c'est pas vrai, douze ans...

Joe se précipita vers Selena pour la soutenir car il la sentit défaillir. Moi aussi j'étais estomaquée : j'avais toujours su qu'il y avait des camés de toute âge...mais j'avais toujours fermé les yeux sur ceux qui avaient des relations trop jeunes...cela avait été facile car je n'avais jamais eu l'occasion d'aborder ce sujet avec aucun jeune camé que j'avais croisé sur ma route...Stanley était le premier...



Nous restâmes un moment là, en silence, Stanley nous épiant de ses yeux d'aigle Royal.
Il fallait prendre une décision, et c'est Joe qui en prit l'initiative en disant :

-Stanley, si tu veux bien, nous allons balancer à la police qu'ils flanquent leur drogue chez Billy.

Le garçon eut l'air effrayé :

-Et moi alors ? Ils vont me demander si j'en ai pris, je ne sais pas ce que je vais répondre. Ils le sauront de toute façon. Je ne sais pas ce qu'il va m'arriver.
-Non, tu ne risques pas grand chose, le rassura Joe. Tu n'as que quatorze ans. Tu seras probablement placée dans un centre pour jeunes, puis placé dans une famille d'accueil.

Stanley grimaça, puis se gratta la tête, indécis.

-Mais c'est que, je ne sais pas si j'ai envie d'être assisté. Vous comprenez, ça fait trop longtemps que je suis à la rue maintenant, j'ai appris à y vivre, avec les avantages et les inconvénients que cela comporte. A la street, c'est la loi de la jungle qui règne, la loi du plus fort. Si tu veux être maître, tu dois te battre. C'est dur, mais j'ai appris à vivre comme ça, et je me suis endurci. Je sais pas si je peux être encadré maintenant, je sais pas si je supporterai de retourner à la vie civilisée. Vous comprenez ?

-Oui, on comprend, répondit Joe pour nous tous.

Quoi ? Joe baissait les bras ? Et Nick alors, il l'oubliait ? Il avait risqué sa vie pour moi à cause d'une bande de débiles mentaux et on allait continuer à les laisser se balader dans la nature, tout en sachant que je serais en danger ? Que Nick serait en danger ? Ça, pas question !
Dans mon élan, je saisis Stanley par les épaules, ce qui le surprit, et le regardai droit dans les yeux. Mon cœur battait du tambour, ma respiration était saccadée. Il fallait qu'on fasse quelque chose, il le fallait.

-Stanley, écoute-moi, commençai-je, à cause de Billy, Martial Louise et Mary, Joe, que tu vois ici, a failli perdre son frère, Selena, que tu vois ici, a failli perdre son ami, et moi Demi, qui est devant toi, a failli perdre son Amour. Il a risqué sa vie pour moi ! Tu comprends ! S'il est à l'hôpital en ce moment, c'est de leur faute, et s'il lui était arrivé pire, ce serait toujours de leur faute ! Tu t'imagines, maintenant qu'on a balancé à la police qu'ils l'ont menacé Nick et moi, dans quel pétrin on se trouve ? Nous sommes en danger ! Ils vont nous écrabouiller si jamais ils nous trouvent ! Et tôt ou tard, ça risque d'arriver si on ne mets pas la police à leurs trousses ! Tu peux comprendre ça au moins ?

Un peu effrayé par moi, il hocha rapidement la tête.


-Bien, dis-je, en le relâchant. Je comprends que ce ne sera pas facile pour toi de t'intégrer à nouveau à la vie sociale, mais on te devra bien de t'y aider. Et au moins, on sera tous encore vivants.

Stanley finit par se ranger tout à fait à mon avis.
Je croisai le regard d Joe, qui leva un pouce à mon intention en me faisant un clin d'œil. Je lui répondit par un sourire éclatant.
Par mesure de sécurité, il décida qu'il emmènerait seul Stanley au commissariat...

* * *

Point de vue externe/narrateur


Les choses étaient peu à peu entrain de se débloquer : Nick avait reçu la visite de cette fameuse personne qui s'était rendu au commissariat pour révéler les preuves contre l'élite du journal du lycée, et maintenant, Joe avait emmené Stanley pour qu'il révèle ce que lui savait.
En attendant, les deux meilleurs amies, à savoir Demi et Selena étaient restés dans les «ruines » de l'ancienne boîte de nuit. La première n'avait pas tardé à appeler son chère-et-tendre pour lui annoncer la nouvelle les concernant tous. Celle-ci avait beaucoup surpris Nick, qui se réjouissait déjà à l'idée de voir son amoureuse enfin libre et en sécurité.

En apercevant le jeune Stanley, les policiers parurent légèrement soupçonneux et agacés, mais le visage sérieux de Joe leur firent présager qu'il s'agissait de quelque chose d'important et ils acceptèrent de lui parler. Stanley dit exactement ce qu'il savait sur Billy et sa bande d'amis. Croyant d'abord à une utopie, les policiers, par l'insistance du jeune garçon, résolurent d'aller vérifier la donnée par eux-même. C'est ce qu'ils firent. Ils perquisitionnèrent l'appartement de Billy tout en l'arrêtant, lui, ainsi que Louise et les autres. Joe et Stanley se trouvaient en bas du bâtiment, anxieux et impatients.

