41. Le diable en personne

646 60 3
                                    

Emma

Ça ne fait que deux semaines mais j'ai l'impression que notre petite escapade remonte à hier. Je me souviens de chacun des moments que nous avons passés ensemble, seuls à la plage. C'était vraiment génial, et me séparer de lui pour aller à Lyon a été difficile même si je n'ai pas le choix. Mon avenir est en jeu, et c'est vraiment dans cette ville que je voulais venir étudier. Par chance, le week-end prochain nous revenons tous les deux chez nos parents donc nous prendrons du temps pour nous voir.

Je mets toutes ces pensées de côté et range mon ordinateur dans ma sacoche. Je réajuste une dernière fois mes vêtements et sors de mon appartement pour rejoindre la fac qui est à moins d'un kilomètre d'ici. J'ai vraiment de la chance d'avoir trouvé un foyer si près de l'école, ça m'évite de devoir prendre les transports en commun.

De plus pas loin d'ici il y a une supérette dans laquelle je peux faire mes achats. J'ai tout à proximité et c'est vraiment pratique. Je perds moins de temps dans mes déplacements et donc ce temps en plus me servira à étudier. Parce qu'à partir d'aujourd'hui, fini de se la couler douce. Je vais devoir bosser comme une dingue si je veux réussir mon année. Ici, les places sont chères et la compétition fait rage. Ici, il n'y a pas d'amis, seulement des concourants. La PACES est le cauchemar des étudiants en médecine. Plus des trois quarts des étudiants la ratent, même en travaillant.

Le loyer de l'appartement est excessivement cher mais il fallait s'y attendre. Dans les environs tout est bon pour se faire du fric. Plus l'appartement est proche de la fac, plus le loyer est cher. Heureusement que mes parents en ont les moyens. Mais je ne compte pas les laisser tout payer. Je compte trouver un petit boulot pour les alléger même s'ils n'en n'ont pas besoin. Je tiens à devenir un minimum responsable et donc à arrêter de me reposer sur eux et leurs moyens. J'ai envie de grandir et de devenir indépendante.

Sur le trajet à pied je croise plusieurs étudiants, eux aussi munis d'une sacoche ou d'un sac à dos. La plupart ont l'air d'être de vraies têtes, et d'autres un peu moins. Mais l'année dernière j'ai appris que les apparences pouvaient être trompeuses, donc à présent je reste méfiante.

Il fait particulièrement chaud, après tout je suis à Lyon. À quoi je m'attendais ? Avoir enfilé un pull avec cette chaleur est l'idée la plus bête que j'ai eu depuis mon arrivée ici. Tout ce que j'espère c'est qu'il y aura la clim dans l'amphithéâtre, parce que ça va vite devenir  insupportable.

Je finis par arriver à la fac. Je me contente de suivre les élèves qui ont l'air d'avoir mon âge. Je déambule dans les couloirs à la recherche de la salle. Je finis par trouver. Beaucoup d'élèves sont déjà là même si la réunion ne commence que dans vingt minutes.

Pendant cette réunion, ils vont nous présenter les différents professeurs qui nous feront cours, ils nous donneront notre emploi du temps, nous parlerons des programmes, des examens et de ce genre de choses. Bonjour l'ennui.

Je n'arrive pas à croire qu'il y a un an j'ai rencontré la bande. J'ai l'impression que ça remonte à si loin. Il y a un an mon monde a été bouleversé. Le temps passe si vite, et nous avons tous bien grandi. J'espère pouvoir tous les revoir au plus vite, parce que je ne pense pas que c'est ici que je me créerai de belles amitiés. Je veux m'ouvrir, continuer de changer comme je l'ai fait grâce à mes amis, mais le problème est de savoir comment le faire soi-même sans aucune aide.

Je m'avance dans l'amphithéâtre et vais m'asseoir au premier rang qui est déjà presque complet. Par chance je suis arrivée à temps. Je ne tiens pas à me retrouver au fond, j'ai envie de suivre les cours correctement. Mes parents ne paient pas mes études dans le vide.

SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant