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Chapitre 4 ~ La Petite Pièce Sombre

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Première partie : Dehors

Chapitre 4 : La petite pièce sombre

— On ne peut pas garder une inconnue sur notre canapé !

Quand j'ouvre mes yeux, j'entends des voix, des personnes qui semblent chuchoter pour rester discrets. Or, c'est raté puisque j'entends tout, même quasiment inconsciente. Je cligne plusieurs fois des paupières avant de regarder autour de moi. Je suis dans un endroit que je ne connais pas, complètement différent de l'institut. Ici, ça ne sent pas bon et je suis allongée sur un vieux canapé recouvert de poussière dans lequel des cafards ont élu domicile.

Je m'appuie sur mes coudes pour me redresser, une terrible douleur tiraille mon corps, je ne saurais dire d'où elle vient et pourquoi elle est là. J'ai la gorge sèche, l'estomac vide et des fourmis dans les mains. Je m'assois alors sur le canapé et détaille cette pièce étrange.

Face à moi se trouve une grande fenêtre, mais il est impossible de voir l'extérieur, des cartons sont scotchés sur les vitres, ce qui plonge l'endroit dans l'obscurité. Heureusement, une ampoule au plafond éclaire suffisamment pour qu'on y voit plus ou moins clair. À côté du canapé, il y a deux fauteuils de la même couleur, fleuris et vieillots, ils ne sont pas très beaux, abîmés et le tissu est brûlé à certains endroits. Ne parlons pas de la tapisserie, j'ai l'habitude des murs blancs, pas des murs tapissés avec de vieilles nappes.

— Tu devrais parler encore plus fort, Charlie, comme ça, elle nous entendra, grogna quelqu'un à la voix cassée, un garçon j'imagine.

— Elle dort, et je dis ce que je veux, qu'elle m'entende ou non, ça m'est égal. Pourquoi tu l'as ramenée ici ? On est déjà assez et on galère suffisamment comme ça !

— Charlie, calme-toi, tu veux ? intervient la voix douce d'une fille. La pauvre était toute seule, inconsciente par terre.

— Et on en parle des trois types morts dans la ruelle ? rétorque la voix du fameux Charlie.

— Elle s'en est sortie, elle, répond un garçon. On n'allait pas la laisser là, elle était glacée !

— Ouais, mais vous savez ce que ça veut dire ?

— Ils sont revenus ... ? hasarde une autre fille.

— C'est impossible !

Alors que je suis obnubilée par cette discussion, un chat feule juste à côté de moi. Je sursaute et me tourne vers lui, dressé sur la petite table basse, il me fixe de ses yeux verts et son pelage noir est hérissé, il feule à nouveau avant que je ne le chasse d'un geste de la main, il recule, fait tomber un verre sur le sol et part se réfugier dans un coin. Ce vacarme coupe net à leur conversation et je me plaque contre le dossier du canapé, je ne suis pas prête à faire de nouvelles rencontres.

La première fut désastreuse.

Pendant un instant, la maison est silencieuse, ni le chat, ni les quatre individus dans la pièce d'à côté ne font du bruit. J'ai l'impression que ma respiration est extrêmement bruyante, alors que j'imagine qu'ils ne l'entendent pas de l'autre côté du mur.

La porte grince et je vois un garçon s'avancer dans la pièce. Je le reconnais, il m'a portée puis j'ai perdu connaissance. Derrière lui se trouve une fille de petite taille, maigrichonne, accompagnée d'une autre un peu plus grande et d'un deuxième garçon au regard sombre.

Ils me regardent tous les quatre comme si j'étais une bête de foire. Finalement, je préférais les docteurs de l'institut, eux au moins, ils me regardaient comme une personne ordinaire malgré la maladie.

— C'est quoi ton nom ? me demande l'une des deux filles.

— Elle s'appelle Anna, répond le garçon qui m'a porté.

ANNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant