Des yeux d'ambre

5. Bataille de gruyère

Ben sur mon surfeur, évidemment.

- Pardon pardon pardon, je ne t'avais pas vu, je courais pour ne pas être en retard et et...
- Pas de problème !
- Au fait, tu... Comment tu t'appelles ?
- Chris, et lui c'est Tom !

Il y a quelqu'un d'autre ? Je tourne la tête, et je vois le gros dormeur. Oh son sweat !!! Il y a un panda dessus, trop mignon, j'adore les pandas. Enfin bref, je me retourne vers Chris, m'excuse encore une fois puis je commence à reprendre le chemin de l'épicerie.

Mais je me rend compte que je ne l'ai pas remercié, je me retourne.

- Merc...

Oh mon dieu, je change de direction. Chris et Tom s'embrassaient langoureusement, je les avais vu !!!
Et pire encore, le seul mec qui pouvait être une proie potentielle dans une relation était homo, adieu mes rêves de surfer avec lui ! Pourquoi fallait-il que ce soit lui... Je suis trop bête, ça me rend triste. Je cours le plus vite possible jusqu'à l'épicerie pour effacer cette image de ma tête.

Je prends de la farine une fois arrivée, à quelques minutes de la fermeture, je paye et sors dans le parc d'en face.

Je m'assois sur une balançoire, oui je sais j'ai plus l'âge de faire ça mais je le fais si je veux ok ?! Yep, je suis une thug life [ou pas].

Je me laisse aller avec le balancement. Je suis K.O. physiquement et moralement. Physiquement parce j'ai pas arrêté de courir et moralement parce que mon surfer est in love avec Tom. Je quitte la balançoire à regret.

*CRAC*

Je tourne la tête vers les buissons, je suis sûre d'avoir entendu une branche se briser. Je scrute les buissons du regard et ne remarque rien d'anormal avant d'apercevoir deux billes de couleur ambre. Ce sont des yeux... Oh mon dieu !

Je ne réfléchis même pas, je me tape le plus long et performant sprint de ma vie, le paquet de farine sous le bras. J'arrive essoufflée (non à peine) devant ma maison. J'entre et ferme la porte à double tour avant de me plaquer contre elle !

Je croise le regard de Robin.

- Bah alors ! Ma petite sœurette, on dirait que tu as vu le grand méchant loup !
- Haha, très mais alors très drôle !, je le fusille du regard.

Je dépose la farine sur la table de la cuisine. Ma mère commençait à s'impatienter.

Puis je vais dans ma chambre. Je lance la musique et m'allonge en mode étoile de mer sur mon lit. J'ai eu la peur de ma vie, j'ai beau dire le contraire à mon frère, j'avais la trouille. Je secoue la tête et bosse un peu.

Ma mère m'appelle, j'opte pour une nuisette, et descends.

Mon frère me regarde intensément j'ai l'impression qu'il essaie de comprendre pourquoi je ne souris pas. Puis il regarde sa crêpe en signe d'abandon. Je m'apprête à prendre la mienne lorsque je reçois un truc froid dans mon decolté. En baissait la tête je vois pleins de gruyère. Je ne me pose pas de question, je prends une grosse poignée de gruyère et la jette dans la face de mon frère adoré [celui qui n'avait pas deviné que c'était Robin, je propose une collecte pour lui acheter un cerveau... Mais nan je rigole!] avant d'exploser de rire devant sa tête.

- Ah bah voilà ! Tu souris enfin !
- C'est tout ce que tu as trouvé pour me donner le sourire ? Me balancer du gruyère ? Je vais t'apprendre moi ce que c'est que d'embêter THE Lana.

Je lui saute dessus avant de faire semblant de lui balancer un droit dans le ventre. Ah oui, au fait j'ai fait de la boxe pendant un moment. Vous pouvez pas savoir ce que ça fait du bien de taper son frère.

Nos parents nous séparent avant que ça finisse en baston générale. Ben oui, ma mère aussi a fait de la boxe. Et mon père du karaté. On court vers nos chambres mais ma mère m'attrape en mode sac à patate et mon père fait la même chose avec mon frère avant de nous déposer sur le canapé, et là, ça a fini en bataille de polochon. C'est pas parce qu'on est au lycée qu'on ne doit plus s'amuser.

Dans la douche, je ferme les yeux savourant la brûlure de l'eau sur ma peau, puis me couche.

Ses yeux d'ambre, deux billes dans l'obscurité, me scrutaient me mettant à nue, il était dangereux, effrayant mais seul.

Le lendemain, je retourne dans mon distributeur d'ennuis et de nourriture plus ou moins bonne (= lycée pour ceux qui n'avaient pas comprit), à pied. A pied pour la simple et bonne raison que étant traumatisée par la scène, disons sensuelle, d'hier soir, j'avais complètement oublié mon vélo. Alors que j'aurai pu arriver plus vite à l'épicerie avec. Foutue soirée.

J'entre en classe, m'assois et puis ben je commence à m'ennuyer. Je regarde ce qui me sert de classe. Je stoppe mon regard à l'autre bout de la classe.

À ma droite, dans ce coin, il y a un homme. Il regarde le ciel, sa tête posée sur sa main, il porte un sweat noir et un bas de sport assortit à son sweat. Il y a quelque chose de spécial. Il semble dans un autre monde.

En fin de matinée, je me dirige vers le réfectoire, aujourd'hui c'est riz et bœuf. Je prends une assiette de riz avant de poser mon plateau sur une table libre.

Le garçon de tout à l'heure s'assoit en face de moi. Il lâche un bref ''désolé y'avait plus de place'' et dévore son plat...