Chapitre 13 - Heart by heart #DemiLovato (written by Diane Warren)

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   Point de vue de NickDe la fenêtre de ma chambre, j'aperçus Demi qui arrivait chez moi

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Point de vue de Nick

De la fenêtre de ma chambre, j'aperçus Demi qui arrivait chez moi.
Je dévalai les escaliers et avant même qu'elle appuie sur le bouton de la sonnerie, la porte était déjà ouverte.

-Heu...Wouaw..., se contenta t-elle de dire. Tu as des pouvoirs magiques maintenant ?
-Non, j'ai juste des yeux qui ont épié ton arrivée depuis la fenêtre de ma chambre.
-C'est si urgent que ça ! Raconte-moi ce qu'il se passe ?

Je la laissai entrer puis fermai la porte derrière elle. Nous allâmes nous asseoir dans le salon. Je n'étais pas très fort pour mentir et chaque fois ça me rendait nerveux.

-Ben...O...oui...c'est urgent...hum...je fais un reportage sur les dealers et...
-Minute papillon...tu fais un...reportage ? Depuis quand ?
-Depuis...bah...en fait j'ai pas encore commencé. Je viens de débuter.
-Où est-ce que tu as déniché ça ?
-Je me suis inscrit à...hum...une espèce de club pour journaliste en herbe...donc on s'entraîne...on fait des articles et des petits reportages ...
-Et tu peux me dire où ça se trouve ?
-En ville...mais ne me demande pas de t'y amener un de ces quatre, ce n'est pas possible. Ils n'autorisent que les personnes qui font partie du club et c'est déjà complet.
-C'est étrange, je n'ai jamais entendu parler d'un club pareil...mais dis-moi, comment tu vas faire entre ce club et le basket ? N'oublie pas que tu dois beaucoup t'entraîner !
-Ne t'en fais pas pour moi, je m'en sortirai. Les entraînements sportifs se déroulent après la journée de cours. Le reportage, je peux le préparer le week-end et durant les jours où l'on a pas cours.
-Je vois...mais du coup, on se verra moins souvent ?
-Heu...ouais...
-Ah...
-T'inquiète pas Demi, ça ne durera pas très longtemps...

Elle resta quelques moments silencieuse, puis balança :

-Mais ça ne m'explique pas pourquoi tu t'es barré du lycée ?!
-Hum...eh bien...je...voilà, le responsable en chef m'a demandé de lui soumettre la liste des personnes

que je vais interviewer. Il la veut dès ce soir. Il ne veut pas négocier. Il en a besoin. Je dois la lui envoyer par mail. Ce n'est pas au lycée que j'aurai le temps ni que je trouverai ma liste, donc je suis parti.

-Mais pourquoi ça t'intéresse tant de travailler dans ça ? Tu veux devenir journaliste ?
-...Ouais...pourquoi pas ? Ça pourrait être génial !

Malgré tout ce que je racontais à Demi, je voyais qu'elle se montrait incrédule. Elle fronça les sourcils et croisa ses bras sur sa poitrine.

-Je pensais que tu détestais regarder les news à la télévision !
-Heu...oui c'est vrai mais...on peut toujours changer d'avis.

Elle prit un moment avant de répondre un :

-...Ouais...je vois... pas très convaincu.

Je lui pris les mains et la fixai du regard. Encore une fois, mon cœur faisait des ravages à l'intérieur de moi. Mais je n'étais pas là pour ça, nous n'étions pas là pour ça. Je lui avais dit que nous devrions faire abstraction de nos sentiments...je devais oublier ça....
Reprenant mes esprits, je lui dis de la façon la plus sérieuse du monde :

-Tu dois m'aider. Quand tu te droguais...tu connaissais certainement des gens...
-Tu veux dire des dealers ?
-Ouais, ce genre de personne...
-Eh bien...Oui. J'en connaissais.
-Alors tu peux peut-être me filer quelques noms, si tu t'en souviens.
-J'ai toujours voulu oublier cette partie de ma vie...j'en ai horriblement honte...Mais malgré tout, je n'arrive pas à oublier les visages et les noms de ceux qui m'ont embarqué dans l'aventure...je m'en souviens comme si c'était hier...
-D'accord, alors donne-moi les noms...

Je saisis mon carnet et mon crayon, prêt à coucher sur papier les noms que Demi me donnerait...mais elle me stoppa net :

-Tu iras là-bas ?
-Les voir ? Oui, il le faut.
-Mais ils fréquentent un quartier dangereux ! C'est à SoldierValley !Tu peux te faire tabasser, pire, tuer ! Plusieurs clans se côtoient là-bas ! C'est le règne de la violence !

-Ne t'inquiète pas pour moi Demi. Je prendrai mes précautions et je serai poli. Les noms ?

-Non, Nick, regarde-moi.

Je fis ce qu'elle me disait et pour la première fois, je pus lire de la peur dans son regard, de la peur et une profonde inquiétude. De la souffrance aussi. Tout était remonté à la surface en un clin d'œil. Elle était sérieuse. Elle savait de quoi elle parlait. Elle l'avait vécu.

-Nick, tu crois que c'est en étant simplement poli que tu pourras obtenir des faveurs ? Là-bas, on ne fonctionne pas avec la politesse ! Réfléchis avant je t'en supplie ! C'est dangereux ! Ou au moins, laisse-moi aller avec toi !

-Non, il n'est pas question que tu me suives dans cette aventure. Ce serait dangereux pour toi, et je voudrais te montrer ce reportage quand il sera fini, comme une belle surprise.
Je n'aimerais pas que tu te replonges dans tes douloureux souvenirs. Tu as du mettre beaucoup de temps à les enfouir sous terre. Ce serait de ma faute si tu te sentais mal après ça.

-Tu crois que je vais rechuter, pas vrai ? Hein ?

Je la regardai sans comprendre, puis, agacé, je me débarrassai de sa main posé sur mon bras d'un geste brusque.

-Je ne crois rien du tout Demi. Je te demande juste des noms. Mais tu ne veux pas m'aider. Je me débrouillerai. Je serai prudent, je te le promets. Merci quand même.

Je m'apprêtais à monter dans ma chambre, quand elle courut à mes trousses et m'attrapa le bras :

-Nick, attends !

Son regard était cette fois-ci bien planté dans le mien. Ce regard que j'aimais tant...ce visage...ces lèvres...l'envie de l'embrasser me prit et il me fallut beaucoup d'effort pour ne plus y penser.

-Nick, me pressa t-elle. Je te demande pardon. Je...je suis vraiment désolée. J'ai peur, c'est tout........assied-toi, je vais te donner les noms...

Nous retournâmes nous asseoir, en silence. Elle me donna les noms dont j'avais besoin. J'en obtenu une dizaine de sa part. Mais elle ne me les donna pas tous, par mesure de précaution, et également parce qu'avec juste dix noms, je pourrais facilement avoir accès à d'autres. Entre eux, ils se connaissaient. C'était évident.

-Merci, lui dis-je, dans un souffle.

-De rien, Nick. Fais attention à toi.
-Je ferai attention.

Je me levai. Quand je fus à hauteur de la première marche menant vers l'étage, elle m'interpella de nouveau :

-Nick !
-Oui ?
-Est-ce que tu crois que je suis une camée, toi ?
-Non. Je sais que c'est de l'histoire ancienne. Et je comprends que ça ne devait pas être facile pour toi à cette époque.

Je vis un sourire radieux illuminer son visage. Je lui rendis son sourire.

-Merci...dit-elle.
-Je suis sincère...tu t'en es sorti et c'est l'important.
-Tu n'es pas dégoûté de moi alors ?
-Jamais je ne serai dégoûté de toi Demi !
-Nick ! Fais attention à toi...je t'en prie...
-Ne t'inquiète pas.

Elle se précipita à nouveau vers moi, posa une main sur ma nuque et m'embrassa. Un baiser d'amoureux, un baiser de fille amoureuse.

-Je t'aime Nick Jonas, déclara t-elle en rougissant.
-Je t'aime aussi Demi Lovato.
-Maintenant...oublie ce qui vient de se passer...et reprenons comme avant...

Je ne répondis pas, lui souris simplement puis montai lentement les marches.
Demi m'étonnerait décidément toujours. Elle avait des réactions imprévisibles...elle était à la fois plus fragile qu'une poupée de porcelaine et plus agressive qu'une tigresse du Bengale...et c'est ce que j'aimais chez elle.

* * *

Point de vue de Selena

Le reste de l'après-midi avait été horrible sans Demi. Pas que son absence m'avait tant manqué, mais

plutôt que les autres en avait profité...pour parler dans son dos. Il y avait plus d'élèves qui avaient des soupçons sur sa netteté d'esprit par rapport à la drogue que d'élèves qui croyaient que toute cette histoire était une blague. J'avais été ulcéré d'écouter en douce tous les ragots et les contenus des conversations puériles que tenaient certains avec leurs amis. Ils méritaient tous d'être piétinés par un éléphant géant ! Mais je ne pouvais rien faire d'autre que de garder mon sang-froid et m'éloigner des sources de mon électricité bouillonnante.
C'était incroyable. Demi était harcelée par cette histoire qu'elle soit présente ou non. J'espérais alors que toutes les personnes comme elle qui étaient déjà décédées,soient belles et bien réduites en poussière dans leur tombe, car sinon, elles devaient se retourner de tourments à cause de tout ce qu'on racontait encore sur eux !
Je savais que les ragots et les rumeurs finissaient par s'éteindre au bout d'un moment, c'était la règle, mais pour l'instant, Anna Rose réussissait bien son jeu. D'ailleurs, elle ne se gênait pas pour me faire du rentre-dedans quand elle me croisait dans les couloirs. Ce à quoi je lui répondais par : « tu veux me draguer ou quoi ? » Elle me fusillait du regard, mais j'augmentais sa rage en lui clignant de l'œil puis en m'esquissant rapidement.
Que ce lycée était pourri...tel proviseur, tel lycée...

Les cours étaient finis et je n'avais pas de devoirs à rendre pour le lendemain. Heureusement, car je devais retrouver Joe près de la plage. Le reste de la soirée en amoureux. Demi, elle, avait décidé de s'occuper de donner un nouveau décor à sa chambre.
Je sursautai en sentant mon téléphone vibrer dans ma poche : je venais de recevoir un message de ma meilleure amie.

« Salut ma poupée. Les cours se sont bien passés ? Encore désolée de t'avoir laissé en plan ! Nick a vraiment été étrange. Je dois t'avouer que je ne sais pas si je crois vraiment a ce qu'il m'a raconté ! Bref, j'aurai le temps de t'en parler ! Je voulais juste te souhaiter une bonne soirée avec ton chéri ! Pas de bêtises surtout, hein ! Bisous. Je t'aime♥ ».

Je souris à ce message puis lui répondit :

« Coucou ma Demi. Les cours, plus ou moins...mais les ragots ne s'arrêtent même pas en ton absence...c'est tellement saoulant, et rageant ! Je suppose qu'il faut faire avec ! Mais un jour, on rétablira la vérité, promis ! <3 Quand à Nick, ça ne m'étonne pas tant que ça de lui, on en reparlera ! Tu es trop chou de penser à moi ! Merci beaucoup ! Bonne soirée à toi ! Je t'aime ma Dede<3 ».

A peine eus-je rangé mon téléphone dans la poche de mon jean que Tim Butler, un joueur de l'équipe de basket du lycée, vint me retrouver, l'air très ennuyé.

-Salut Selena.

-Salut Tim. Quoi de neuf ?
-Bah, là, on a un problème. Tu n'aurais pas vu Nick par hasard ? Il est dans la classe de James, mais il ne l'a pas vu depuis le début de l'après-midi. On a besoin de lui pour l'entraînement.
-Je sais qu'il a séché les cours de l'après-midi pour rentrer chez lui, mais je sais pas pourquoi. Tu as son numéro de portable ?
-Non, malheureusement.
-Attend, je le téléphone.

Je composai le numéro de Nick mais tombai dans son répondeur. J'essayai plusieurs fois de suite. Impossible de le joindre. Je fronçai les sourcils. D'habitude, il était facilement joignable. J'appelai alors chez lui, mais il n'y avait personne et ses parents rentraient en principe tard le soir après leurs boulots. Quand à Franckie, le petit frère, son école était loin et donc il restait souvent dormir chez un copain qui habitait près de l'école. Kévin, lui, ne vivait plus chez ses parents. Il avait trouvé un appartement et presque une femme..selon les dires de ses parents...mais ça, ce n'était pas le sujet du jour...il fallait joindre Nick...
Alors que je désespérais de le joindre, je reçu en même temps un appel de Joe. Je décrochai immédiatement.

-Allo, Joe ?
-Dis, tu sais où serais Nick ?
-Justement, l'équipe a besoin de lui, mais je ne le joins ni sur son téléphone, ni chez toi.
-Il n'est pas à la maison.
-Quoi ?
-Il n'est pas là ! Cet après-midi, il y était encore. Il disait qu'il avait des choses à faire. Puis, comme je devais repartir au boulot, je l'ai laissé là mais je ne sais pas ce qu'il a fait. Je suis désolé d'être en retard ma chérie, j'ai dû bifurquer chez moi parce que je transpire comme un porc et qu'il était hors de question que je vienne te voir dans mon sale état. C'est là que j'ai constaté l'absence de Nick, et quand j'ai vu qu'il ne répondait pas au téléphone, j'ai tout de suite trouvé ça louche.

-Ne t'inquiète pas mon doux, je ne suis pas encore à la plage. J'ai été retardé justement par l'équipe de basket.
-Dernière option : appelle chez Demi, on ne sait jamais. Tu veux que je viennes te chercher ?
-Oui c'est ça! Je n'y avais pas pensé, je vais appeler Demi ! Ce serait gentil que tu viennes me chercher. Merci.
-D'accord, à tout de suite mon cœur.

Je raccrochai puis me tournai vers Tim :


-Son frère est passé chez eux et il n'y est pas. Attend un instant. Je vais appeler ma meilleure amie. Ils

traînent ensemble, peut-être qu'il est fourré chez elle.

Tim acquiesça et j'appelai donc Demi. Elle décrocha à la première tonalité :

-Sel ?
-Demi, est-ce que tu sais où est Nick ? Il devrait être à son entraînement de basket !
-Je l'ai vu chez lui, quand il m'a demandé de venir, mais après je suis parti. Quoi, il n'est pas chez lui ?!
-Non ! Et il est injoignable ! J'aurais pensé qu'il était chez toi !
-Non, il n'est pas ici, mais...
-Merci Demi ! Bon, faut que j'y aille, Joe viens me chercher !
-Sel'...
-Désolée Demi, on parlera après ! Bisous ! Et Nick a intérêt à bientôt donner un signe de vie, sinon, je vais personnellement m'occuper de son cas !

Je raccrochai. La disparition de Nick m'inquiétais. J'espérais qu'il n'était pas bien loin et qu'il avait juste oublier de charger son téléphone avant d'aller se promener en ville.
Mais, égoïstement, toute anxiété s'envola quand je vis Joe arriver dans sa voiture flambant neuve...qui en réalité, ne l'était pas vraiment, puisqu'il en prenait simplement un soin particulier. Je m'excusai auprès de Tim en lui assurant que Nick recevrait un terrible savon à son retour, puis m'embarquai dans la voiture.

* * *
Point de vue de Nick

Le taxi m'avait déposé à SoldierValley, le quartier réputé pour la haute criminalité qui y régnait.
La nuit ne battait pas son plein, nous étions dans l'après-midi, mais j'avais tout de même froid dans le dos. En repensant à Demi, je me demandai comment elle qui était une fille, avait pu survivre dans ces sombres rues de camés...
Je déglutis. Malheureusement, je ne pouvais appeler personne pour me réconforter. Mon téléphone portable était déchargé depuis déjà longtemps. Ceux qui affirmaient que les garçons n'avaient jamais peur avaient tort. La preuve en était que j'avais les poils hérissés.
J'avançai au hasard mais prudemment, dans une rue qui puait la drogue et même la mort à cent à l'heure...

-Hé, toi là ! T'as besoin de quelque chose ?

Je me retournai. Un gars, grand et maigre, se tenait devant moi. Il était vêtu de noir de la tête au pied. Sa tête était recouverte d'une capuche.

-Heu...salut.
-Tu n'es pas d'ici toi...ça se sent...t'as l'air d'un bourgeois constipé.

La remarque me vexa mais je n'en démontrai rien.

-Peut-être, répondis-je, de la façon la plus neutre que possible.
-Qu'est-ce que tu veux ?
-Je...je cherche à devenir dealer...
-Toi ?
-Heu...Ouais...

Le grand gars se mit à rire à ne plus pouvoir s'arrêter. Un rire épouvantable. J'avais l'impression de me tenir devant le diable en personne.
Quand enfin il cessa, il déclara :

-T'as pas l'air d'un gars qui veut devenir dealer. Et tu respires la peur à des kilomètres.
-Oui, peut-être. Mais tout s'apprend j'crois, non ?
-T'as pas tort. Sauf que tous les dealer d'ici sont nés ici, ils se connaissent, ils ont leurs codes, leurs clans. Si tu respectes pas la règle, t'es un homme mort.

Je déglutis.

-Je veux tenter ma chance. Insistai-je.
-T'es sûr de vouloir risquer ? C'est très dangereux ici. Et faut faire attention aux flics. Ils font des rondes régulièrement.
-Oui, je suis absolument certain. Si je fais ça, c'est pour une fille. Je dois donner une dette pour elle. Si je remplis pas les conditions avant la fin de la semaine, ils risquent de la tuer.
-Intéressant. T'es amoureux ?

Je rougis mais heureusement que dans la semi-pénombre, cela n'était pas visible.

-Oui, finis-je par répondre dans un souffle.
-Y'a pas beaucoup de petits cœurs dans nos rangs, voir quasiment pas. Ici, c'est la loi de la violence, du plus fort. Un point c'est tout. On a pas de place pour les sentiments.
-Je vois...est-que je peux attendre une aide de votre part ?
-J'te propose mieux : on t'aide à te débarrasser de ces loufiats.

La proposition me gêna. Je n'en revenais pas qu'on puisse parler de la mort, qu'on puisse tuer avec

autant de facilités. Je n'avais jamais tué de ma vie, et même si c'était par l'intermédiaire de d'autres personnes, jamais je ne

me résoudrais d'avoir provoqué la mort de quelqu'un.

