3. Lost Boy

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Louis ouvrit les yeux et les referma presque aussitôt, ébloui par la lumière. Il se releva en se frottant la joue tandis qu'un maux de tête lui tira une grimace. Il rouvrit enfin les yeux pour voir le soleil se levait doucement à l'horizon. Il contempla ce spectacle, encore un peu endormi. Un toussotement le fit sursauter et il se tourna vers la source du bruit. Le garçon, Harry, le regardait l'air vaguement inquiet. Il prit enfin conscience d'où il se trouvait et chercha dans ses souvenirs ce qu'il s'était passé. Son dernier souvenir remontait à la veille au soir après qu'il ait balancé le cadre contre le mur. 

«Ça va mieux ? Demanda Harry. Hier, tu es arrivé ici en larmes, tu hurlais et pleurais. Puis tu t'es endormi d'un coup... Tu ne dors pas la nuit ? »

Louis était bien trop endormi pour pouvoir réfléchir correctement. Il avait l'impression de se réveiller après une cuite. Il avait mal à la tête et ne comprenait toujours pas ce qu'il faisait là avec un inconnu. 

«Tu t'appelles comment ? Redemanda Harry. 

- Je... Comment je suis arrivé là ? Répondit Louis en ignorant la question. 

- Je te l'ai dit, tu t'es endormi d'un coup alors je t'ai installé sur mes genoux, réexpliqua le bouclé. 

- Tu... tu es resté toute la nuit ici avec moi sur tes genoux ? Dit Louis, étonné. 

- Et bien, oui. Tu ne m'as pas vraiment dérangé, je viens ici toutes les nuits, c'est mon coin à moi..., dit Harry. 

- Tu..., Louis sembla se ressaisir puisque ses traits devinrent froid. Tu aurais dû me laisser crever sur ce trottoir. Je le mérite et c'est tout ce que je souhaite.

- Tu aurais dû trouver un autre pont où venir parce qu'ici c'est mon endroit. Alors, je t'ai aidé cette nuit mais en échange, ne reviens pas, rétorqua Harry durement. 

- Je te l'ai dit, je veux mourir ici alors ce n'est pas toi qui décide, dit le mécheux en croisant les bras sur son torse.» 

Un silence s'en suivit avant que Harry ne tourne les talons en soupirant pour disparaître dans la rue. Louis reste encore quelques instants à regarder le soleil se lever avant de rentrer chez lui. Il se coucha dès qu'il rentra chez lui et resta allonger dans son lit, les yeux ouverts à fixer le plafond sans penser à rien jusqu'à ce que le soleil soit haut dans le ciel. C'était son jour de congé et Louis, comme à son habitude, n'avait pas envie de bouger. Il resta chez lui, alternant entre son canapé et son lit. Il rangea sa chambre, nettoya le verre de la veille en prenant bien garde de ne pas s'attarder sur la photo de sa famille qu'il mit, sans ménagement, dans le tiroir. Puis, il prit sa douche et finit par tourner en rond dans son appartement. Louis pouvait dire qu'aujourd'hui était une bonne journée. Il n'avait eu aucune pensée noire et il lui sembla que son monde s'était légèrement éclairci. Il se mit à apprécier son appartement et décida de faire une sortie au parc profitant d'être "joyeux". Louis était comme ça, il avait des phases. La plupart du temps, il était déprimé, seul, froid, enfermé dans sa tristesse et ne supportant pas de vivre. Et d'autres jours, il semblait apaiser, vivre ne lui paraissait plus aussi difficile, il arrivait à sortir et profiter de ce qu'il avait. Malheureusement, ces périodes là étaient souvent précédés de grosses crises, comme la veille, dont il ne se souvenait presque jamais, et duraient très peu de temps.

Il se dirigea donc vers le parc et s'assit sur un banc sous un saule pleureur face à un petit lac. C'était un beau parc, le seul de la ville qui appartenait d'ailleurs à l'université. Louis venait parfois dans ses bons jours, il s'asseyait toujours sur ce banc parce qu'il aimait bien l'endroit à l'écart du reste du parc. Il regardait autour de lui, il écoutait le vent dans les feuilles et le clapotis de l'eau. Il entendait les conversations des passants et regardait les couples, les enfants, les vieillards appréciaient cette vie qu'il voulait tant abandonner. Puis, il fermait les yeux et respirait calmement sans rien faire d'autre avant de mettre une musique au rythme lent, la plupart du temps, et de regarder les branches de l'arbre sous lequel il était assis. Ce jour-là, c'était Make It Rain chanté par Ed Sheeran, les premiers accords de guitare retentirent et Louis se laissa aller. Il ne pensait à rien écoutant simplement la douce voix du chanteur, plus de solitude, plus de souvenirs, juste la brise légère sur son visage et le morceau dans ses oreilles. Parfois, il fredonnait le refrain, ne prêtant pas attention aux regards étranges des promeneurs. Son regard se posa sur les mots gravés sur le banc : des souvenirs laissés ici et que l'on s'amuserait à retrouver dans quelques années en se disant "tu te rappelles ?", des initiales entourés d'un cœur laissés par des amoureux comme un secret, quelques insultes gravés sur le bois, et un unique mot à l'encre noire qui ramena Louis dans son monde si sombre. Mourir. Les derniers accords vinrent. Il éteignit son lecteur MP3 et se leva, les larmes aux yeux comme un retour à la réalité, avant de rentrer chez lui. S'il revenait encore une fois avant de mourir, il écrirait un mot sur ce banc pour prouver qu'il avait existé, lui aussi. 

Kill Myself || Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant