Kill Myself || Larry Stylinson

5. Pain Is

Assis sur son banc, Louis regardait les va-et-vient de l'eau à quelques mètres de lui. Deux semaines étaient passées depuis son agression. Il n'avait pas pu sortir de chez lui pendant une semaine, ses jambes ayant tendance à se dérober sous lui dès qu'il faisait plus d'un aller-retour frigo et canapé. Il avait donc pas pu retourner au pont et avait passé ses nuits assis sur son balcon, les jambes entre les barreaux et une tasse de thé entre les mains. Cela ne voulait pas dire qu'il n'avait pas vu Harry. Le deuxième jour, alors qu'il buvait tranquillement son thé, il avait reconnu la silhouette du bouclé dans sa rue. Le jeune homme s'était avancé devant la porte de son immeuble et était resté un long moment hésitant à sonner à l'interphone. Finalement, Louis avait déverrouillé l'entrée du bâtiment sans rien dire avant qu'il ne sonne, et avait ouvert sa porte avant de retourner s'asseoir sur son balcon. Quelques minutes plus tard, les boucles de Harry passaient sa porte d'entrée en la refermant au passage et le jeune homme vint se poser à côté de lui sans un mot. Les deux amis étaient restés silencieux profitant simplement d'une présence à leur côté. Louis n'avait rien dit et Harry non plus. Au petit matin, le bouclé se leva et alors seulement Louis réagit. 

«Merci, un simple mot que Harry comprit tout de suite.» 

Le jeune homme avait simplement hoché la tête et était sorti de l'appartement. Quelques minutes plus tard, il faisait un signe de main à Louis toujours sur son balcon et s'éloignait. Cette soirée-là n'avait rien de plus que les autres et pourtant elle changea quelque chose dans leur relation. Quelques jours passèrent et les réunions nocturnes devinrent un rituel. Quelques mots étaient échangés, des pensées incohérentes et sans suite, qui étaient pourtant parfaitement compréhensibles pour l'un comme pour l'autre. Aucun des deux ne cherchaient à connaître vraiment l'autre, ils en apprenaient d'avantages à chaque conversation sans pour autant poser des questions. Certaines fois, le silence régnait entre eux, d'autres ils chuchotaient sans interruption. Certaines fois, la conversation était lourde et chargée de sentiments négatifs, d'autres, ils parlaient d'un ton léger et riaient même. C'était comme ça entre eux : un coup oui et un coup non. Il n'y avait pas de peut-être, pas d'entre deux. Leur monde était soit tout blanc soit tout noir. 

Louis interrompit ses pensées pour regarder curieusement un canard s'approcher de sa chaussure. Il fit un mouvement brusque effrayant l'animal qui repartit rapidement d'où il venait. Il laissa son regard vagabonder parmi les promeneurs s'arrêtant quelque fois pour en détailler certains comme cette fille à l'air stressé qui passa devant son banc en regardant de tous les côtés ou encore cet homme qui courrait après un chien tentant, en vain, de rattraper le jouet d'un gosse qui pleurait à quelques mètres en regardant la scène. Il y avait aussi ce jeune homme qui étudiait assis dans l'herbe, des écouteurs dans les oreilles et une main dans ses cheveux bouclés étrangement familiers... Ses cheveux bouclés ?! Louis détailla un peu plus le jeune homme et reconnut sans mal la silhouette de Harry. Il se releva d'un coup et se dirigea d'un pas déterminé vers le garçon. Le bouclé avait mystérieusement disparu depuis trois jours n'étant pas venu au rendez-vous habituel sur leur pont et si Louis ne s'en était pas soucié les deux premiers jours, il devait avouer que sa présence commençait à lui manquer. Il se stoppa juste devant le jeune homme qui releva la tête en ne sentant plus le soleil sur sa peau. Il écarquilla les yeux et faillit s'étouffer en découvrant Louis, l'air contrarié. 

« Hum... Salut ? Sourit-il timidement.» 

Le mécheux ne répondit pas mais grommela faiblement avant de se laisser tomber à côté de l'étudiant. Un silence se fit et Harry se replongea dans ses cours, peinant à se concentrer en sentant le regard de Louis sur lui. 

« Pourquoi t'es pas venu ces derniers jours ? Demanda-t-il au bout d'un moment.» 

Louis sentit le regard de Harry sur lui mais l'ignora, attendant simplement une réponse.