-Non, je ne veux la mort de personne.
-Tu as du boulot à apprendre, mec. La mort ici, elle respire dans tous les pores du quartier...
-Je crois que je la sens, répondis-je, en balayant les environs du regard, dégoûté par la saleté stagnante.

Un petit rire affreux sortit de la gorge de mon interlocuteur. Puis il s'approcha de moi.

-Moi, tout le monde m'appelle Bidouille ici.
- Nick. B...Bidouille ?!

Je revis en pensée la liste que m'avait donné Demi. Il me semblait qu'il y avait dans cette liste un surnommé « Bidouille ». Reprenant courage, je m'adressai au fameux Bidouille :

-Tu connais Demi ? Ou si tu préfères Demetria.
-La Tigresse ?!
-La Tigresse ?
-Ouais, tout le monde l'appelait comme ça ici. Elle avait un vrai caractère de petite dure ! Mais en même temps, un cœur gros comme ça. Je crois qu'on était un peu comme sa famille, elle avait des problèmes. Elle a jamais dealé, elle. Elle nous achetait ses doses. Tu la connais ?
-Ouais...c'est...c'est elle que j'aime...
-Sérieux ?! Un jour, elle n'est plus jamais revenue ici, elle a disparu ! Je suis trop sonné de savoir que tu la connais. Comment elle va ?
-Mieux aujourd'hui. C'est une personne forte.
-Ah La Tigresse.

En le voyant lever les yeux au ciel dans un sourire vraiment sincère, je su qu'il se remémorait les souvenirs passés avec elle. Il avait vraiment l'air de l'avoir apprécié. Si tous les autres étaient comme lui, je n'aurais pas du mal à la sauver de la catastrophe.

-Viens, mec, m'annonça le grand gars. J'vais te présenter aux autres. Il vont être super heureux d'avoir des nouvelles de La Tigresse.

Il me conduisit à travers une petite ruelle resserrée dégoûtante qui sentait l'urine et la cigarette à fond.
Dans quelle sorte d'aventure m'étais-je donc entraîné ?


* * *

-T'es un pote à L.T ? J'y crois pas !

-C'est son petit-ami, précisa Bidouille.
-Hum...hum...je ne suis pas son petit-ami, rectifiai-je. Je suis simplement un très bon ami...qui...qui est amoureux d'elle.

Après qu'ils se soient présenté, leur avoir donné des nouvelles de Demi, puis leur avoir expliqué la raison de ma venue ici, je leur fis comprendre que je désirais devenir dealer, le temps de régler la dette pour Demi.

-C'est possible, j'pense que si t'as de la volonté, tu vas facilement le devenir. On va t'aider. J'arrive pas à croire qu'on puisse faire du mal à notre Tigresse. Ces lycéens inexpérimentés ne savent pas qu'il existe des gens bien plus dangereux qu'eux...et qui savent ce que c'est de tuer...
-Que faut-il faire pour devenir dealer ? Demandai-je.
-Nous, pour commencer, on cherche des vendeurs, puis on revend ça aux gosses et aux autres camés, un peu partout. Mais faut faire attention de ne pas se faire chopper par la police !

Mon cœur fit un roulement de tambour : ils revendaient de la drogue même aux enfants ? L'appât du gain est quelque chose...
Bidouille continua :

-Nous on revend mais on consomme aussi. On est tous camés dans cette salle.
-Je ne compte pas me droguer, précisai-je précipitamment.
-C'est bien ce que je pensais mec, répliqua Bidouille. Bon alors je t'explique un truc bien simple : nous, on aime souvent commander et le livreur vient nous apporter ce qu'on a acheter. Mais toi, t'es pas encore dans le bain du système, donc demain pareille heure, je t'emmène chez un « patron » et tu lui achètes la quantité de drogues qu'il te plaît. Après j'te montrerai les endroits stratégiques où vendre la came.

Un autre gars, surnommé Breaker, prit la parole :

-Fait attention aux flics mec ! Quand tu es débutant, tu te laisses facilement prendre ! Premièrement, quand tu attends des camés devant une école par exemple, faut te mêler à la foule, ne pas te distinguer des autres en restant à part. Il faut s'habiller le plus simple que possible. Les dealers, on les reconnaît à leurs fringues de rappeur, mais toi, t'as de la chance, t'es pas dans ce style là. La drogue doit être bien dissimulée et cachée un peu partout sur toi, dans des endroits improbables. Quand tu parles avec l'acheteur, faut la glisser habilement dans ses mains ou dans l'une de ses poches, ou pendant une

accolade. Faut pas non plus parler le langage de tout le monde. Les dealers ont leurs codes de parole. Tu vas apprendre, t'inquiète. Bidouille, j'pense que pour une première fois, faut qu'il observe depuis la baraque !
-Ouais, t'as sûrement raison, répondit le prénommé Bidouille.


-T'inquiète pas, continua t-il pour me rassurer. Tu te feras facilement de l'argent. La drogue, c'est pas facile à trouver, surtout les drogues dures, donc c'est cher. Tu auras vite ton compte.
-Merci, répondis-je simplement.

Bidouille me tapa amicalement dans le dos.

-Passe le bonjour à L.T de not' part ! Cria l'un d'eux.
-Sans soucis, répondis-je dans un faux sourire. Je dois y aller à présent. Il est tard, mes parents et mes amis vont s'inquiéter.

Je m'éloignai, heureux de quitter cet endroit horrible.

* * *
Point de vue de Joe

-Tu te rends compte qu'on s'est tous inquiété pour toi ? Mais qu'est-ce qui t'a pris de partir comme ça ?! Et déjà, où étais-tu ?

Je voyais que mon frère était embarrassé par la colère de notre mère. Il me faisait pitié, mais après tout, il l'avait bien cherché. Notre mère Denise continuait ses assertions :

-Tu te rends compte du sang d'encre que l'on s'est fait ? Ton père et moi on a du rentrer plus tôt quand Joe nous a appris que tu n'étais pas rentré ! Où étais-tu ?
-Maman, je suis désolé...je...
-ça ne suffit pas d'être désolé ! Mais tu as bien raison de l'être ! Cependant la chose qui m'intéresse le plus, c'est de savoir ce que tu es allé faire ! Tous tes amis se sont inquiétés pour toi ! D'abord les garçons de ton équipe de basket, ensuite Joe, puis Selena, puis Demi et ensuite nous ! As-tu perdu les pédales mon fils ?! OU étais-tu ?
-J'étais...hum...à une soirée maman...
-Une soirée ? Tu pars vers le début de l'après-midi pour rentrer maintenant, Selena et Demi et les autres n'ont jamais eu vent qu'il y avait une soirée, et tu dis que tu étais à une soirée !

Je vis mon frère exploser, à la grande surprise de mes parents :

-Tu vas arrêter de crier maintenant, oui ?! Tout ce que tu veux savoir, c'est où j'étais, qu'est-ce que je faisais ?! Tu t'émotionnes pour ces petites choses mais ça ne t'intéresse pas de savoir si je me portes bien ces jours-ci, si je suis okay, si tout va bien ! Ça t'intéresse pas de savoir si je suis en danger, si Demi est en danger et qu'elle risque de mourir si je reste là comme un pantin à regarder le mur ?! Et si

c'était vraiment ça, tu me laisserais faire, hein ? Qui te dis que je ne suis pas entrain de sauver quelque chose ?! Et si tu veux tout savoir mon téléphone, c'était pas exprès, il s'est déchargé ! Alors arrête! Arrête tout de suite ! Tu penses toujours à tes petits problèmes de maman égoïste, dès qu'on fait quelque chose qui te plaît pas, tu rafles tout en surface, la cause, ça, tu t'en fous ! Eh bien tu sais quoi, j'en ai marre !

Il monta les marches quatre à quatre puis claqua violemment la porte de sa chambre.
Ma mère faillit s'évanouir sur le sol et porta la main à son front, les yeux fermés. Elle était choquée, émue. Mon père la saisit par les épaules et l'entraîna doucement dans la cuisine pour se calmer et discuter.
Moi, les paroles de Nick m'avaient tilté. N'essayait-il pas d'insinuer quelque chose ? Et si ce qu'il disait était vrai ? Et s'il avait vraiment besoin d'aide ? Oui, après tout, pourquoi partirait-il sans rien dire ?
Si Demi était vraiment en danger et qu'il essayait de la sauver, je doutais qu'elle le sache, et je doutais qu'il dise quoique ce soit à ce sujet...

Je grimpai à mon tour les marches, après avoir entendu les pleurs de ma mère à travers la porte de la cuisine.

* * *

-Nick, je peux entrer ?!
-Fais ce que tu veux.

J'entrai donc. Il était là allongé sur son lit, face au plafond qu'il fixait des yeux sans vraiment le regarder. Mais surtout, il pleurait. Je détestais quand l'un de mes frères avait un chagrin. Surtout lui. C'était de lui que j'étais le plus proche et avec lequel je partageais le plus de chose. Les moments de rigolade comme les moments d'engueulade. Les confidences, comme tout autre chose.
Je m'assis à ses côtés et le contemplai, attendant qu'il se manifeste. Il le fit...par le geste. Son casque stéréo atterrit sur le mur dans face.

-Hé, tu vas bousiller ton casque ! M'exclamai-je.
-M'en fous, se contenta t-il de répondre.

J'écarquillai les yeux. D'habitude, il n'aurait pas hésiter à tabasser toute personne se permettant de

mettre en pièce son casque tout neuf, même involontairement. Mais ce soir, il semblait se ficher de tout. Il se tourna vers le mur à gauche de son lit, me tournant donc le dos, mais je pouvais toujours apercevoir ses larmes.

-Tu veux pas me dire ce qui va pas ? Commençai-je.

-J'crois pas que ce soit nécessaire, répondit-il d'une voix blanche.
-Nick, t'es d'abord mon frère, puis mon pote, et tu sais que j'aime pas te voir comme ça. J'déteste te voir comme ça. Faut que tu me dises ce qui ne va pas. Je pourrai sûrement t'aider.
-C'est gentil, mais tu ne pourras jamais m'aider Joe. Je suis un raté. Je rate tout, depuis le début, j'ai déjà tout raté. C'était écrit.
-Arrête de dire des idioties !
-Si c'est vrai ! C'est la vérité Joe, tu dois me croire ! Je suis dans le gouffre le plus total !
-Nick, c'est vrai ce que tu as dis à maman ? Concernant Demi ?

A cette question, il resta silencieux de longues minutes, puis, il finit par lâcher :

-Non.
-Dis moi ce qu'il se passe, insistai-je, incrédule.
-Non. Si je te dis, je suis mort. Je n'ai rien à te dire.
-Nick, jusqu'à quand tu vas continuer comme ça, hein ?!
-Jusqu'à ce que tout soit réglé...
-Et si ça foire ?
-ça peut pas foirer...tant que...non, rien. Joe ?
-Ouais ?

Il se retourna vers moi, les larmes toujours roulant sur ses joues :

-Promets-moi de ne rien dire à personne s'il te plaît...
-Mais je ne sais rien !
-De notre conversation, je veux dire.
-D'accord. C'est promis.
-Merci.
-Pas de quoi. Je vais te laisser un peu, mais surtout, souviens-toi de quelque chose : si tu as besoin d'aide, surtout, n'hésite pas à m'en parler, je suis là. Parfois on a peur de s'y engager, mais après on se rends compte que ça nous rends beaucoup plus service que si on n'avait rien dit.
-...J'y penserai Joe.

Je le laissai dans ses réflexions.

* * *
Point de vue externe/narrateur

Nous voici le vendredi de la même semaine, trois jours plus tard. La famille de Nick ainsi que ses amis, ont réalisé le changement opéré en lui : il était devenu distant, ne parlait plus autant. Était souvent

fatigué et la tête dans les nuages. Son trouble se percevait en classe. Par les professeurs et même par ses camarades de classe. Ses coéquipiers de basket menaçaient de le renvoyer s'il ne faisait pas acte de présence, mais il semblait que plus rien ne comptait pour Nick. Il recevait un message d'une oreille, qui ressortait de l'autre. Mais surtout, il rentrait tard le soir.
Personne ne savait ce qu'il faisait, ce qu'il tramait. Pourtant, tout le monde avait tenté de trouver une réponse, mais personne n'en avait encore eu. Malgré les supplications de ses amis, Nick restait de marbre. Ses deux meilleures amies, Demi et Selena, s'inquiétaient de son cas. Elles discutaient entre elles au sujet du soit-disant reportage de Nick, auquel elles ne croyaient pas.
Ses parents avaient beau lui interdire de sortir, le priver, le punir, lui crier après, ou utiliser les larmes, la tendresse, la douceur, rien n'y faisait. Nick s'était transformé en quelqu'un d'autre. Il s'était endurci. En fond ou en surface.

En peu de temps, il avait acquis un peu d'expérience en matière de deal. Il ne consommait pas mais il était devenu à peu près bon en vente en un laps de temps. Ce n'était pas si compliqué que ça. Il suffisait d'imiter les autres dealers.
Les collégiens et lycéens prenaient plaisir à faire des marchés avec lui. Petit à petit, son petit pécule augmentait. Les autres garçons du clan le félicitaient de sa montée rapide. Nick se croyait maintenant invincible. Il pensait qu'il ne se ferait jamais attraper par la police et qu'il paierait la dette de Demi sans aucun obstacle, ni vu ni connu. Se trompait-il ?
Nous le verrons...

On était vendredi. En début de soirée. Nick se faufila hors de la maison en douce, quoique ses parents, dépassés, ne faisaient plus rien pour l'en empêcher.
Il devait retrouver des clients, trois gamins entre douze et quatorze ans et demi, dans le vieux hangar désaffecté se trouvant près des quais. Il avait leurs doses. Il aurait son argent.
Nick cacha précautionneusement ses précieux colis dans les recoins de ses chaussures, puis il s'en alla dans la nuit, éclairé par les faibles lumières des lampadaires.

S'arrêtant plusieurs rues pus loin, dans un tournant, il semblait attendre quelque chose. Quelques minutes plus tard, une vielle bagnole d'un noir délavé fit son apparition. Elle stoppa net près de lui dans un crissement de pneu. Sans rien dire, le jeune homme s'engouffra à l'intérieur, puis la voiture démarra.

Il arriva dans le quartier chaud, le « ghettho des dealers ». Avant de descendre de voiture, il glissa quelques billets dans la main tendue du chauffeur puis disparut à nouveau dans la nuit. Les quais n'étaient pas loin, mais à pied, il y avait quelques minutes pour y arriver. Nick respira à plein poumons l'air salin et soupira de plaisir quand la brise fraîche se faufila dans sa chevelure brune. Mais il n'était pas là pour flâner. Il était là pour travailler. Reprenant son air robotique, il se dirigea d'un pas résolu vers le hangar désaffecté. Celui-ci sentait la paille et le poisson frais, pourtant, il n'y avait rien que des vielles caisses vides et abîmées à l'intérieur. Nick détestait se retrouver dans ce genre d'endroit. Mais il n'avait pas le choix. Maintenant, le deal, c'était son boulot, et dans ce métier, pas de jolies fleurs et de princesses enchantées.


En percevant du bruit derrière lui il se retourna. C'était les trois gamins qui venaient empocher leur came. Nick s'approcha d'eux, leur serra la main à tous trois, puis commença à leur glisser discrètement leur commande dans la main. Même ici et sans aucun éclairage, il fallait jouer le jeu de la discrétion.

Alors qu'il s'apprêtait à verser sa troisième et dernière commande, des sirènes se firent entendre au loin : les flics. On les avait repéré ! La panique l'envahit, tout autant que les trois garçons se trouvant avec lui. Ils s'enfuirent en courant, et Nick fit de même, ne sachant plus quoi faire. Il se mit à courir de toute ses forces, sans savoir où il allait. Il avait perdu la trace des trois garçons. Mais apercevant devant lui un grillage, il voulu y grimper et se déchira lamentablement la peau des mains. Il tomba à la renverse dans un cri de douleur. Cette chute avait donné le temps aux policiers de l'atteindre. Il y en avait deux. Ils descendirent de leur auto et se précipitèrent vers lui, mais la peur de se faire attraper fut plus forte que tout, et Nick, surmontant sa douleur, se saisit d'une énorme planche de bois traînant sur le sol malpropre, non loin de poubelles débordantes de déchets. Il fit tourbillonner sa planche au-dessus de sa tête, espérant ainsi dissuader les policiers de l'approcher. Mais rien n'y fit. Les policiers se saisirent de lui. Il se débattit tant qu'il put et attrapa même un coup de planche sur la tête. Un peu sonné, il la jeta au loin, puis s'enfuit sur le côté.

Sa peur était tellement forte qu'il n'avait pas aperçu un groupe de jeunes voyous qui se disputaient au milieu de la rue, armés. Les policiers, eux, par contre, les avait vu et couraient déjà dans cette direction. Réalisant soudain la présence de l'autorité, les voyous s'éparpillèrent en courant, mais dans le tumulte du moment, un coup de feu se fit entendre, une balle perdu s'envola et alla se loger dans la poitrine de Nick, qui, affolé, n'avait toujours pas cessé de courir...

* * *
Point de vue de Joe

Nick était encore une fois sorti en douce. Je m'en étais rendu compte en lui demandant de descendre pour dîner. Maman n'avait rien dit, mais je voyais bien qu'elle était triste. Moi j'étais désespéré. Où était-il encore passé ?
Maman, qui était dans la cuisine, envoya soudain violemment sa cuillère en bois dans l'évier, prête à exploser de chagrin, quand soudain, la sonnette de l'entrée retentit. Nick ? Non, ça ne pouvait pas être lui. Nick était chez lui ici, il n'avait pas besoin de sonner à la porte, à moins que celle-ci soit verrouillée, et de toute façon, depuis deux jours, il avait déjà pris l'habitude de grimper par la fenêtre de sa chambre qu'il laissait volontairement à demi ouverte.
Non, ce n'était pas Nick. Mais qui pouvait donc bien sonner à cette heure ?
Papa était dans sa chambre, à lire, absorbé par son journal. Maman alla ouvrir la porte. En observant son visage au loin, je remarquai qu'elle avait pâli et que son expression marquait la peur. Ses doigts tremblaient. Je me précipitai derrière elle. Si c'était un voleur qui la menaçait de son arme, il ferait la connaissance de mon poing dans sa figure !

Mais que ne fut pas ma surprise en voyant deux policiers, l'air désolé.

-Madame Jonas ?
-Oui...oui, c'est bien moi, répondit ma mère, la voix chevrotante.
-Nous avons une mauvaise nouvelle à vous apprendre, ou plutôt deux.

Je pensai tout de suite à Nick, et je savais que maman pensait à lui aussi. Mon cœur se mit à battre plus fort. J'avais peur. Qu'était-il arrivé à mon frère ? Je priai intérieurement qu'il ne lui soit pas arrivé de malheur.

Il a été perforé par une balle et il est à l'hôpital en ce moment.

Ma mère défaillit, ses jambes se dérobèrent sous elle et je dus la soutenir. Tandis que je l'aidais, j'imaginais tous les scénarios possibles et les larmes coulaient toutes seules.

-Papa !!! Criai-je de toutes mes forces.

Mon père sortit de son cocon, d'abord énervé qu'on l'ait dérangé, mais quand il se rendit compte de ce qu'il se passait, ses traits se détendirent et il transporta ma mère sur une chaise, afin qu'elle reprenne ses esprits.
Il parla quelques minutes aux policiers et là, nous en apprîmes un peu plus : on leur avait signalé un mouvement de dealers dans les environs de SoldierValley, et ils avaient foncé, alarme criante. Nick était parmi ceux qui avaient voulu s'enfuir. En montant sur un grillage, il s'était déchiqueté les mains, puis il avait essayé de se défendre avec une planche de bois, avant d'abandonner et de partir en courant, dans la direction d'une dispute entre jeunes du quartier. Les policiers y avaient couru également et dans la cacophonie générale, Nick avait reçu une balle perdue. Ils avaient immédiatement appelé l'ambulance, qui l'avait transporté à l'hôpital. Seul espoir : il était encore en vie.


* * *
Point de vue de Demi

J'entrai en trombe dans l'hôpital et demandai immédiatement le numéro de la chambre à l'accueil sans même prendre le temps de reprendre mon souffle. Une fois le numéro donné, je me mis à courir en direction de l'ascenseur. Selena avait du mal à me suivre.
Quant à moi, à peine l'ascenseur arriva à destination que je me précipitai dans le couloir.

-Demi, attend-moi ! Cria Selena dans mon dos.

Je ralentis le pas pour qu'elle me rejoigne sans pour autant m'arrêter tout à fait.
Nous observâmes les numéros des portes puis arrivâmes à celle qui nous intéressait. Nous entrâmes. Toute la famille Jonas était là, réunie au complet : Paul et Denise, Kévin et Franckie, puis Joe.
Celui-ci, ému, se réfugia dans les bras de Selena dès qu'elle entra dans la chambre. Denise Jonas se leva de sa chaise pour me laisser la place, près de son fils.

-Comment va-t-il ? Demandai-je, tout en m'asseyant.
-Le docteur a dit qu'il peut s'en sortir, mais que pour l'instant, on ne peut pas précisément savoir. C'est délicat, me répondit Kévin. La balle s'est logée près du cœur.

-Oh non...murmurai-je.

Je saisis la main pendante de Nick, tandis que des larmes silencieuses dégoulinaient de mes joues. Nick...je l'aimais tellement...

-Faut pas que tu meures, Nick....c'est pas possible, non. Tu dois vivre ! Pour toi, pour les siens ! Pour moi...Nick...

J'éclatai en sanglots et me couchai sur sa poitrine. Mes cheveux s'étalèrent sur lui.

-Il avait de la drogue sur lui, annonça Denise, de sa voix pleine d'émotions.

Je relevai la tête.

-Mais pourquoi ? Pourquoi il a fait ça ?

Nick, consommer de la drogue ? Je ne l'imaginais pas faire une chose pareille, cela était impossible ! Comment avait-il pu ? Moi qui le considérait comme quelqu'un de si pur, si intègre ! Comment

avait-il pu commettre la même erreur que moi ? Sans le vouloir, j'éprouvai du remords. Je me sentais un peu coupable de ce qu'il se passait. Peut-être que s'il n'avait jamais su que je m'étais droguée, il n'aurait pas été poussé à le faire lui aussi...

-Je ne comprend pas pourquoi, dit encore sa mère d'une voix brisée. Un garçon si gentil, si poli, si respectueux. Mon fils...mon fils qui transporte de la drogue. Pour qui et pourquoi ?

Je me tournai encore une fois vers Nick, en silence, lui caressai les cheveux, les joues, lui déposai un baiser sur les yeux. Je ne voulais plus voir ce spectacle. C'était horrible. J'étais terriblement chagrinée.
Je me levai et me détournai de lui. Joe délaissa un moment Selena pour me prendre dans ses bras. Il me serra très fort contre lui. Je sentais que lui aussi avait terriblement peur. Sa chaleur envers moi me mit encore plus les larmes aux yeux et je le serrai fort à mon tour avant que nous desserrions notre étreinte.
Je surpris le petit Franckie à me regarder, lui sourit puis lui chiffonnai les cheveux.

-ça va mon p'tit gars ? Lui demandai-je.
-J'aimais l'embêter, mais je l'aimais bien, Nick...déclara-t-il tristement.
-Oui, je le sais. Nous l'aimons tous ici.
-Et toi, plus que ça, pas vrai ?

Je baissai la tête, gênée, mais il fallait bien répondre.

-Oui, c'est vrai. Admis-je. Ecoute, ne parle pas de Nick comme s'il n'était déjà plus là. L'important est qu'il soit encore en vie, alors garde espoir Franckie.
-Oui.

Je lui souris à nouveau puis sortit prendre l'air dans le couloir.

* * *

Point de vue de Selena

Joe me berçait doucement dans ses bras. Je savais que c'était sa manière à lui de tenter d'évacuer ses peur et son angoisse. Je ne savais pas trop comment l'aider, alors je répondais à ses appels en lui pressant les mains. En fait, je ne savais comment aider personne. Tout le monde avait peur et était triste dans la pièce, et ma meilleure amie venait de sortir. Pauvre Demi. Je savais qu'elle pleurait, là, toute seule. Il fallait que Nick s'en sorte. Elle avait besoin de lui et il avait besoin d'elle. Je me promis à moi-même que si Nick s'en sortait, je ferais tout pour qu'il se retrouve enfin avec Demi et qu'elle soit heureuse. Vraiment heureuse.

Denise Jonas avait repris sa place auprès de son fils. Quelques secondes plus tard, du mouvement se fit voir du côté de Nick, il ouvrait les yeux. Son visage était d'une pâleur mortelle.

