II- L'énergie débordante

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Etant très motivée pour cette nouvelle année, j'ai eu l'idée, -ou plutôt sur les encouragements de ma mère- de m'inscrire à un club d'aviron. Trois heures le mercredi c'était le deal.

Cela me plaisait énormément, bien que très fatigant. Le problème n'était pas la pratique de ce sport, ni le fait de devoir mettre les yolettes à l'eau puis de les ressortir et de les ranger avec les avirons dans le local. Non, le fait est que pour y aller, je devais rester manger seule à mon lycée tous les mercredis midi, et attendre deux heures avant de traverser la moitié de la ville à l'aide de ma trottinette. Et encore ça c'était rien. Pour rentrer chez moi, je devais compter sur la mère d'une amie de l'aviron qui me laissait au rond-point de son village, à vingt kilomètres de chez moi. Puis enfin, compter sur ma mère, pour venir me chercher ici. Bien sûr celle-ci arrivait avec un retard minimum de trente minutes à une heure. J'étais ravie. Surtout avec le froid et la pluie en supplément.

Je me souviens de ma première compétition. L'élan d'énergie de tous les participants de mon club pour y aller était top, il fallait y être pour huit heures. Déballer les yolettes et le matériel ce fut une toute autre histoire. On a été le club plus long de la journée à tout installer. Faut dire que ça met du temps de remettre toutes les vis des yolettes.

Une fois prêts, on fut lancé l'après-midi dans la course. Malheureusement, on était les petits-nouveaux du club donc on a eu le plaisir d'être mélangés avec les nouveaux des autres clubs. Bon autant vous décevoir tout de suite, on a presque fini dernier. On n'était carrément pas en rythme. Après le coup de l'effort, j'ai pleuré. Je n'avais jamais ressenti une douleur à l'effort aussi intense. Le coach m'est même pas venu nous parler après la course.

Suite à cet échec, je me suis motivée. J'ai dit au coach que j'essayerai de venir aux heures d'entrainements le weekend sur ses conseils, car pour lui venir trois heures n'était pas suffisant pour rester inscrit au groupe de compétition. Mais finalement je ne l'ai jamais fait. Le peu de considération du coach, et l'effort pour y venir et repartir ont eu raison de moi.

Il y a eu un jour de trop sur ce rond-point dans le froid et la nuit tombée à attendre la voiture de ma mère. Il y a eu des larmes versées de trop sur ce chemin menant tout droit à la dépense d'énergie. Je n'en avais plus, et ni l'envie.

Cela a duré jusqu'à janvier grand max, avant que je cesse d'y venir. Au début c'était pour de réelles excuses : malade, ou journée occupée par les "Projets technologiques", ou encore parce que mon amie ne venait pas. Finalement comme moi, elle finit par ne plus y venir.

Je pris cela comme une bouffée d'air frais. J'étais libre.

Mon année de TerminaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant