13. Paroles alcoolisées

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Andrew

Nous marchons seuls dans la rue illuminée par les lampadaires et les guirlandes accrochés sur les toitures des maison. Elle marche derrière moi. Le silence est total, pesant mais elle finit par le briser.

- T'as pas des cigarettes par hasard ?

- Tu fumes toi ?

- J'en ai vraiment besoin là, souffle-t'elle le visage plongé dans son écharpe pour se protéger du froid. Ça fait plusieurs mois que j'y ai pas touché.

Je la regarde, surpris. Je ne savais pas qu'elle fumait. Je n'ai que du feu sur moi, puisque c'est le blouson de mon père que j'ai emprunté.

- Bon alors t'en as ?

- Nan.

Elle soupire, exaspérée et plonge ses mains dans le gilet que je lui ai prêté et en sors un paquet de cigarette.

- T'as du feu ?

Je lève les yeux au ciel et lui donne le briquet qui trainait dans ma poche.

Elle hoche la tête pour me remercier puis l'attrape et allume sa cigarette.

Elle la porte à sa bouche et tire une tafe puis recrache la fumée dans les airs. Je ne comprends pas ce que ça peut lui apporter.

Elle finit par la terminer et l'écraser avec son pied dans la neige. Je me retourne puis nous continuons de marcher.

J'ai les mains enfoncées dans les poches de mon long blouson, nous marchons silencieusement quand j'entends sa voix raisonner dans la rue, je m'arrête et me retourne vers elle.

Des larmes dévalent de ses joues. Ses joues sont rouges, sûrement causé par le froid. Elle est à une dizaine de mètres de moi.

- C'est quoi ton problème à la fin, hurle-t-elle.

Pourquoi elle pète un plomb comme ça tout à coup ?

- De quoi tu parles ?

- Tu me détestes non ? Pourquoi tu te comportes comme ça avec moi alors hein ?

- Arrête de gueuler déjà. Tu vas déranger les voisins.

- T'es qu'un gros connard, t'es comme lui, va crever ! Crie-t'elle entre deux sanglots.

- De qui tu parles ? Je demande dans la plus grande des incompréhensions.

- Toi aussi tu vas me faire changer et tu vas me briser le cœur ! T'es le pire des enculés, va te faire foutre toi et ta double personnalité de merde !

- Arrête de pleurer, je lui dis en la regardant.

- Je sais que je suis répugnante et dégoûtante, si tu le penses ne le dis pas, c'est blessant ! Tu es cruel Andrew. Tu as beau être cruel, blessant et méchant avec moi, tu m'intrigues et je peux m'empêcher de vouloir te découvrir. Tu es vraiment cruel Andrew, me dit-elle la voix brisée, pleine de sanglots en reculant.

Elle éclate en sanglots comme un enfant de 5 ans. Je l'ai blessé tant que ça ? J'accoure instinctivement vers elle et la sert dans mes bras, prenant son corps tremblant dans mes bras , l'enveloppant de mon étreinte.

- Je ne pensais rien de ce que j'ai dit. J'étais juste hors de moi et énervé. J'en pense tout le contraire. Malgré ton côté sombre et froid, tu fais resurgir ce côté arrogant qui est en moi et que je tente désespéramment de cacher. Tu me mets dans tout mes états. Malgré que tu sois peut-être la personne la plus détestable et sombre du monde, tu m'intrigues quand même. Je t'en pris arrête de pleurer. Je ne veux pas refaire la même connerie.

Elle s'arrête soudainement de pleurer. Je prends son visage entre mes mains et la regarde droit dans ses yeux verts émeraudes injectés de sang.

Je ne sais pas du tout ce que je suis en train de faire. Serait-ce le peu d'alcool que j'ai ingurgité qui me provoque cette adrénaline ? Je n'en sais rien mais à cet instant précis je n'y pense pas.

J'approche son visage du sien, nos souffles se mélangent. Je frôle ses lèvres mais elle s'écroule au sol, ne me laissant pas terminer le geste impulsif que j'allais faire.

Je la rattrape et malgré mes appels, elle ne répond pas. Elle s'est évanouie dans mes bras sûrement dû à toutes les émotions qui l'ont submergées ce soir.

Voilà comment a commencé cette nouvelle année en ce froid de janvier.

Il est onze heures lorsque j'ouvre les yeux. La lumière du jour éclaire ma chambre en ce 1er janvier. Je me réveille avec une légère migraine puis me souviens des événements d'hier.

Emma bourrée, dehors, hurlant et en sanglots qui me dit que je suis cruel, que je l'intrigue, qu'elle ne comprend pas mes agissements. Ce moment où je l'ai serré dans mes bras, où j'ai failli l'embrasser. Je pense tout ce que je lui ai dit hier soir. Elle m'intrigue, elle me rend arrogant. Je ne voulais plus qu'elle m'approche, me touche ou me parle pour ne pas devenir incontrôlable. Elle me rend fou. Elle m'attire involontairement, elle est spéciale. Mais je ne veux pas qu'elle le sache. J'ai failli l'embrasser bordel. Qu'est-ce qui m'a pris ?

Ce souvenir douloureux resurgit. Le bruit du crissement des pneus, sur le béton puis le gros fracas qui a marqué sa mort.

Avec Emma, j'ai ce comportement arrogant qui a coûté la vie à la fille dont j'étais tombé amoureux l'année dernière.

Je dois protéger Emma, même si je dois être méchant et blessant voire violent un bon coup pour qu'elle arrête. Elle est trop dangereuse pour moi. Si je m'attache, je la tuerai aussi.

Modifié le 26 juillet 2017.

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