-Maman...murmura t-il.
-Oui, je suis là mon chéri, répondit-elle rapidement en lui saisissant la main et en embrassant celle-ci.

Nick leva les yeux sur tous ceux présents. Tout le monde s'était rapproché. Franckie, soulagé, avait s'était presque jeté sur son frère.

-Je croyais que tu allais mourir, avoua t-il en pleurant.

Moi, l'excitation me prenant, je me défis des bras de Joe et couru appeler ma meilleure amie :

-Demi, Nick est réveillé, viens vite !

Elle ne fit aucune remarque et se précipita dans le plus grand silence.

-Nick !
-Demi...ma Demi...
-Ne parle pas trop, tu risques de te fatiguer.
-Maman, papa...Kévin, Joe...je suis désolé...je suis désolé...pour tout...

Denise pleurait à chaudes larmes.

-Mais pourquoi ? Pourquoi as-tu fait ça ?
-Pour sauver Demi...

Tout le monde se tourna vers Demi. Elle-même n'y comprenait pas grand-chose. Nick continua :

  ♪ - Ecoutez Heart by Heart - ♫  



  -Je n'ai pas consommé de drogue maman...je...je te le promets...jamais...mais...j'avais besoin d'argent...alors j'ai...j'ai...dealé...pour...sauver Demi...Je suis amoureux d'elle. Je l'ai trouvé...celle que j'avais besoin...C'est elle... Elle est spéciale...différente des autres...fragile, forte à la fois...Je ne le dis pas seulement parce que je l'aime mais...parce que...c'est la vérité...et tout le monde peut s'en rendre compte...en la côtoyant....je n'aurais jamais imaginé que ça aurait pu arriver un jour...que j'aurais pu aimer quelqu'un...à ce point. Je ne savais pas ce que...c'était d'aimer...je ne comprenais rien aux gens qui souffraient pour quelqu'un...je trouvais ça niais et stupide...mais maintenant...je sais ce que c'est d'aimer...d'aimer vraiment...avec son cœur et avec son âme...Je n'avais pas le droit de la laisser

mourir...je ne voulais pas la perdre...alors j'ai tout fait pour elle...elle m'a rendu plus courageux, plus sincère...plus loyale...plus vrai avec les autres...c'est pour elle que j'ai fait tout ça...pour la sauver...on voulait la détruire. Je voulais...payer la dette. Il fallait que...que je gagne...mille dollars...avant demain...et je l'ai fait...juste pour elle. Elle le mérite. Je l'ai fait pour elle...seulement...pour elle.

Tout le monde était surpris et ému, mais personne ne disait rien. Je vis les larmes couler le long des joues de Demi tandis qu'elle souriait de son sourire le plus franc et le plus naturel. Elle était fière et heureuse, je le savais. Se rapprochant de Nick encore une fois, elle lui saisit la main et lui dit :

-Nick...tu vas survivre...pour toi...et pour moi...pour nous tous...Merci...pour tout Nick...tu as un grand mérite...car tu as su trouvé la clef qui ouvrait la serrure de mon cœur en passe sèche...j'étais froide et tu m'as réchauffé, j'étais brisé et tu as ramassé les morceaux cassés, tu les as recollé, un à un. J'avais peur et tu m'as tenu la main...Tu as su trouver mon cœur...c'est à moi maintenant de te donner la mienne. Tiens là fort, ne là lâche jamais. Tiens-là et survis.

« When your soul finds the soul it was waiting for
When someone walks into your heart through an open door
When your hand finds the hand it was meant to hold
Don't let go
Someone comes into your world
Suddenly your world has changed forever »

-Tu m'as changé Nick...pour toujours...

« No there's no one else's eyes
That could see into me
No one else's arms can lift
Lift me up so high
Your love lifts me out of time
And you know my heart by heart »

-Je n'aime que toi...

« When you're one with the one you were meant to be find
Everything falls in place, all the stars align
When you're touched by the cloud that has touched your soul
Don't let go
Someone comes into your life
It's like they've been in your life forever »

Je t'aimerai toujours Nick...il n'y a personne que j'aimerai plus que toi. Je sais déjà que je n'aurai plus jamais besoin de chercher ailleurs...je n'aurai plus jamais peur du monde...grâce à toi. Tu es le mystère de mon cœur...et personne d'autre ne l'aura...

« So now we've found our way to find each other
So now I found my way, to you »

-Demi...toi et moi...pour toujours...je t'aime...

« And you know my heart by heart »

-Toi et moi pour toujours Nick...parce que tu es le seul à voir en moi comme dans un livre ouvert...

« And you know my heart by heart »


Cette scène était si touchante ! Si belle ! Il ne serait venu à l'esprit de personne de rompre le charme. Demi était penchée sur Nick dont les yeux étaient fixés sur elle...Tous deux ne voyaient plus personne qu'eux deux. Ils n'avaient d'yeux que pour eux. Ils s'étaient cherchés, et ils avaient fini par se trouver. Désormais, je n'aurais plus autant à m'inquiéter pour Demi. Elle était devenue égale à elle-même. Et contrairement aux amours qui se terminent aussi vite qu'ils débutent, je savais que celui-ci serait là pour longtemps... car il n'était pas basé sur des châteaux de princesses...
Chacun s'était retrouvé en l'autre. Ils se complétaient, comme un puzzle. Tout allait à la perfection. Et même si la pluie pleuvrait parfois sur eux, elle ne durerait jamais bien longtemps. Ils s'aideraient mutuellement...ils se relèveraient, ils se sauveraient l'un l'autre...parce qu'ils connaissaient leurs cœurs par cœur...


- Fin de Heart by Heart - ♪


Une crise de cœur de Nick interrompit les deux tourtereaux et Joe se précipita pour appeler le médecin se chargeant de lui.

* * *
Point de vue externe/narrateur

L'histoire entre Nick et Demi avait à peine commencé que Nick se retrouvait déjà dans un beau pétrin...mais paradoxalement, ce pétrin avait permis à Nick et à Demi de se trouver réellement, il avait permis à Demi de mettre de l'huile dans ses gonds...
Son bonheur ne faisait que commencer...qu'en serait-il alors de Nick ?

To be continued...



Girl, Stay StrongOù les histoires vivent. Découvrez maintenant