Quelques instants plus tard, tout le monde sortit du bâtiment. On avait trouvé des petits sachets de produit illicite ainsi que des pilules douteuses. En réalisant qu'il avait été pris, Billy tenta vainement de se libérer tout en proférant qu'il n'avait rien fait de mal, qu'il ne savait pas ce que ces choses faisaient dans son appartement. Mais en fouillant ceux des autres, qui se trouvaient dans la même zone que celui de Billy, on trouva également des petits sachets douteux, des petits bonbons gélatineux.

La sentence tomba : en état d'arrestation pour menace de mort et pour détention de produits illicites...
La police garda le CD de l'inconnue, les petits sachets et autres petits bonbons, comme pièce à conviction. Ils s'emparèrent également des mille dollars que Nick avait gagné, car il fallait admettre que c'était de l'argent sale, et qu'il ne pouvait donc pas le garder.
En tous les cas, tout se finissait bien.
Billy, le plus gros « boss » dans cette affaire, reçut une peine plus dure que les autres : étant majeur, il

était condamné à la prison pour plusieurs années, et il avait également une très grosse amende à payer, ce qui mettait sans aucun doute sa famille dans le désespoir, mais il l'avait cherché. Billy n'avait jamais été un cœur tendre. Grâce à l'entremise de l'inconnue au CD, sa peine était alourdie, car cette personne, souvenons-nous, était très influente.
Les amis de Billy furent condamnés chacun à payer une amende pour complicité et pour détention de produits illicites. Ils étaient également condamné à réparer leur faute par des travaux d'intérêt général.
Stanley fut conduit dans un centre pour jeunes. En contrepartie, Joe promis de venir voir comment il se portait.

L'affaire Billy était donc réglée. Demi, Selena, Joe et sa famille étaient désormais en sécurité.
Quelques temps après cette délicate aventure, Nick sortit de l'hôpital. Demi fut la plus heureuse de le revoir, de pouvoir le serrer dans ses bras.
Ce fut une vraie fête pour toute la famille Jonas. Mais nous en avons pas fini...qu'en était-il du futur de Demi et de Nick ? Nous allons le savoir tout de suite...

* * *

Point de vue de Demi

La brise fraîche nous balayait les cheveux, nous secouait un peu. Mais nous étions calmes et sereins, là, assis sur les rochers en face de la mer maternelle, tandis que le soleil jetait ses dernier rayons sur l'Amérique.
Nick se rapprocha de moi et m'entoura d'un bras. Je posai ma tête sur son épaule.

-Je suis contente que tout soit enfin terminé, dis-je.
-Moi aussi, répondit-il.

Je sentais que depuis le début, il voulait me dire quelque chose, mais qu'il était nerveux. Je sentais ses doigts trembler dans ma main. Intriguée, je levai mon visage vers le sien. Il du le sentir, car il prit la parole :

-Écoute Demi, je...une fois, nous avons appelé au téléphone et tu m'as dit que tu acceptais d'être ma Reine. Est-ce que...est-ce que ce n'était qu'un jeu ? Ou... ?

Je souris tandis qu'il avait réussi à me regarder, puis répondis :

-Nick, ce n'était qu'un jeu...
-Ah...


Je le vis refermer sa main sur le tissu de son jean, crispé. Il détourna le visage, faisant mine de regarder ailleurs alors qu'en fait, son cœur était en train d'exploser en milles morceaux.
Cela me faisait mal de le voir comme ça. Il fallait que j'arrête ma petite blague. Tout ça était fini. Autant les blagues que la peur et tout ce qui allait avec.
Tendrement, je lui pris le menton et tourner son visage vers le mien, puis je lui murmurai :

-C'est un jeu...un jeu bien réel...

Je collai mes lèvres contre les siennes, et nous restâmes là, dans le vent, pendant longtemps...nos lèvres disaient tout haut ce que nos cœurs pensaient tout bas.
C'était un amour qui avait apparu, s'était construit, battit aux U.S.A, notre patrie d'origine. Made in the U.S.A...

Our love was made in the U.S.A...


* * *
Point de vue externe/narrateur

L'aventure n'est cependant toujours pas fini, mes amis, bien que nous savons maintenant ce qu'il en est de Nick et de Demi.
Bien des choses étaient à venir avec chacun des personnages...
Mais avant d'y venir, qui était donc cette personne inconnue, visiblement d'un haut rang, qui s'était donné généreusement pour nos chers amis ? Qui avait contribué à la construction ou plutôt, à la fin du cauchemar, en apportant sa pierre à l'édifice, en l'occurrence, le fameux CD qui contenait toutes les paroles qu'avait proféré les losers contre Nick et Demi ?



To be continued...

Girl, Stay StrongOù les histoires vivent. Découvrez maintenant